Magnum, le géant des glaces, s’émancipe d’Unilever dans un contexte compliqué où le sucre est sur la sellette
Unilever se sépare de sa division glaces pour concentrer son portefeuille sur les produits à forte marge. Avec un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros et une part de marché mondiale de 21 %, The Magnum Ice Cream Company entend séduire investisseurs et consommateurs tout en rationalisant ses chaînes d’approvisionnement.
Unilever tourne une page de son histoire. Le groupe anglo-néerlandais de grande consommation finalise la séparation de son activité glaces, avec en tête d’affiche la marque Magnum, pour donner naissance à une entité autonome : The Magnum Ice Cream Company (TMICC).
Attendue pour la mi-novembre 2025, l’opération se traduira par une cotation en Bourse à Amsterdam, Londres et New York, marquant l’une des restructurations les plus importantes du secteur.
Une scission stratégique pour Unilever
Depuis le 1er juillet dernier, TMICC fonctionne déjà comme entité indépendante, basée à Amsterdam.
Après sont entrée sur les marchés financiers, Unilever conservera moins de 20% du capital de son ancienne division pendant une période maximale de cinq ans, le temps de couvrir les coûts de séparation et de préserver sa flexibilité financière. Au-delà, le groupe cédera progressivement ses parts.
Cette décision s’inscrit dans une volonté de recentrage stratégique. Confronté à une rentabilité plus faible dans la glace que dans ses divisions soins personnels ou beauté, Unilever cherche à simplifier sa structure et à améliorer ses marges.
La branche « Ice Cream », bien que performante en volume, souffrait d’une croissance plus saisonnière et de coûts logistiques élevés liés à la chaîne du froid.
Un géant de la glace qui pèse près de 8 milliards € de CA
Mais que les investisseurs se rassurent : TMICC n’arrive pas les mains vides. Avec 7,9 milliards d’euros de revenus en 2024 et 1,2 milliard d’euros d’Ebitda ajusté, la nouvelle entité revendique une part de marché de 21% au niveau mondial, dans un secteur estimé à 88 milliards de dollars.
Quatre des cinq plus grandes marques de glaces mondiales (Magnum, Ben & Jerry’s, Carte d’Or et Cornetto) figurent dans son portefeuille.
Peter ter Kulve, vétéran d’Unilever, devrait prendre la direction de TMICC. La société table sur une croissance organique annuelle de 3% à 5% à partir de 2026, soutenue par l’innovation, une meilleure efficacité de la supply chain et un plan d’économies de 500 millions d’euros à moyen terme.
Ses campagnes publicitaires devraient, quant à elles, restées aussi « punchy » que dans le passé.
Jerry Greenfield de Ben & Jerry’s claque la porte
Mais cette réorganisation ne fait pas l’unanimité. Les fondateurs de Ben & Jerry’s, Ben Cohen et Jerry Greenfield, ont adressé une lettre ouverte aux futurs investisseurs pour demander une sortie anticipée de leur marque du giron de TMICC.
Ils plaident pour la création d’une entité indépendante, Free Ben & Jerry’s, financée par des investisseurs « partageant leurs valeurs ». Le 17 septembre, Jerry Greenfield a été encore plus loin en démissionnant de l’entreprise qu’il a co-lancée il y a près de 50 ans.
Dans un message publié sur X par son ami et partenaire de toujours, Ben Cohen, il a expliqué qu’il ne pouvait plus « en toute conscience » continuer à travailler pour une entreprise qui avait été « réduite au silence » par Unilever, malgré un accord de fusion qui prévoyait de préserver la mission sociale de la marque. Ambiance…
Le marché des produits sucrés de plus en plus compliqué
La glace reste un marché résilient et porteur, mais soumis à de fortes pressions. Aux États-Unis, les produits riches en sucre sont de plus en plus scrutés dans le cadre des politiques de santé publique.
Par ailleurs, la flambée des prix du cacao et la complexité logistique des surgelés accentuent les défis. TMICC devra prouver sa capacité à combiner croissance et discipline financière.
Une introduction en Bourse qui pourrait faire des émules
En parallèle, l’entreprise entend renforcer son lien avec les consommateurs. Ces dernières années, Magnum a multiplié les campagnes de communication innovantes, comme celle jouant sur la météo pour inciter les clients à « trouver leur propre été », même en plein hiver. Avec sa notoriété mondiale et son positionnement premium, la marque reste un atout stratégique.
Pour Fernando Fernandez, directeur général d’Unilever, cette scission représente un test stratégique. Elle doit démontrer que le recentrage du portefeuille permet d’améliorer la rentabilité et la lisibilité du groupe, tout en donnant à TMICC l’agilité nécessaire pour accélérer sur son marché.
Le groupe a récemment annoncé le rachat du propriétaire de Peet’s Coffee pour 18 milliards de dollars mais quand cet accord se entériné, il se scindera ensuite en deux. Une entreprise vendra uniquement du café et l’autre des boissons fraîches comme Snapple, Dr Pepper et 7UP.