INfluencia : Concrètement que va-t-il se passer pour DDB Paris ?
Paul Ducré : A 14h John D. Wren CEO d’Omnicom a envoyé une note à l’interne mais aussi à l’externe concernant les décisions prises suite à l’acquisition d’IPG par Omnicom. Omnicom a décidé de se concentrer sur trois marques que sont TBWA, BBDO et McCann.
Ce qui veut dire par voie de conséquence que c’est la fin de la marque DDB dans le monde. Une grosse annonce, pour l’ensemble du métier, pour nous qui suscite bien entendu beaucoup d’émotions, mais aussi un grand soulagement et une nouvelle page qui va s’écrire, et qui pour nous est aussi fondamentale.
Ce qui veut dire par voie de conséquence que c’est la fin de la marque DDB dans le monde.
Alexander Kalchev : ces dernières semaines, nous avons vécu au gré des émotions, des doutes, des questionnements, le métier a beaucoup commenté ce qui pourrait arriver, -sur les réseaux-, et de vive voix, certains se sont émus de la disparition éventuelle du nom DDB, évidemment, ce n’est pas rien.
Malgré tout, la décision prise en haut lieu de ne pas fusionner DDB Paris avec une autre agence est salvateur, et prouve s’il en était besoin, que l’agence est saine, marche bien depuis des années. Donc objectivement, nous avons le sourire… Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays où DDB était présente, notamment aux US.
La marque s’arrête dans le monde y compris en France au moment ou nous avons reçu le titre d’agence de l’année, ce n’est pas si mal…
IN. : Quel est le sort de DDB dans les autres pays justement ?
P.D. : Alors DDB dans le monde va fusionner principalement avec TBWA, dans quelques pays avec BBDO et dans un ou deux pays avec McCann.
IN. : Reparlons du cas français. Vous avez l’assurance de la part de John. D. Rwen que seul votre nom change ?
A.K. : Oui. Exactement. Je sais que la marque DDB est extraordinaire, que Bill Bernbach est toujours présent dans nos esprits… Après je réfléchis plus au présent. Aujourd’hui, ce qui compte, ce qui nous anime, le plus important à nos yeux c’est qu’évidemment le collectif, 350 salariés, -des locaux qui restent rue La Condamine-. Pour nous à Paris, rien ne change, sauf le nom.
Parce que je le répète, l’agence va bien. On ne le dit peut-être pas assez, mais une agence, en l’occurrence, la notre est constituée de femmes, d’hommes, dont la culture est le bien le plus précieux, et l’avenir plus encore.
Notre équipe, notre modèle et notre ambition créative restent inchangés. Et si nous avançons sous un nouveau nom, nous restons profondément attachés à ce que DDB nous a transmis : une culture créative forte, audacieuse et humaine — celle qui continuera de guider BBDO Paris.
IN. : Votre bilan 2025 a joué dans cette décision…
P.D. : Nous avons fait une belle année 2025, une année de croissance, ce qui n’est malheureusement pas le cas de beaucoup d’agences dans notre industrie. Côté, newbusiness aussi avec des gains tels que Picard, entre autres. L’agence se porte bien depuis plusieurs années.
On ne le dit peut-être pas assez, mais une agence, en l’occurrence, la notre est constituée de femmes, d’hommes, dont la culture est le bien le plus précieux, et l’avenir plus encore.
IN. : Le landerneau publicitaire a commenté, s’est appesanti de la probable disparition de DDB… Que répondez-vous ?
P.D. : Les émotions sont là, l’attachement historique à cette marque et au fondateur Bill Bernach, grand visionnaire de notre métier, reste entier. Mais comme le dit très justement Alex, préserver le collectif, et la dynamique, la qualité de l’agence est primordial pour nous.
On ne le dit peut-être pas assez, mais une agence, en l’occurrence, la notre est constituée de femmes, d’hommes, dont la culture est le bien le plus précieux, et l’avenir plus encore.
Nous ne sommes pas amnésiques. Nous sommes une entreprise animée par des valeurs, une exigence créative, le respect de l’humain. Cela ne changera pas. Nous allons faire vivre, exister sous un autre nom, forcément, cela va nous apporter des choses, et forcément une nouvelle histoire s’écrit.
IN. : Vous avez sans doute prévenu vos clients. Que disent-ils de cette nouvelle ?
A.K. : Les clients sont très pragmatiques, et c’est assez logique, au-delà du nom, ils veulent savoir que les talents qui travaillent sur leurs budgets, vont continuer à être présents, ce qui est le cas.
IN. : Quid de Romance, petite sœur de « DDB » ?
A.K. : Rien ne change pour Romance, qui est une agence Omnicom et continue sa route toujours aussi brillamment.
Nous, notre obsession, nos valeurs, ne changent pas. Nous, ce que l’on veut faire, c’est se concentrer sur le travail, construire des marques, faire la belle création.
IN. : Vous êtes CEO depuis seulement deux ans… Cela fait beaucoup de mouvement…
A.K. et P.D. : Cela bouge toujours dans les agences, nous ne nous posons pas la question. Nous devons être en capacité de nous adapter, c’est aussi notre métier ,et d’entraîner tout un collectif derrière nous.
Nous allons écrire cette nouvelle histoire, et pour le clin d’œil : la marque s’arrête dans le monde y compris en France au moment ou nous avons reçu le titre d’agence de l’année, ce n’est pas si mal…