8 juillet 2025

Temps de lecture : 3 min

La SNCF s’apprête à passer au satellite pour enfin tenir sa promesse de Wi‑Fi à bord

La SNCF a lancé début juillet 2025 une consultation pour préparer un appel d’offres avant la fin de l’année, en vue d’équiper ses TGV d’un accès internet hybride combinant réseau mobile et connexion satellite en orbite basse. Le but est d’offrir un service haut débit plus stable, notamment dans les tunnels et zones peu desservies.

Alors que le Wi‑Fi embarqué est proposé depuis 2016 sur les lignes TGV, la qualité du service reste très variable selon les trajets. Le dispositif repose actuellement sur un enchaînement de connexions 4G et 5G captées tout au long du parcours, relayées à bord par des routeurs et antennes installés sur les toits des rames. Si cette architecture permet une connexion basique dans les zones bien couvertes, elle montre ses limites dans les tunnels, en zones rurales ou sur des portions de lignes non desservies par les opérateurs.

Pour les usagers, l’expérience reste donc souvent insatisfaisante : coupures fréquentes, débits aléatoires, impossibilité de travailler ou de suivre une visioconférence. Une situation déjà pointée par plusieurs associations de consommateurs, qui soulignent l’écart croissant entre les besoins des voyageurs et la réalité du service offert. Face à ces critiques, la SNCF a annoncé vouloir franchir un cap technologique.

Starlink et Eutelsat en compétition

La première étape concrète vient justement d’être posée. En ce mois de juillet 2025, la SNCF a officiellement engagé une phase de consultation en vue de lancer, avant la fin de l’année, un appel d’offres pour le déploiement d’une nouvelle solution internet embarquée, selon des informations relayées par le média La Lettre. Cette fois, l’entreprise envisage de combiner la couverture mobile terrestre avec une connectivité satellitaire en orbite basse, permettant d’assurer une continuité de service sur l’ensemble du réseau.

Ce projet marque une inflexion dans la stratégie numérique de la SNCF. Il s’agit moins d’améliorer à la marge l’existant que de poser les bases d’une nouvelle infrastructure. L’objectif est clair : offrir un accès internet haut débit, stable, accessible même dans les zones historiquement déconnectées. Le déploiement est envisagé dès 2026. Deux fournisseurs sont en lice pour répondre aux besoins de la SNCF. Le premier, Starlink, filiale du groupe américain SpaceX, s’appuie sur une constellation de plus de 7 000 satellites en orbite basse, déployés depuis 2019. La solution est déjà utilisée dans certains avions commerciaux et sur des lignes ferroviaires en expérimentation. Face à lui, l’européen Eutelsat mise sur le réseau OneWeb, qu’il contrôle depuis 2023. Moins dense mais en croissance rapide, cette constellation est soutenue par plusieurs États membres, dont la France, et entend valoriser une solution européenne à la fois technique et souveraine.

Des expériences similaires ailleurs en Europe

La France n’est pas un cas isolé. En Écosse, l’opérateur ferroviaire ScotRail a mené au printemps 2025 une phase de test avec Starlink sur plusieurs lignes régionales, avec des retours globalement positifs. En Italie, Ferrovie dello Stato a testé deux solutions, dont Starlink, durant deux semaines en juin, sur un train Milan–Rome. Ces projets pilotes visent eux aussi à garantir une couverture régulière sur l’ensemble du trajet, sans rupture de signal. Des expérimentations qui, bien que limitées dans le temps, confortent l’idée que l’internet satellitaire est aujourd’hui suffisamment mûr pour être intégré à grande échelle dans les transports publics.

Elles servent également de point de comparaison pour la SNCF, qui entend s’inspirer des cas européens pour ajuster son cahier des charges. Le recours à une technologie satellitaire soulève plusieurs défis. D’abord sur le plan technique : maintenir une connexion stable à plus de 300 km/h, au sein d’un train blindé, suppose un système d’antennes robustes et une gestion intelligente des flux entre satellite et 4G. Ensuite, sur le plan économique : le coût d’installation, de maintenance et d’abonnement devra être compatible avec les exigences de service public.

Enfin, une dimension stratégique pèse sur la décision. La question de la souveraineté numérique revient régulièrement dans les débats publics. Alors que l’État français a annoncé en juin 2025 vouloir renforcer sa participation au capital d’Eutelsat, le choix d’un fournisseur européen pourrait être perçu comme un acte politique autant que technologique. Pour la SNCF, ce chantier s’annonce comme un tournant : améliorer concrètement l’expérience de ses millions de voyageurs tout en s’inscrivant dans une vision plus large de l’indépendance technologique française.

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