26 juin 2025

Temps de lecture : 6 min

« L’idée est d’offrir aux dirigeants une expérience transformatrice, où les arts et la culture deviennent des leviers puissants », Solenne Blanc (Beaux Arts & Cie)

Beaux Arts & Cie lance “Les Odyssées ”, un réseau culturel pour permettre aux décideurs de mieux appréhender la complexité du monde à travers la pensée, les arts et la culture. La communauté sera animée autour d'un grand événement le 16 juillet prochain au Hangar Y et des rendez-vous mensuels. Rencontre avec Solenne Blanc, Directrice générale du groupe Beaux Arts & Cie.

Solenne Blanc, Directrice générale du groupe Beaux Arts & Cie

@François Roelants

INfluencia : Vous inaugurez Les Odyssées avec un premier événement le 16 juillet prochain au Hangar Y (Meudon). Pouvez-vous nous parler de ce projet et revenir sur sa genèse ?

Solenne Blanc : Les Odyssées est un réseau culturel dédié au monde de l’entreprise. L’idée est d’offrir aux dirigeants une expérience transformatrice, où les arts et la culture deviennent des leviers puissants pour repenser leur rapport au monde, renforcer créativité et intelligence émotionnelle, et imaginer des réponses audacieuses aux défis de l’entreprise. Cette idée a germé à l’automne dernier lors de discussions avec Frédéric Jousset (président-fondateur d’Art Explora), Anne-Laure Béatrix (directrice de Beaux Arts Institute) et Jean-Michel Crovesi (directeur du Hangar Y). Son origine est également liée au programme baptisé Les Capucins que nous avons développé pour le groupe L’Oréal il y a trois ans. Ce programme livre des sujets d’inspiration aux leaders du groupe. Pendant une semaine, on les embarque à la rencontre de philosophes, de géopoliticiens, d’artistes… À chaque rendez-vous, il y a une ouverture sur des nouvelles clés de compréhension du monde qui nous entoure qu’il s’agisse du dialogue des cultures, du rapport au vivant, à la prospective ou aux nouvelles intelligences… Ce sont des sujets qui ne font pas partie de leur quotidien, parfois même très éloignés de celui-ci, mais qui les nourrissent profondément — à la fois en tant que personnes et dans la manière dont ils envisagent le monde et les décisions qu’ils pourront prendre à l’avenir. Les Odyssées condensent cet esprit sur une journée, suivie de rendez-vous mensuels.

IN. : Le nom Les Odyssées fait-il référence à la notion de voyages incarnée notamment à travers le bateau-musée ArtExplorer d’Art Explora qui va de port en port pour « rendre l’art accessible et désirable » ? 

S.B : C’est une odyssée culturelle, artistique, intellectuelle avec une notion de voyage, nous allons emmener les gens à la rencontre du monde des idées. Il y a la curiosité, l’esprit critique, un contenu qui nourrit et transforme chaque personne à la fin de l’odyssée.

IN. : On pense aux Napoléons dont Beaux Arts a repris les actifs l’an dernier. Reprenez-vous des éléments de ce modèle ?

S.B : Quand les Napoléons ont disparu, il nous est apparu qu’il manquait un réseau de rencontres avec des personnalités inspirantes. Nous nous sommes inspirés de ce modèle en l’adaptant à l’identité du groupe Beaux Arts en renforçant la dimension artistique et culturelle. C’était comme donner une deuxième jeunesse aux Napoléons. Nous avons imaginé un concept de communauté qui associe le monde de l’entreprise et le monde de la création.

IN. : Ce réseau s’adresse aux dirigeants d’entreprise, est-il question de profils en particulier ?

S.B : Non, nous avons pensé ce projet des Odyssées afin qu’il soit accessible à tout type d’entreprise, quelle que soit leur taille et effectivement pas réservé à une élite dirigeante. Nous souhaitons qu’il s’adresse à tous les gens qui font le futur de l’entreprise, les talents, la jeune génération montante, les futurs dirigeants de l’entreprise, les hauts potentiels. Par ailleurs, nous avons souhaité faire un programme interentreprise pour permettre l’accès aussi à des PME, des ETI et des entrepreneurs au-delà des grands groupes. Nous nous adressons à des audiences plus larges que celles des Napoléons qui étaient essentiellement issus de la communication.

IN. : Que ce soient les dirigeants, les talents, la jeune génération… beaucoup ont déjà personnellement un attrait pour la science, les arts ou la géopolitique, certains découvrent également des personnalités inspirantes lors d’événements corporate… En quoi votre projet se distingue-t-il ?

S.B : Contrairement aux formats classiques de conférences, l’idée des Odyssées est de créer des rencontres avec des personnalités inspirantes, des gens qui apportent des regards différents de ceux que nous entendons habituellement dans l’entreprise et peuvent parfois bousculer des certitudes ou des idées reçues… Nous avons envie de créer un dialogue au-delà de l’expérience culturelle ou artistique en tant que telle. Il s’agit de puiser dans le monde des idées et de la pensée, d’apporter un espace de réflexion que l’on n’a pas toujours, notamment en entreprise, faute de temps pour faire ce pas de côté. Chaque rencontre se déroulera en deux temps. Dans un premier temps, l’intervenant présentera un certain nombre d’idées pour faire réfléchir et faire réagir les dirigeants. Le deuxième temps sera celui de l’échange qui permet à l’intervenant de se dévoiler. C’est dans ce moment du dialogue que sort toute la richesse de la réflexion. C’est un pari de dire aux entreprises vous pouvez inspirer vos leaders, vos talents par l’art, la culture, le monde des idées, la géopolitique. Force est de constater qu’ils sont preneurs et que notre proposition répond à une soif de se nourrir d’autres points de vue et de regards. Par ailleurs, nous répondons au besoin d’avoir des clefs pour mieux comprendre un monde complexe de plus en plus difficile à lire et cette notion de prendre le temps de la réflexion à un moment où nous sommes dans une accélération du temps.

IN. : Comment allez-vous animer la communauté des Odyssées ?

S.B : Autour d’un grand événement annuel au Hangar Y autour des intervenants et de performances artistiques qui rassemblera environ 250 personnes et des rendez-vous mensuels de septembre à juin, dans un format plus court, à Paris. Ces rendez-vous se feront autour d’un intervenant ou des coulisses d’un lieu culturel. Chaque année, nous pourrons aussi proposer une rencontre en dehors de Paris, dans une ville par exemple où fera escale le bateau de la Fondation Art Explora. 

IN. : Le modèle économique repose-t-il sur un ticket d’entrée pour assister à un événement comme pour les Napoléons ?

S.B : Nous sommes sur une adhésion annuelle. Le coût est de 3000 euros comprenant la journée du 16 juillet et les dix rendez-vous de l’année. Les entreprises qui prennent plus de dix abonnements bénéficient d’un prix de 2000€ par participant. La somme récoltée couvrira l’intégralité de la production de la journée du 16 juillet et de la programmation annuelle.

IN. : À moins d’un mois de l’événement de lancement, combien comptez-vous de membres ?

S.B : L’engouement est réel. Nous atteignons presque les 200 adhérents, sachant que nous ne voulons pas aller au-delà de 220 personnes sur cette première édition. Et pour les prochaines saisons, nous souhaitons rester dans une dimension raisonnable.

IN. : Quels sont les premiers thèmes de ces rencontres ? 

S.B : Nous avons trois thématiques qui vont servir de fil rouge sur la journée du 16 juillet : le dialogue des cultures et géopolitique, l’humanité et le rapport au vivant et enfin un thème autour de la créativité à l’ère de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce qui fait le geste créateur ? Qu’est-ce qui fait aussi le génie créatif de l’être humain dans un contexte où l’IA monte en puissance.

IN. : Avez-vous développé un outil spécifique pour que les membres de la communauté puissent poursuivre ce dialogue culturel au-delà des rencontres et pourquoi pas initier des relations professionnelles ou « business » ?  

S.B : La relation professionnelle des Odyssées n’est pas l’intention première, sans pour autant exclure qu’elle peut naître au sein de la communauté. Nous privilégions la rencontre humaine in vivo, plutôt que via des outils digitaux, qui peuvent créer des passerelles entre gens d’univers différents.

IN. : Qu’en est-il des contenus ? Vont-ils rester confidentiels le temps de chaque rencontre ?

S.B : Il n’y aura pas de captation. D’ailleurs, nous limiterons le plus possible les écrans et les casques, tous les outils qui peuvent perturber cette interaction directe et humaine. Ces interactions n’ont pas vocation à dépasser le cercle de la communauté, afin de garantir la spontanéité, l’authenticité et la liberté des échanges.

IN. : Beaux Arts Institute est une agence de création de contenus et d’événements artistiques et culturels. Que représente l’activité événementielle dans le groupe Beaux Arts & Cie ?

S.B : Elle représente environ 20% de l’activité globale. Beaux Arts Institute est une activité en fort développement. Nous croyons au lien entre culture et entreprise qui nourrit la responsabilité sociétale, culturelle et environnementale des entreprises. Un concept que nous défendons avec Frédéric Jousset et qui s’inscrit dans notre ADN de défrichage et de transmission de la culture. La logique de développement du groupe Beaux Arts & Cie s’appuie sur la diversification d’activités à travers l’événementiel, la médiation, le conseil en ingénierie culturelle. Et tout cela en complément du média qui continue également à croître. Selon les derniers résultats de l’Étude One Next publiée en avril dernier, Beaux Arts Magazine compte une audience combinée de 1 372 000 lecteurs, incluant le format print et web. Depuis 2020, la croissance de la diffusion est constante, elle s’élève à + 13%. Ces résultats confirment sa place de premier mensuel culturel français. L’ensemble de ces activités constitue ainsi un écosystème complémentaire et vertueux.

En savoir plus

Partenaires des Odyssées :

• L’Oréal et Henner : partenaires principaux du programme.

• Medef Paris et BPIfrance avec la French Touch associés à la démarche.

Le grand événement des Odyssées le 16 juillet prochain au Hangar Y (Meudon)

Il réunira des dirigeants d’entreprises et hauts potentiels autour de personnalités influentes dans leurs domaines (sciences, arts, institutions culturelles, littérature, musique…), parmi lesquelles :

  • Delphine Horvilleur, écrivaine, rabbin
  • Gaël Faye, auteur-compositeur, écrivain
  • Etienne Klein, physicien, philosophe
  • Alain Passard, chef cuisinier
  • Blanca Li, chorégraphe, danseuse, réalisatrice
  • Dominique Moïsi, géopolitologue, essayiste
  • Pablo Reinoso, artiste, sculpteur
  • Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste
  • Justine Emard, artiste, plasticienne
  • Raphaël Enthoven, philosophe, essayiste
  • Subodh Gupta, artiste, plasticien
  • Frank Madlener, directeur général de l’IRCAM-Centre Pompidou
  • Nathalie Bondil, directrice du musée de l’Institut du Monde Arabe
  • Yoann Bourgeois, artiste, acrobate, chorégraphe
  • Elisha Karmitz, producteur, directeur général de MK2
  • José Lévy, artiste, designer, créateur de mode
  • SMITH, artiste, photographe
  • Raphaël Frydman, réalisateur
  • Guillaume Aubry, artiste, chercheur, architecte

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