6 juin 2025

Temps de lecture : 3 min

Nouveaux regards : « ça va ? », la campagne étudiante qui parle de santé mentale

Face au tabou persistant autour de la santé mentale, six étudiantes en communication signent une campagne récompensée, aux Prix de la communication de l'État organisé par le SIG avec INfluencia dans la catégorie “Nouveaux regards”, et centrée sur une question trop souvent vidée de son sens : “Ça va ?”

Lancé dans le cadre du prix de la communication d’État, l’appel à projet “nouveaux regards” invite des étudiants en communication à imaginer des campagnes innovantes sur des sujets d’intérêt général. L’objectif est double : renouveler les approches de la communication publique et encourager la créativité des jeunes générations. Cette année, le choix du thème s’est porté sur la santé mentale, un enjeu sociétal de plus en plus médiatisé, désigné comme grande cause nationale pour 2025 par le Premier ministre, mais encore marqué par de nombreux tabous.

Selon Santé publique France, 20 % des Français souffriront d’un trouble psychique au cours de leur vie. Pourtant, seuls 40 % des Français ayant des symptômes dépressifs cherchent réellement une aide professionnelle. Un décalage qui s’explique avant tout par un manque global de sensibilisation à ces questions et la peur du jugement.

Face à ce constat, l’agence fictive GINKCOM, créée par six étudiantes de l’Université Catholique de l’Ouest et lauréate du prix “étudiants nouveaux regards”, propose une campagne pour briser ce silence et favoriser l’échange autour de la santé mentale. Pilotée par Julie Huguet, Julie Mary, Maelle Martin, Pauline Dohollou, Ornélie Lubert et Liza Cesbron, l’opération part d’une question simple, que l’on se pose à soi et aux autres tous les jours mais qui est souvent vidée de son sens : “ça va ?”.

Engager la discussion

Pour ces “six petites battantes”, selon les mots de Magali Prodhomme, leur référente universitaire, l’idée est née d’un constat personnel : “on a toutes vécu cette situation où quelqu’un nous demande comment on va, et on répond sans forcément dire la vérité. Mais parfois, on aimerait vraiment que l’autre insiste, qu’il nous écoute. C’est de là que tout a commencé”, nous explique Maelle Martin.

En encourageant chacun(e) à redonner du poids à cette question “anodine”, GINKCOM cherche à inciter à un dialogue plus profond et bienveillant. “Notre but, ce n’est pas juste de dire aux gens que la santé mentale, c’est important. On veut qu’ils passent à l’action, qu’ils prennent le temps d’écouter vraiment ceux qui les entourent”, affirme Julie Huguet. Une manière de transformer un message institutionnel en un mouvement collectif.

Le dispositif 360° de la campagne repose sur plusieurs axes clés :
• une présence forte sur les réseaux sociaux avec des formats adaptés aux usages des jeunes : vidéos TikTok, stories Instagram interactives et témoignages en format court.
• une identité visuelle impactante et des visuels mettant en scène des conversations réelles pour favoriser l’identification.
• l’implication d’influenceurs et de personnalités publiques pour toucher une large audience et légitimer le message auprès des jeunes.
• des affiches print, notamment dans les espaces étudiants et les lieux publics.

Une campagne ancrée dans la réalité des jeunes

Le dispositif cherche à s’intégrer au mieux dans le quotidien des jeunes en s’appuyant sur des formats déjà bien établis dans leur univers numérique. “On sait que les 18-25 ans ne veulent pas d’une communication descendante qui leur dit quoi penser”, explique Ornélie Lubert. “Ce qui marche, c’est quand ils se reconnaissent dans ce qu’ils voient. C’est pour ça qu’on a mis en avant des témoignages de jeunes, avec leurs mots à eux, leurs expériences”.

La campagne donne également la parole à des personnalités publiques car, selon Pauline Dohollou : “les influenceurs et les artistes parlent le même langage que notre cible, connaissent les codes des plateformes, et surtout, ils partagent souvent leurs propres expériences, ce qui les rend crédibles et accessibles”.

Ainsi, la campagne comporte un volet intitulé “Nous aussi” visant à recueillir et diffuser des témoignages de personnalités influentes qui ont déjà évoqué publiquement leur parcours en matière de santé mentale. Parmi elles, des artistes comme Stromae, qui a bouleversé le public en interprétant son morceau L’enfer au cours d’un JT de TF1 pour aborder ses pensées suicidaires, ou encore Léna Situations, influenceuse suivie par des millions de jeunes, qui partage régulièrement son expérience avec l’anxiété et le stress sur ses plateformes. Panayotis Pascot, humoriste et écrivain, a également été mentionné pour son spectacle Presque, dans lequel il décrit son combat contre la dépression.

Le dispositif repose sur une série de capsules vidéo de 1m30 diffusées sur Instagram, TikTok et Facebook, dans lesquelles ces personnalités partagent leur vécu et insistent sur l’importance de demander de l’aide. Selon Julie Mary : “entendre quelqu’un qu’on admire dire ‘Moi aussi, j’ai vécu ça’ change totalement la perception du problème. On ne se sent plus seul, on se sent légitime à en parler et à chercher du soutien”.

En parallèle des actions digitales, la campagne prévoit aussi des ateliers d’écoute et des rencontres avec des professionnels de la santé mentale afin de créer un espace de parole et d’échange, pour aller au-delà du simple message de sensibilisation. En tout cas, le message de la campagne est bien passé : parfois, il suffit d’une question, posée avec sincérité, pour changer une conversation… et peut-être même une vie.

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