2050 : les médias entre utopie algorithmique et nostalgie éclairée
Et si le futur des médias n’était pas une révolution, mais une réinvention ? À l’heure où l’intelligence artificielle redéfinit nos usages, la question n’est plus de savoir si les médias vont changer, mais comment préserver leur rôle fondamental dans une société fragmentée. Ce sont quelques-uns des enseignements que les équipes de Publicis Media France ont eu l’occasion de dévoiler, au 1er jour de l’édition 2025 de VivaTech. Une projection qui est le résultat des expertises Publicis Connected Media combinées à la richesse du Laboratoire des classes moyennes deFreeThinking.
Meryem Amri, Directrice Media Intelligence – Publicis Media France
En 2050, les médias ne seront plus des canaux, mais des compagnons. Invisibles, omniprésents, intégrés à nos gestes, nos émotions, nos pensées. C’est ce que dessinent les imaginaires croisés d’une étude qualitative des Français de classes moyennes et de la prospective des experts de Publicis Connected Media.
L’IA y est omniprésente, non comme une menace, mais comme une évidence. Elle filtre, propose, raconte. Elle devient interface, éditrice, parfois même autrice.
L’ère des médias compagnons
Dans ce futur proche, les médias ne se consultent plus : ils nous accompagnent. Grâce à des interfaces neuronales, des lunettes connectées ou des dômes immersifs, l’information devient expérience. Le journal du matin est projeté dans l’air, les podcasts sont intégrés à nos vêtements, les récits s’adaptent à notre humeur. L’IA personnalise tout, jusqu’à l’extrême. Mais à quel prix ?
Le risque de l’ultra-personnalisation
Ce monde sur-mesure inquiète autant qu’il séduit. Car derrière la promesse d’un confort cognitif se cache le spectre de l’enfermement algorithmique. Bulles de filtres, invisibilisation des voix minoritaires, manipulation des opinions : les dangers sont connus, mais amplifiés par la puissance des technologies. La pensée critique devient un luxe, la vérité un produit.
Trois futurs en tension
Trois scénarios émergent : la continuité (poursuite de la personnalisation et du déclin des médias traditionnels), la rupture (immersion totale, disparition des supports), et la restauration (retour à un journalisme de qualité, à des rendez-vous collectifs). Aucun n’est exclusif. Tous cœxistent dans les esprits. Et tous posent la même question : que voulons-nous vraiment préserver ?
La publicité, miroir de nos désirs
Même la publicité change de nature. Elle devient service, relation, fiction. Les marques ne vendent plus des produits, mais des expériences. Elles dialoguent avec nous via des avatars empathiques, adaptent leurs messages à nos émotions. Une utopie ? Peut-être. Mais une utopie conditionnée à une exigence : la transparence, le contrôle, l’éthique.
Réinventer sans renoncer
Ce que révèle cette exploration, c’est une aspiration forte à une éthique augmentée. Les citoyens ne rejettent pas la technologie. Ils veulent qu’elle reste au service de l’humain. Ils réclament des garde-fous, une régulation, une responsabilité partagée. Ils veulent des médias qui éclairent sans manipuler, qui rassemblent sans uniformiser, qui divertissent sans abêtir.
En 2050, les médias seront ce que nous aurons décidé d’en faire. Ni totalement dystopiques, ni naïvement utopiques, ils seront le reflet de nos choix collectifs. À condition de ne pas abdiquer notre esprit critique, ni notre désir de lien. Car si les formats changent, le besoin de comprendre, de raconter et de rêver ensemble, lui, reste intact.
Nous vous donnons rendez-vous en septembre pour une exploration en profondeur de ce futur.
Meryem AMRI
Directrice Media Intelligence – Publicis Media France