12 décembre 2025

Temps de lecture : 5 min

« À la poursuite du Père Noël » : James Huth nous dévoile les coulisses de son neuvième long-métrage

Sorti mercredi dans 300 salles de cinéma françaises, A la poursuite du Père Noël de James Huth nous embarque dans une folle aventure teintée de suspens. Par ici l'interview du réalisateur de Brice de Nice, 1 et 3, de Lucky Luke et du Nouveau Jouet, entre autres...

INfluencia : Vous êtes un réalisateur à part, qui allez sur des pistes aussi différentes que celles de l’ovni Brice de Nice, Serial Lover (premier long), Hellphone, Un bonheur n’arrive jamais seul ou Le nouveau jouet (avant dernier long)… Comment analysez-vous ce parcours atypique?

James Huth : C’est mon univers, je ne l’analyse pas, j’essaye déjà de le poser et de l’offrir aux spectateurs. C’est important d’être sincère avec le public, on donne à chaque film une partie intime de soi, même en comédie.

J’ai grandi sur La vie est belle de Franck Capra, j’adore Maman j’ai raté l’avion, et nous trouvions qu’en France, nous n’avions pas notre film de Noël familial.

IN. : D’où la question : c’est votre premier conte de Noël. Qu’est-ce qui vous a amené à concevoir cet exercice particulier ?

J.H. : Ça fait longtemps que j’en avais envie, le “film de Noël” appartient plus aux codes du cinéma anglo-saxon, et Sonja Shillito avec qui j’écris et fabrique mes films est plus anglaise que moi. J’ai grandi sur La vie est belle de Franck Capra, j’adore Maman j’ai raté l’avion, et nous trouvions qu’en France, nous n’avions pas notre film de Noël familial. Nous nous sommes rencontrés avec Laurent Tirard et Olivia Lagache qui nous ont proposé de réécrire leur film et de le réaliser.

Regardez les films de Chaplin. Il est essentiel de sensibiliser les enfants afin de mieux les protéger. Quoi de mieux pour cela qu’en les divertissant? 

IN. : Quels sont les ingrédients pour réussir un tel exercice qui doit embarquer les parents et les enfants ? Comment parvenir au bon dosage, car le film est un bijou, il faut le dire.

J.H. : Merci, vous avez très bon goût! (Rires) C’est comme en cuisine, il faut que la mayonnaise prenne. Mais plus encore en comédie qu’ailleurs, il est difficile de trouver l’équilibre entre le fond et la forme, entre l’émotion et le rire. Un bon conte de Noël c’est d’abord un bon méchant, comme dans les Disney. On a eu la chance d’avoir Isabelle Nanty pour jouer la patronne de la biscuiterie De Gelas, qui tient la ville sous sa coupe. C’est comme avec Meryl Streep: les plus belles personnes font les meilleures méchantes! Isabelle est merveilleusement secondée par Antoine Gouy et Sam Scournaux: une vraie dynastie de méchants!

IN. : Ce film est prenant, magique et traite à la fois d’un sujet grave, le harcèlement à l’école et le choix de cette fillette de se venger en faisant une demande bien spéciale au père-Noël : une « sarcabane » pour faire disparaître le château de son jeune bourreau…

J.H. : Une bonne comédie se construit d’autant mieux sur un fond grave. Regardez les films de Chaplin. Il est essentiel de sensibiliser les enfants afin de mieux les protéger. Quoi de mieux pour cela qu’en les divertissant? 

IN. : On s’attache immédiatement au personnage de cette fillette. Le casting a-t-il été titanesque ?

J.H. : Nous avons vu plus de deux cents fillettes pour trouver Zoé, le rôle principal du film. C’était un pari excitant et une des raisons pour moi de me lancer dans cette aventure. Il faut trouver la perle rare, sinon le film sera loupé.

Théa de Boeck s’est détachée du lot dès la petite vidéo test qu’elle avait envoyée. Quelle chance de la découvrir, elle a tout d’une très grande actrice.

Théa de Boeck s’est détachée du lot dès la petite vidéo test qu’elle avait envoyée.

La dynastie des méchants interprétés par Isabelle Nanty, Antoine Gouy, et Sam Scournaux dans le bureau de la directrice.

IN. : En termes d’inspiration, on pense à Charlie et la Chocolaterie, à Tim Burton. Vous revendiquez-vous de cette veine ?

J. H. : Merci encore. C’est vrai que j’adore les gâteaux. (Rires) On est rempli de tout ce qu’on aime, je suis un romantique et l’univers poétique de Burton me touche. Il prend ses racines dans l’expressionnisme allemand qui m’inspire beaucoup. Un artiste se nourrit de tout ce qui l’entoure, l’important est d’être en éveil, encore et toujours. Toutes ces images, sensations, émotions se fondent dans son imaginaire, puis l’inspiration pousse à construire son propre univers, unique et personnel. Tant mieux si d’autres y retrouvent des références qui les touchent aussi. 

IN. : Plus concrètement, la musique aussi a une grande part dans votre univers cinématographique ?

J.H. : Oui, j’ai eu la grand chance de travailler avec Bruno Coulais qui m’a accompagné sur la plupart de mes films. Sur Le Nouveau Jouet et sur À la poursuite du Père Noël, c’est Tom Goodwing qui compose. Il y a ici plusieurs thèmes que j’affectionne particulièrement ainsi qu’une chanson du Père Noël que les enfants adorent et qui rend fous les parents! (Rires)

Cette fois, Tom a composé une heure vingt de musique sur une heure trente de film. 

IN. : Quelle a été la particularité de ce tournage (Bruxelles, Luxembourg)?

J.H. : La complexité du film était d’avoir une fabrication splittée entre trois pays, France, Belgique et Luxembourg. Ceci dit, le film a été tourné dans ces deux pays frontaliers,  et cela a été une aventure formidable.

Avec Sonja qui a fait la direction artistique, nous y avons trouvé les décors parfaits pour donner vie à notre conte intemporel. Ce film puise dans les cultures de nos pays amis. Nous avons travaillé avec de grands talents belges et flamands comme Danny Elsen à l’image, ou Véronique Sacrez aux décors.

La belge et reconnue Véronique Sacrez signe les décors.

IN. : Lorsqu’on vous écoute, on comprend que vous travaillez sur des projets multiples dans le même temps. Comment concilier la vie réelle et celle de vos films ?

J.H. : Les deux sont liées, quel cadeau de faire un métier artistique. Chaque instant peut être source d’inspiration. Un énervé vous engueule au volant de sa voiture? Merci beaucoup, quand j’aurais un type détestable à décrire, je me souviendrai de lui! (Rires).

IN. : Vous n’êtes pas seul, vous travaillez avec votre partenaire et mère de vos enfants. Est-ce difficile et indispensable ?

J.H. : C’est une grande force : nous partageons tout et vivons au rythme de nos créations communes. D’ailleurs nous venons aussi de sortir une bande dessinée “La Double Exposition”, illustrée par Laurent Durieux, affichiste de génie. 

Sonja est même la toute première femme à écrire une aventure de Blake et Mortimer.

Nous venons aussi de sortir une bande dessinée “La Double Exposition”, illustrée par Laurent Durieux, affichiste de génie. Sonja est même la toute première femme à écrire une aventure de Blake et Mortimer.

IN. : Petit quizz pour finir : vous qui avez réalisé des pubs aussi, quels spots de Noël vous ont fait craquer cette année?

J.H. : mon préféré c’est vraiment le Apple 17 Critter Caroll même s’il est long… il est vraiment très réussi, avec ses Muppets, le message sur l’amitié est bien vu. (agence : TBWA\Media Arts Lab)

J’aime bien le film Intermarché également. Je sais qu’il fait le buzz, il correspond sans doute à une attente de la part du collectif. Et puis il est très bien crafté. (Agence Romance)

Le spot Orange n’est pas mal non plus, assez barré, la fille a l’air de faire un bad trip en fait… (agence Publicis). Mais sans hésitation je place le film Apple en tête !

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