INfluencia : Votre coup de cœur ?
Line Gasparini : Nous sommes amoureux de la Grèce et nous y rendons chaque été pour nos vacances. Cependant, mon véritable coup de cœur de ces trois dernières années est Hydra, une île située dans le golfe Saronique, au sud d’Athènes, en mer Égée. C’est un véritable paradis, sans voitures. Tout se fait à pied ou en bateau. L’île est protégée par le ministère de la Culture et possède une histoire très riche. Elle a sauvé la Grèce des Ottomans grâce à sa flotte très importante. En réalité, c’est plus qu’un coup de cœur, c’est une véritable passion, ce qui n’est pas du tout dans mes habitudes. Mais je trouve que c’est un endroit magique, où le temps s’arrête, et c’est rare.
Le jeu du mouchoir s’amplifie avec les réseaux sociaux, avec des challenges qui peuvent inciter les enfants à des strangulations
IN. : Et votre coup de colère ?
L.G. : J’ai récemment entendu un reportage sur la matinale de France Inter au sujet du « jeu du foulard », une pratique dangereuse consistant à s’asphyxier par strangulation, et qui malheureusement refait surface. Ce sujet nous touche particulièrement car nos meilleurs amis ont perdu leur enfant il y a une vingtaine d’années à cause de ce jeu. Ils ont voulu donner un sens à cette tragédie en rejoignant une association et en intervenant fréquemment à la télévision.
En effet, le « jeu du foulard » est extrêmement dangereux, mais ce danger est encore trop méconnu. En tant que parents, nous mettons en garde nos enfants contre divers risques : « Ne traverse pas la route sans regarder, ne parle pas aux inconnus… », mais nous oublions souvent de les prévenir contre ce type de pratique.
Ce qui me frappe, c’est que tout ce qu’ils ont vécu à l’époque se répète encore aujourd’hui. Il est inadmissible qu’après vingt ans, nous n’ayons pas progressé sur ce sujet et que des dizaines de vies continuent d’être perdues chaque année, alors que ces décès pourraient être évités avec une meilleure prévention.
C’est un mélange de colère et de tristesse. De plus, le phénomène s’amplifie avec les réseaux sociaux, où des challenges peuvent inciter les enfants à se livrer à ces strangulations. Il est crucial de sensibiliser les parents, les enfants, les enseignants et même les forces de l’ordre, qui confondent souvent ces accidents avec des suicides et ne savent pas comment les classifier. Une véritable pédagogie est nécessaire pour lutter contre ce fléau.
J’ai vécu au quotidien, chaque année pendant deux mois, ce qu’était un état totalitaire.
IN. : L’évènement ou la personne qui vous a le plus marquée dans votre vie ?
L.G. : C’est un pays : la Pologne. Ma mère y est née et j’y ai passé chaque été jusqu’à mes dix-huit ans pour rendre visite à ma grand-mère. Je ne suis pas particulièrement attachée à ce pays et je ne parle pas la langue. Cependant, j’ai vécu au quotidien pendant deux mois chaque année ce que signifiait vivre sous un état totalitaire, avec le manque d’informations et de liberté d’expression.
Nous nous y rendions en voiture, un voyage qui durait trois jours, sans portable, sans GPS, sans carte bleue. J’ai en moi des souvenirs très profonds des passages de frontières, des miradors, des chiens, des fouilles et de l’examen du passeport de ma mère, une ancienne Polonaise devenue française. Ces contrôles pouvaient durer des heures. Une fois dans le pays, nous étions constamment suivis par un couple de policiers qui dormait dans leur voiture.
Cette expérience m’a profondément marquée et continue de me marquer aujourd’hui. Elle m’a fait prendre conscience de la fragilité de la liberté et de la démocratie, de l’importance de voter. Et du fait que tout peut basculer du jour au lendemain. Cette prise de conscience a grandement influencé ma vision de la vie et même ma carrière. C’est pourquoi j’ai travaillé dans des groupes média d’information comme L’Obs, Le Monde ou la presse quotidienne régionale. Je considère que l’information est essentielle pour éviter de retomber dans de telles situations.
Nous ne tirons pas suffisamment de leçons de l’histoire. Avec tout ce qui se passe en Crimée ou en Ukraine, je suis très inquiète.
IN. : Votre rêve d’enfant ou si c’était à refaire
L.G. : J’aurais adoré faire l’expérience de vivre dans un pays étranger et être expat’, surtout aux Etats-Unis. J’ai fait mes études à Miami pendant près de deux ans et je regrette de ne jamais avoir travaillé outre-Atlantique. L’opportunité ne s’est pas présentée. J’étais souvent dans des groupes français, ce qui a rendu cette possibilité encore plus rare.
IN. : Votre plus grande réussite ? (pas professionnelle)
L.G. : Ma plus grande réussite est d’avoir acquis mon indépendance et, contrairement à ma mère qui ne travaillait pas, d’avoir toujours travaillé. C’est quelque chose qui compte énormément pour moi au quotidien.
Si je peux me permettre de me moquer un peu de moi-même, je dirais que je suis fondamentalement peu curieuse et peu passionnée. J’adore voir des expositions parce que cela m’ouvre l’esprit, mais je sais que dès que je rentre dans un musée, je baille et j’en ai honte. C’est horrible. Ma réussite récente, c’est d’avoir vu l’exposition David Hockney, à la Fondation Louis Vuitton sans bailler, d’avoir adoré du début à la fin et d’en être sortie enthousiasmée car j’ai trouvé cela hyper optimiste. Je me suis dit que c’était une véritable bouffée d’oxygène.
Dès que je prends mon ordinateur à la maison, tout se coupe.
IN. : Votre plus grand échec ? (idem)
L.G. : Comme je vous le confiais à la question précédente, je ne suis pas particulièrement curieuse. Je me dis si je l’étais et si j’étais plus intéressée par plein de choses en dehors du boulot, ça serait quand même sympa. Ça serait probablement peut-être mieux mais je ne saurai jamais.
J’ai aussi un problème avec le numérique et tout ce qui est connecté. Dès que je prends mon ordinateur à la maison, tout se coupe. Je suis incapable de recharger ma voiture…. C’est un vrai échec. En tout cas, mon mari et mes proches me le font vivre comme tel (rires).
Je dois dormir douze heures par nuit, donc je ne suis pas hyper rigolote le week-end.
IN. : Un malentendu vous concernant
L.G. : On pense que j’ai une énergie folle, ce qui est vrai professionnellement car j’adore ce que je fais, mais en réalité je suis un vrai bonnet de nuit (rires).
Je pense que je mets toute mon énergie dans mon travail, auquel je consacre beaucoup d’enthousiasme et de temps passé avec les autres. Mais en dehors de cela, le week-end, je me repose. Surtout, je dois dormir douze heures par nuit, donc je ne suis pas hyper rigolote le week-end. Je ne fais jamais la fête. En fait, je crois que j’aurais adoré être un oiseau de nuit, mais ce n’est pas le cas.
Il y a un deuxième gros malentendu à mon égard, peut-être dû à mes différentes fonctions et à l’énergie que je mets dans mon boulot. On pourrait penser que je suis Parisienne. Mais pas du tout. Je sais que c’est une ville magnifique, la plus belle au monde, mais je n’y suis pas particulièrement attachée. Et dès que je pourrai, je quitterai Paris. Il y a ceux qui sont de somewhere et ceux qui sont de anywhere. Et en fait, moi, je pense que je fais partie de la catégorie des anywhere, ce qui facilite pas mal la vie.
Je n’ai connu aucun d’obstacle en tant que femme.
IN. : Des obstacles sur votre route ?
L.G. : À part dormir autant et être aussi peu curieuse (rires), la réalité – et je suis très sincère – est que je n’ai jamais eu beaucoup d’obstacles parce que je les ai toujours contournés. En tout cas, je ne les ai pas perçus comme tels. J’essaie d’avoir un certain détachement vis-à-vis des choses de la vie.
Et même si ce n’est pas politiquement correct de le dire, je n’ai connu aucun obstacle en tant que femme. Il y a beaucoup de femmes dans mon métier. Beaucoup ont été mes patronnes et j’ai appris énormément de choses grâce à elles
IN : Qui emmèneriez-vous sur une île déserte ?
L.G. : Je prendrais un chien parce que je pense qu’il serait tellement heureux d’être sur cette île déserte et ne se poserait pas de questions. Il serait un super compagnon.
* L’Hôtel Littéraire Le Swann, situé au cœur du quartier historiquement proustien de la plaine Monceau et de Saint- Augustin, présente une collection d’œuvres originales sur l’écrivain ainsi que des pièces de haute couture, des photographies, des tableaux, des sculptures. Notre interviewé(e) pose à côté d’une sculpture de Pascale Loisel représentant bien sûr l’auteur d’ « À la recherche du temps perdu ».
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L’actualité
– La septième édition de l’étude « Françaises, Français, etc. » a été publiée en février et révèle “un regard incertain sur le monde” au travers de thématiques aussi variées que le « unquiet working », « l’imparfait du futur », les « crises de foi » des citoyens, mais aussi les « raisons d’être (et) manières d’agir ».
– Lancé en janvier 2023 à l’initiative de la presse régionale et de 366, le magazine Diverto s’est imposé comme leader sur son marché. Avec 5 millions de lecteurs et 3,1 millions d’exemplaires par semaine (ACPM One Next Global 2024 S2 / ACPM OJD DSH 2023-2024 – Diffusion France payée), il est le 1er magazine de France.
– 366 se classe 1ère régie en audience par jour sur le marché avec 10,4 millions de VU quotidiens !
C’est ce que rapporte la dernière étude Médiamétrie Internet Global de décembre 2024 sur le classement des régies principales.
– La feuille de route stratégie « Fast Forward », vise à intensifier la croissance de 366 et repose sur plusieurs piliers : la massification des inventaires (avec entre autres l’intégration de 20 Minutes fin 2024) , qui atteignent et des accès simplifiés ; la production de contenus avec le lancement de Lumière en mars 2025 ; le lancement à la rentrée 2025 d’une plateforme technologique indépendante permettant un accès optimisé aux inventaires des éditeurs de 366, digital puis print, sans intermédiation des plateformes américaines.
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