Journaliste de presse écrite, ancien patron de RTL, auteur de romans à succès, cinéaste ou encore parolier de chansons: homme de communication éclectique, Philippe Labro, décédé à 88 ans, a consacré sa vie à sa passion des médias et de l’écriture.
Yeux bleus, visage carré, large sourire, personnage policé à la mise toujours soignée, il incarnait l’image d’un battant à l’américaine, même s’il a estimé avoir « été victime de son apparence de cow-boy », alors qu’il était « habité par l’inquiétude, l’angoisse, le doute et l’insatisfaction ». Parmi ses maîtres, il citait Pierre Lazareff pour le journalisme, Jean-Pierre Melville pour le cinéma ou Ernest Hemingway pour l’écriture.
Né le 27 août 1936 à Montauban (Tarn-et-Garonne), fils d’un conseiller juridique, Philippe Labro est le troisième de quatre enfants. Après son bac, il part à l’âge de 18 ans aux Etats-Unis, où il intègre une université en Virginie. Il en gardera une passion pour ce pays, qui nourrira ses écrits et ses films. De retour en France, il commence sa carrière comme reporter à Europe 1 (1957), grand reporter à Marie-France (1958-59), puis à France-Soir à partir de 1959. Il est parallèlement collaborateur du magazine télévisé « Cinq colonnes à la Une » (1960-64). Producteur sur la deuxième chaîne (1964-68), puis journaliste indépendant de 1968 à 1976, il entre alors à RTL, où il devient rédacteur en chef et présentateur du journal de 13 heures. Il est également présentateur du journal de la mi-journée d’Antenne 2 en 1981-82. Il devient ensuite patron de radio. En 1985, il est nommé directeur général des programmes de RTL, puis vice-président en 1992, vice-président directeur général d’Ediradio-RTL en 1996 et vice-président du conseil d’administration en 2000.
Il traverse une dépression au tournant des années 2000, qu’il racontera dans son livre « Tomber sept fois, se relever huit » (2003).
Une carrière prolifique d’écrivain
Après quinze ans à la tête de RTL, il quitte la station et présente sur France 3 « Ombre et lumière » et « Légende », deux émissions de portraits de personnalités. Il lance ensuite en 2005, avec Vincent Bolloré, la chaîne Direct 8, devenue C8. Il y a présenté jusqu’à la fin de l’antenne en mars 2025 « L’Essentiel », une émission culturelle. Parallèlement à son travail de journaliste, Philippe Labro a mené une carrière prolifique d’écrivain. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres. Après « Un Américain peu tranquille » (1959) et « Des Feux mal éteints » (1967), un roman autobiographique remarqué sur la guerre d’Algérie, il publie « L’Etudiant étranger » qui remporte un grand succès commercial et obtient le prix Interallié 1986. Il y raconte le choc de sa découverte de l’Amérique, mêlant fiction et souvenirs. La réussite se répètera notamment avec « Quinze ans » (1992), récit d’un garçon qui grandit dans le Paris des années 1950, puis avec « Un début à Paris » (1994) qui raconte son apprentissage de journaliste. Suivront « La Traversée » (1996), « Manuella » (1999) ou encore « Franz et Clara » (2006) et « 7.500 signes » (2010). « C’est parce que le strict exercice du journalisme ne me suffisait pas que, très tôt, je me suis aventuré sur le chemin du roman », dit-il dans « 7.500 signes », qui rassemble des articles qu’il a écrits. Il a exploré aussi d’autres formes de récit. A la fin des années 1960, il se lance dans le cinéma et réalise sept longs-métrages, inspirés par le polar à l’américaine. Parmi eux, « Tout peut arriver » (1969), « Sans mobile apparent » (1971), « L’Héritier » (1972), « La Crime » (1983) ou « Rive droite, rive gauche » (1984).
Marié à la journaliste Françoise Labro et père de quatre enfants, il a aussi été parolier de chansons, notamment pour Johnny Hallyday (« Oh ! Ma jolie Sarah », « Mon Amérique à moi »), à qui il avait rendu un vibrant hommage lors de ses obsèques.