30 septembre 2025

Temps de lecture : 2 min

« J’ai constaté que les jeunes avaient souvent un regard prétentieux à l’encontre de leurs collègues de plus de 50 ans », les pros de la com’ fustigent le jeunisme du secteur

Malgré leur expérience, les plus de 50 ans peinent à retrouver un emploi dans la communication. Pourtant, ils maîtrisent les outils d'aujourd’hui, IA comprise.
SOCIETE

Nous n’avons pas tous des Rolex et nous n’avons pas raté notre vie pour autant. Par contre, nous aimerions bien garder notre boulot car nous avons encore des cartouches dans notre besace. Nous sommes également bien moins déconnectés et ringards que certains juniors veulent bien le penser.

Les plus de 50 ans ont du mal à rester en poste ou à retrouver leur place après une rupture de carrière dans les métiers de la communication et du marketing. Ces secteurs sont atteints d’un certain jeunisme structurel.

L’âge moyen des salariés dans la com’ plafonne à 34 ans, selon un rapport de l’Afdas publié en 2022.  Près des trois-quarts (74%) des cinquantenaires et plus se sentent discriminés lorsqu’ils recherchent un emploi, si l’en en croît une enquête de Teepy Job et Retraite.com.

Marine Liboz (Off-Works)

Notre pays est un bien mauvais élève en la matière. Le taux d’activité des 55-64 ans en France était inférieur de 5,8 points à celui de l’Union européenne à 27 pays, d’après une étude de la Direction de l’Animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée en 2021.

Ces chiffres ne sont pas rassurants car en 2035, la moitié de la population européenne aura plus de 45 ans, selon le Club Landoy. Et 85% des métiers qui existeront en 2030 sont encore inconnus à ce jour, estimait Pôle Emploi en 2022.

Pour promouvoir l’inclusion durable des « seniors » dans le monde professionnel, le Club Landoy et L’Oréal ont lancé en 2022 le premier Acte d’engagement inter-entreprises sur la place des plus de 50 ans en entreprise en France. 

A ce jour, plus de 365 sociétés ont rejoint ce collectif, baptisé Charte 50+. Les 32 premiers signataires en mars 2022 étaient principalement des grands groupes dont BNP Paribas, Orange, Kering, Michelin, Renault, Siemens, Pernod Ricard ou Sodexo.

Le tournant des réseaux sociaux : un recrutement privilégié des « digital native »

Ils ont été rejoints au fil des mois par une pléiade d’autres structures et en juin dernier par 55 start-up. Off-Works a récemment adhéré à ce mouvement qui est aussi porté par la French Tech Grand Paris. La fondatrice de cet hub d’experts indépendants en communication, Marine Liboz, connaît bien ce sujet.

« Je suis moi-même une cinquantenaire et j’ai constaté que les jeunes avaient souvent un regard prétentieux à l’encontre de leurs collègues de plus de 50 ans, remarque-t-elle. 

Marine Liboz précise : « J’ai constaté un réel point d’inflexion avec l’arrivée des réseaux sociaux et tout particulièrement de TikTok et Snapchat. Les entreprises ont pensé qu’elles avaient besoin de recruter des jeunes en raison de leurs connaissances des outils digitaux. Les cinquantenaires ont donc eu de plus en plus de mal à trouver un nouvel emploi. » 

En signant la Charte 50+, cette entrepreneuse souhaite combattre des idées fausses. 

« Un quart des 950 indépendants avec lesquels nous travaillons ont dépassé la cinquantaine, calcule Marine Liboz. Beaucoup, et particulièrement les directeurs artistiques et les graphistes, se forment sans cesse aux nouvelles technologies car ils veulent être au fait des dernières innovations par peur que leur job soit supprimé. C’est vrai notamment aujourd’hui avec l’essor de l’intelligence artificielle. Les 25-35 ans ont souvent adopté l’IA après les 50 ans et plus. » A méditer…

Le jeunisme dans nos impressions n’est également pas un phénomène nouveau. « Il a toujours été là, nous relate Sarah Hachemi qui a travaillé pour de nombreuses agences dont Hopscotch, Zmirov, La Nouvelle Agence et be Rp !.

Au fil du temps, on a parfois l’impression d’être vieux mais à d’autres moments, on a le sentiment d’avoir notre place car nous avons une vision plus pointue et experte et que les plus jeunes. » 

Agathe Lélu ne dit rien d’autre. « Je n’ai pas l’impression que le jeunisme soit plus important aujourd’hui, explique l’ancienne directrice de la communication pour la France et l’Europe du sud de Roland Berger qui est aujourd’hui à son compte. Je ne pense pas l’âge soit un réel frein. » 

De nombreux chômeurs de plus de 50 ans ne partageraient probablement pas le même point de vue.

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