Dis-moi où tu habites, je te dirai quel Monsieur Madame tu es…
Une étude OpinionWay révèle les stéréotypes régionaux à travers les célèbres personnages de notre enfance. Extra.
Les Parisiens et les Normands sont plutôt grognons. Les Rochelais et les Tourangeaux sont plus tranquilles. Les Bretons sont, on s’en serait douté, davantage têtus et les Corses se disent, plus étonnement, bavards.
Monsieur Madame, vous connaissez ! Mais si, vous savez ces petits bouquins pour enfants que les marmots adorent collectionner. Avec plus de 100 personnages, ces livres se sont déjà écoulés à plus de 250 millions d’exemplaires et sont, aujourd’hui encore, la série pour enfants la plus vendue en France.
Le britannique Roger Hargreaves a publié son tout premier ouvrage en 1971. Monsieur Chatouille a été suivi par une ribambelle d’autres « Mr. » and « Little Miss » (l’histoire ne dit pas pourquoi ces dames étaient « petites » : autre temps…). A la mort de Roger Hargreaves, son fils Adam a suivi ses traces en imaginant bien d’autres personnages. Si certains d’entre vous se compareraient volontiers à Monsieur Malin, Monsieur Formidable, Monsieur Courageux voire même -osons-le- à Monsieur Parfait, d’autres s’estiment davantage ressembler à Monsieur Etourdi, Monsieur Bavard ou Monsieur Maladroit.
La marque Monsieur Madame a été reprise en 2011 par Sanrio. Ce groupe familial japonais a été fondé en 1960 par Shintaro Tsuji qui a crée une multitude de produits dérivés dont ceux de son personnage emblématique : Hello Kitty. Après 60 ans aux commandes de son entreprise, l’entrepreneur nonagénaire a accepté en 2020 de passer la main à son petit-fils Tomokuni Tsuji. Ce rachat a permis à Monsieur Madame de prendre une nouvelle ampleur.
L’étude commandée à OpinionWay montre toutefois que nos personnages emblématiques dépendent beaucoup de nos lieux de résidence. Lorsqu’on nous demande d’associer notre région à un personnage de la collection de livres pour enfants, nos réponses divergent beaucoup.
Si Monsieur Grognon est le nom qui revient le plus souvent (20%) dans tout le pays mais plus particulièrement en Île-de-France (28%), en Auvergne–Rhône-Alpes (23%) mais aussi dans les Pays de la Loire (22%), en Normandie (21%), dans le Grand Est (19%) et dans les Hauts-de-France (18%), Monsieur Tranquille domine quant à lui dans la région Centre (26%), en Nouvelle-Aquitaine (22%), en Occitanie (21%) et en Bourgogne–Franche-Comté (18%).
Quelques régions se distinguent par des personnages féminins. En Bretagne, c’est Madame Têtue qui arrive en tête (19 %) tandis qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse, Madame Bavarde est la figure la plus représentative (19 %).
Les perceptions varient également selon l’âge. Monsieur Tranquille est plus souvent choisi par les plus de 50 ans (20% entre 50 et 64 ans, et 21% parmi les 65 ans et plus). Les urbains, en particulier les Franciliens, se retrouvent davantage dans Monsieur Grognon (2 % contre 20% au global) mais aussi dans Madame Boulot, citée par 13% d’entre eux, alors que cette dernière n’est mentionnée que par 7% de l’ensemble des Français.
À l’inverse, les habitants des zones rurales s’identifient un peu plus à Monsieur Tranquille (21%, contre 17% au global et seulement 13% en Île-de-France).
Interrogés sur les qualificatifs qui décrivent le mieux les habitants de leur région, les Français citent en premier lieu cinq caractéristiques largement partagées : « râleur » (27%), « travailleur » (23%), « chaleureux » (18%), « festif » (18%) et « serviable » (17%). Ces tendances nationales masquent toutefois des nuances importantes selon les territoires.
Le caractère « travailleur » domine ainsi dans de nombreuses zones, notamment le Grand Est (37%), la Bretagne (35%), les Pays de la Loire (29%), l’Auvergne–Rhône-Alpes (26%) et la Bourgogne–Franche-Comté (25%). À l’inverse, le qualificatif « râleur » s’impose surtout en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse (36%), en Normandie (28%) ou encore dans le Centre (27%).
Certaines régions affichent également des traits plus singuliers : les Occitans se définissent comme particulièrement « festifs » (40%), les Franciliens se décrivent avant tout comme « stressés » (31%), tandis que les habitants des Hauts-de-France se considèrent majoritairement comme « chaleureux » (33%).
En Nouvelle-Aquitaine, la dimension « gourmande » est plus fréquemment mentionnée (28%), illustrant une relation assumée à la gastronomie locale.
L’âge modifie également la perception de ces traits. Les plus jeunes (18–24 ans) se voient ainsi plus « fiers » (20%) et plus « souriants » (22%) que la moyenne nationale et s’estiment davantage « ambitieux » (12% contre 6 % pour l’ensemble des Français). Les plus âgés privilégient les qualificatifs « serviable » (21%) et « indépendant » (21%), tout en insistant davantage sur un caractère « raisonnable » (17% contre 11% en population générale).
Les modes de vie influencent, eux aussi, notre perception : les ruraux se disent davantage « travailleurs » (32% contre 23% en moyenne) et « serviables » (25% contre 17%), tandis que les Franciliens se reconnaissent moins « chaleureux » (8% contre 18%) et moins « festifs » (9% contre 18%) que les autres Français, tout en se décrivant plus souvent comme « stressés » (30% contre 15%) et « arrogants » (19% contre 1 %).
Lorsqu’il ne s’agit plus de décrire les habitants de leur région mais l’ensemble des Français, un très large consensus se dégage. Près de la moitié des répondants (49%) désignent en effetMonsieur Grognon comme le personnage qui représente le mieux nos compatriotes.
Ce choix traverse l’ensemble des catégories sociodémographiques : il varie peu selon l’âge, le sexe, le type de territoire ou la région d’origine.
Même les Franciliens, pourtant plus divisés, sont 41% à reconnaître Monsieur Grognon comme personnage emblématique, tandis que cette proportion atteint 55% dans le Centre ou en Auvergne–Rhône-Alpes. Si on demandait aux provinciaux de décrire les Parisiens, ce chiffre serait probablement encore nettement plus élevé.
Et vous, vous voyez comment ? Dites-le-nous en commentaire…