INfluencia : Autant nous avons eu beaucoup d’échos sur les inquiétudes de DDB, autant Romance, elle, semblait à l’abri, (du moins pas d’échos dans les médias) mais si j’ai bien compris l’inquiétude était aussi palpable chez vous ? Expliquez-nous ?
Christophe Lichteinstein : Nous sommes restés volontairement discrets, pour être certains de faire une annonce définitive au marché le moment venu. Alexandre Hervé et moi n’étions pas inquiets, mais nous avions très peu le contrôle de la situation, compte tenu de l’ampleur de l’opération Omnicom/IPG.
Nous avancions certes avec le Groupe pour protéger Romance, mais sans pouvoir encore rassurer les collaborateurs et les clients. Oui, cet inconfort a généré de l’inquiétude dans l’agence et je le comprends.
Nous avons défendu, pour des raisons de conflits clients également, que la valeur et la réputation de Romance disparaîtraient rapidement dans BBDO.
IN. : Y avait-il eu un vrai risque de fusion quelconque pour Romance ?
Ch.L. : Omnicom a mis toutes les options sur la table. L’une d’elles aurait consisté à intégrer Romance sous la bannière BBDO France, en abandonnant la marque.
Nous avons dû faire la preuve que notre culture créative et clanique n’était pas “soluble“ dans un autre modèle. Nous avons défendu, pour des raisons de conflits clients également, que la valeur et la réputation de Romance disparaîtraient rapidement dans BBDO.
C’était donc tout ou rien. Après de longs mois de discussions, et le soutien de clients historiques également, nous avons finalement obtenu de rester Romance, de conserver notre positionnement d’indépendant et notre offre en France.
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Peu le savent mais nous sommes même concurrents et notre compte d’exploitation est séparé de celui de DDB.
IN. : On vous cite communément comme étant la petite sœur de DDB, qu’en est-il ? Remémorez-nous l’aventure, comment et avec quel deal s’est créée Romance ?
Ch.L. : C’est une erreur en réalité, nous avons toujours été une agence Omnicom. Peu le savent mais nous sommes même concurrents et notre compte d’exploitation est séparé de celui de DDB. La confusion vient souvent de notre passé commun, Alexandre et moi, chez DDB, où nous avons vécu parmi les plus belles années de nos vies professionnelles.
Demain, de la même façon, nous pourrons mobiliser le réseau BBDO sans être absorbés dans BBDO France pour autant.
Mais cela n’enlève rien aux relations que nous entretenions avec DDB. Quand nous avons fondé Romance au sein d’Omnicom il y a 10 ans, nous tenions absolument à ce que notre offre soit internationale et nous nous sommes appuyés sur le réseau DDB. Demain, de la même façon, nous pourrons mobiliser le réseau BBDO sans être absorbés dans BBDO France pour autant.
Au fond, concernant Romance, il fallait que tout change pour que rien ne change.
IN. : Quel est votre bilan 2025 ? Vos perspectives 2026, le new business et votre expertise dans l’IA dont tout le monde se revendique aujourd’hui, oubliant peut-être la force des idées ?
Ch.L. : Nous continuons de faire de la croissance de revenu et de profit, ce qui nous a évidemment servi pour conserver notre indépendance au sein d’Omnicom. L’agence reste très attractive et très consultée, nous sommes confiants pour l’avenir.
Bien sûr, notre offre digital/data/IA est en croissance, mais nous restons viscéralement attachés aux idées, aux grandes. Nous ne voulons rien d’autre qu’être une très bonne agence, la meilleure articulation possible entre le courage, l’intelligence stratégique et le talent créatif. Après tout, peut-être qu’un peu de DDB vivra encore en nous…