11 juin 2025

Temps de lecture : 5 min

Pierre Louette : « Pour la première fois, les Etats-Unis auront une présence institutionnelle à VivaTech »

Vivatech, le rendez-vous mondial de l'innovation en Europe, ouvre ses portes ce mercredi 11 juin 2025. L'IA au cœur de cette 9e édition mais aussi la souveraineté européenne face aux défis internationaux et à un contexte géopolitique inédit. Rencontre avec Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien co-organisateur de l'événement avec Publicis Groupe.

INfluencia : Petite question joke : pouvez-vous m’assurer que vous ne vous faites pas aider par l’IA pour répondre à cette interview ?

Pierre Louette : L’IA est une aide au quotidien, pas pour cette interview 😊

IN. : L’IA est au cœur de cette 9e édition mais aussi des tensions et des espoirs industriels. Pouvez-vous nous en dire plus sur son traitement à Vivatech ?

P.L. : L’IA est une révolution à l’échelle de l’humanité.  Elle vient disrupter de nombreux secteurs économiques (santé, mobilité, robotique…) et impacte notre société. Ce que nous disons, c’est, au-delà de tout ce qu’on peut lire ou entendre sur l’IA, venez à VivaTech. Venez vous faire votre propre avis sur l’IA. Nous avons pensé l’événement avec de nombreux espaces et contenus différents. Une AI avenue présentera des innovations d’IA applicative très concrètes émanant de startups du monde entier. Sur les espaces des partenaires de VivaTech, l’IA sera au cœur de nombreuses expériences proposées aux visiteurs. Nous veillons à mettre en avant des innovations qui touchent de manière concrète les façons de travailler, comme l’agentic AI, mis en place dans certaines entreprises pour assister le service client, mais aussi des startups comme Trusting Pixels dont le logiciel détecte les contenus retouchés des influenceurs et des créateurs, Vrai AI, qui détecte des vêtements ou médicaments contrefaits, ou encore BrainBox AI qui utilise l’IA, l’apprentissage profond, le cloud computing et des algorithmes personnalisés pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments jusqu’à 25% et leurs émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 40%.

Le Canada est très actif sur l’IA et sur certaines politiques de souveraineté politique.

IN. : Après le Japon l’année dernière, pourquoi avoir choisi le Canada comme pays invité dans ce contexte international ? Les récents chantages et attaques de la part de Donald Trump à l’égard du Canada ont-ils exercé une influence sur ce choix ?

P.L. : Nos discussions avec le Canada ont commencé l’an dernier, bien avant les élections de novembre. D’une manière générale, VivaTech constitue un lieu de discussion et de débat, où la confrontation des idées permet d’éclairer sur les grandes tendances technologiques qui font l’actualité. Le Canada est très actif sur l’IA et sur certaines politiques de souveraineté politique.

Je suis certain que cette édition 2025 sera l’occasion de comparer les approches françaises, européennes et nord-américaines.

IN. : Ce choix reflète-t-il ainsi une volonté de promouvoir une vision partagée avec la France (et plus largement l’Europe) de la souveraineté technologique ?

P.L : Le Canada est en effet un véritable chef de file mondial en matière d’IA responsable et le premier pays à avoir lancé une stratégie nationale en intelligence artificielle. Le Canada présente de nombreuses entreprises dans ce domaine dont Mila, centre de recherches reconnu pour ses contributions majeures à l’avancement d’une intelligence artificielle bénéfique à la société ; Cohere, l’une des entreprises d’IA les plus prometteuses au monde, avec ses modèles linguistiques (LLM). Je suis certain que cette édition 2025 sera l’occasion de comparer les approches françaises, européennes et nord-américaines.

IN. : Face à la domination technologique des géants américains et chinois (la Chine a multiplié par quatre sa surface d’exposition sur l’événement cette année), quelle place pour une IA européenne à VivaTech ?

P. L : Plus de 50 pays auront un stand à VivaTech cette année. Pour représenter la scène tech européenne, VivaTech accueille cette année Chypre, la Grèce, l’Espagne, l’Allemagne et la Bavière, la Belgique, l’Italie avec l’Italian Trade Agency, le Luxembourg, la Pologne, les Pays-Bas, le Portugal, l’Ukraine, la Suisse avec SwissTech, l’Estonie premier pays de la zone nord baltique à venir à VivaTech avec des startups cleantech et environnement, l’European Innovation Council. Avec tous ces acteurs, l’IA européenne sera bien représentée.

La souveraineté… Plus que jamais, c’est un défi collectif à relever.

IN. : Dans le contexte géopolitique actuel, la souveraineté européenne est donc une priorité dans cette nouvelle édition ?

P. L : Plus que jamais c’est un défi collectif à relever. Nous aurons une discussion passionnante sur le sujet ce mercredi après-midi (jour d’ouverture de Vivatech). Le Président de la République sera sur scène aux côtés d’Arthur Mensch et de Jensen Huang. L’occasion d’aborder les grandes opportunités que représente l’essor de l’intelligence artificielle pour l’Europe. Devant la nécessité d’accroitre les investissements, d’adapter l’environnement réglementaire, et de faire face à la fragmentation du marché Européen, c’est la compétitivité économique, la souveraineté technologique, et les valeurs démocratiques du 2ème plus grand marché au monde qui sont en jeux.

La nouvelle donne géopolitique a pour corollaire des risques pas toujours identifiés, et en même temps de formidables avancées technologiques qui peuvent se diffuser à l’échelle mondiale.

IN. : Quel est l’impact de la situation géopolitique sur le développement technologique pour les entreprises, start-ups, et autres acteurs de la tech ?

P. L : Nous vivons dans un monde particulièrement agité. La nouvelle donne géopolitique a pour corollaire des risques pas toujours identifiés, et en même temps de formidables avancées technologiques qui peuvent se diffuser à l’échelle mondiale. Ce que nos interlocuteurs nous disent, c’est qu’ils ont besoin d’accélérer dans leurs déploiements technologiques, de renforcer et de diversifier leurs alliances avec des partenaires. Ils ont aussi davantage besoin de se protéger contre le risque cyber, notamment, qui devient systémique.

Viva Technology lance cette année le Top 100 Rising European Startups, la liste des 100 startups montantes… ayant avec cinq années d’existence maximum et a minima cinq millions d’euros de revenus annuels récurrents (ARR) en 2024.

IN. : Face aux défis internationaux, VivaTech lance un programme d’accélération pour 100 startups européennes. De quoi s’agit-il et quels en sont les enjeux ?

P.L : Après le succès du Top 100 Next Unicorns, Viva Technology lance cette année le Top 100 Rising European Startups : la liste des 100 startups montantes dans différents secteurs d’activité ayant cinq années d’existence au maximum, dont le siège social est en Europe, avec a minima cinq millions d’euros de revenus annuels récurrents (ARR) en 2024 et un minimum de 40% de croissance annuelle sur les trois dernières années. Ces 100 startups sont invitées à VivaTech pour participer à un programme d’accélération, comprenant notamment des meetings avec des investisseurs et des corporates.

14000 startups et exposants sont présents à VivaTech… C’est une des concentrations les plus élevées au monde.

IN. : Quels sont les critères exigés pour être présent à Vivatech ? Avez-vous une idée du taux de transformation concret en business pour les exposants lors des précédentes éditions ?

P.L : 14000 startups et exposants sont présents à VivaTech avec plusieurs modalités (stand, pitch, participation à des challenges…). C’est une des concentrations les plus élevées au monde. Je peux vous dire que beaucoup reviennent à VivaTech. Les exposants viennent pour différentes raisons à VivaTech : chercher des financements, recruter, rencontrer des clients, prospects ou  journalistes …

IN. : Quels sont les secteurs qui selon vous sont les plus porteurs, au sens « engagés » du terme ?

P.L : Les startups à impact ont une place importante à VivaTech depuis les débuts de l’événement. De nombreux acteurs économiques doivent s’adapter à la nouvelle donne climatique parce qu’ils n’ont pas le choix. Les startups de la climate tech ou de l’agritech ont des choses intéressantes à proposer.
La femtech aura également son espace dédié cette année encore.

IN. : Malgré le contexte, les Etats-Unis montreraient de plus en plus d’intérêt pour Vivatech ? Quelle présence pour cette édition ?

P.L : Pour la première fois, les Etats-Unis auront une présence institutionnelle à VivaTech. La Région de Houston au Texas partagera un stand avec l’Université Rice, et la Floride sera également présente. C’est une première qui montre également la géographie en évolution de la tech aux Etats-Unis. Tout ne se fait pas qu’en Californie.

Elon Musk est une personnalité incontournable du monde de la tech. Nous sommes ravis d’accueillir Tesla à VivaTech.

IN. : Parmi les invités, Jensen Huang, fondateur de Nvidia, la Française Fidji Simo la numéro 2 d’Open AI et Joe Tsai d’Alibaba… allez-vous créer la surprise d’accueillir Elon Musk en dernière minute ?

P.L : Nous accueillons cette année plus de 400 speakers et 14000 startups seront présentes.
Je suis certain que les 165000 visiteurs attendus cette année trouveront leur lot de surprises parmi les conférences et exposants déjà annoncés.

IN. : Elon Musk a-t-il fait du mal à la « révolution tech » ?

P.L : Elon Musk est une personnalité incontournable du monde de la tech. Nous sommes ravis d’accueillir Tesla à VivaTech qui présentera de nombreuses innovations, comme le robot Optimus Gen2, le véhicule autonome Cybercab… Le stand Tesla suscite chaque année la curiosité des visiteurs.

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