1. Relever le défi de la taille critique et des nouvelles alliances
Le paysage audiovisuel 2024 a été très dynamique, pour ne pas dire chahuté. L’année dernière a vu le lancement de nouvelles plateformes de streaming des broadcasters (BVOD) avec notamment l’arrivée de TF1+ et M6+, ou encore la refonte d’offres existantes comme france.tv, RMC BFM Play ou de l’application Canal+.
Sur le linéaire, le paysage de la TNT s’est recomposé après la disparition fin février 2025 de deux chaînes TNT, C8 et NRJ 12, la constitution d’un bloc info et l’arrivée de T18 (CMI France) le 6 juin et Novo19 (Ouest-France) le 1er septembre. Ces deux nouvelles chaînes ont rejoint l’inventaire commercialisé par TF1 Pub tandis que le M6 Unlimited va prendre en régie NRJ Hits, seule chaîne qui reste désormais au groupe NRJ.
Plusieurs acteurs français ont renforcé leur empreinte sur le marché national ou à l’international. Parmi eux, CMA CGM qui a finalisé en septembre 2025 le rachat de Brut. et de Chérie 25, rebaptisée RMC Life le 1er octobre, permettant à sa régie RMC BFM Ads de rééquilibrer son inventaire vers un public plus féminin.
Le Groupe TF1 verra quant à lui ses audiences se massifier à l’international avec la poursuite du développement de TF1+, qui sera disponible en 2026 dans 22 pays d’Afrique. Avec le rachat du groupe de télé payante sud-africain Multichoice, finalisé le 22 septembre 2025, le groupe Canal+ se renforce aussi sur ce continent. Il est désormais présent dans 70 pays avec 40 millions d’abonnés.
Les stratégies d’agrégation et d’hyper-distribution se sont renforcées à travers des alliances inédites nouées courant 2025 avec les grandes plateformes américaines. A partir de juillet 2026, TF1+, TF1 et l’ensemble des chaînes du groupe TF1 seront accessibles sur la plateforme de Netflix pour l’ensemble de ses abonnés, avec ou sans pub.
L’offre de france.tv, qui est devenu un hub pour les offres de l’audiovisuel public, sera de son côté accessible aux abonnés Prime Video. Ces partenariats stratégiques marquent une nouvelle forme d’association avec les plateformes. En 2024, Canal+ Brand Solutions avait déjà été choisie par Warner Bros. pour commercialiser la plateforme Max qu’il lançait en France et qui est depuis devenue HBO Max.
Ce changement d’univers a d’ailleurs convaincu M6 Publicité de changer d’identité le 19 septembre 2025 et de se rebaptiser M6 Unlimited pour incarner la volonté du Groupe M6 de « repousser les limites traditionnelles de la publicité ».
2. Monétiser l’usage massif des plateformes de streaming des diffuseurs
Les CGV 2026 actent aussi le fait que les plateformes BVOD sont désormais pleinement intégrées dans les usages des Français et des marques, qui peuvent adresser des cibles plus précises, cibler sur la télévision connectée les petits consommateurs télé ou s’affranchir dans cet univers digital de certaines contraintes propres au linéaire, notamment pour la distribution.
En janvier-août 2025, le streaming des broadcasters a touché 84 % des individus de 4 ans et plus selon Médiamétrie, , 97 % des 25-49 ans et 98 % des 15-24 ans. Le streaming BVOD représentait 6 % de la durée d’écoute individuelle du Total vidéo, à 57 minutes par jour, et 30 % des investissements publicitaires du streaming.
Ces plateformes enchaînent les records : 45,1 millions de visiteurs uniques en août 2025 sur france.tv (+4 millions sur un an), 42,5 millions sur TF1+ (+5 millions) ou encore 28,8 millions d’utilisateurs uniques sur M6+ (+66 % sur un an). Sur janvier-août, 736 millions d’heures ont été consommées sur TF1+, 551 millions sur France.tv, 362 millions sur M6+ et 250 millions sur myCanal.
Les univers FAST et AVOD sont aussi en progression. Le renforcement de Free sur l’AVOD, avec le lancement de plus de 25 nouvelles chaînes digitales ciné-séries, bénéficiera à Canal+ Brand Solutions, qui commercialise l’offre OQEE Ciné du FAI.
3. Miser sur l’écran de télé, écrin du linéaire et de la publicité digitale
Bien que très focalisés sur le développement de leurs offres digitales, les groupes audiovisuels et leurs régies continuent de miser sur leur inventaire linéaire, dont la référence de tarification est passée en 2025 du 30 secondes au 20 secondes. Sans grand fracas… Cette évolution qui visait à se rapprocher des usages des marques (la moyenne des spots était de 21 secondes) et à rapprocher les références du linéaire et du digital, a aussi permis à certains écrans de gagner un ou deux spots sans brider les ambitions des marques qui veulent continuer à s’exprimer en 30 secondes ou plus.
Le renforcement du linéaire intègre aussi les multiples initiatives éditoriales issues de la recomposition du paysage TNT et de l’important mercato qu’il a connu à l’été 2025. Le groupe M6 a par exemple renforcé l’access de W9 grâce à l’arrivée début septembre 2025 de Cyril Hanouna en access avec Tout beau, tout n9uf. Canal+ qui a boosté le prime de CStar. Début octobre 2025, CMA Media repositionne Chérie 25 en RMC Life.
En 2026, le linéaire sera aussi porté par de grands événements sportifs propice à une consommation en live sur le téléviseur du salon : les Jeux Olympiques d’hiver de Milan-Cortina en début d’année, le Tournoi des Six Nations et le Tour de France l’été sur France Télévisions, mais aussi la Coupe du monde 2026 de la Fifa (11 juin-18 juillet), pour la première fois diffusée en exclusivité sur le groupe M6.
Grâce à la démocratisation des téléviseurs connectés, qui équipent 89 % des foyers français, les régies s’ouvrent également au marché de la publicité digitale diffusée sur l’écran premium du téléviseur.
4. Faciliter l’accès à l’inventaire en s’appuyant sur l’IA
En écho à la plateformisation des usages, les régies n’ont eu de cesse ces dernières années de simplifier l’accès à leurs offres et de permettre l’achat en self-service. 2026 n’y fera pas exception.
Dans le cadre de son plan de transformation à trois ans (2025-2027), TF1Pub va déployer une nouvelle plateforme transactionnelle et servicielle TF1 Ad Manager « conçue dans les standards des pureplayers » et intégrant l’IA, qui sera à partir de janvier 2026 le portail unique pour accéder à tous les environnements achats et services de la régie.
France Télévisions Publicité a lancé depuis le 22 septembre 2025 une nouvelle plateforme ADspace•ia, où l’intelligence artificielle permet de « simplifier l’accès à la publicité vidéo, de la télévision linéaire à la CTV ». A horizon 2027, les plateformes ADspace et ADspace•ia auront vocation à ne faire plus qu’une seule et même plateforme.
Au deuxième semestre 2026, M6 Unlimited lancera aussi une nouvelle plateforme d’achat Ad Manager avec des fonctionnalités plus fluides pour les PME et TPE, boostées à l’IA et permettant notamment de créer des campagnes grâce au partenariat avec Waymark, spécialisé dans la création automatisée de contenus vidéo publicitaires.
Canal+ a pour sa part réduit le nombre de « points de contrôle » dans ses relations avec les annonceurs et propose un support unique pour les factures de tout son inventaire et développe de nouvelles fonctionnalités ont été développées dans son application BtoB Canal+ Partner. La plateforme RMC BFM Ads, lancée il y a deux ans, permet de préparer une campagne sur la longue traine.
5. Promouvoir une publicité plus accessible
Malgré les encouragements, voire la prise en charge des frais techniques, proposés ces dernières années par la plupart des régies, encore trop peu de publicités sont accessibles aux 12 millions de Français qui souffrent d’un trouble de l’audition et aux 1,7 million qui vivent avec une déficience visuelle.
En 2024, seules 11 % des publicités TV étaient sous-titrées et 2,3 % audio-décrites, comme l’ont rappelé l’ARPP et l’Union des marques en janvier 2025. Encore trop de Français manquent d’information sur les produits, tandis que les marques ratent une exposition auprès d’une part non négligeable de la population, avec un impact certain sur les intentions d’achat…
Pour laisser le temps aux marques de s’organiser, TF1 Pub a déjà annoncé en cette rentrée 2025 une évolution de son cahier des charges à venir à partir de 2027. A cette date, les campagnes diffusées sur les chaînes qu’elle commercialise devront être majoritairement accompagnées de sous-titrages et d’audiodescription. Ces conditions seront applicables aux nouveaux spots TV et aux annonceurs déjà actifs en télé, des exceptions étant réservées à des raisons « créatives ou techniques ».
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