12 novembre 2025

Temps de lecture : 2 min

Game One est morte… vive le live : comment le streaming a tué la télé du gaming

Chaîne pionnière du jeu vidéo à la télévision, Game One tirera sa révérence fin 2025. La disparition d’un média rattrapé par ses propres enfants, les streamers et les YouTubeurs, qui ont transformé le “regarder jouer” en un “vivre le jeu” permanent.

Game One naît en 1998, au moment où le jeu vidéo sort de la marge.

Ses émissions ont largement contribué à cette démocratisation, telles que Level One, Retro Game One ou TeamG1, pilotées par des journalistes emblématiques, à l’image de Marc Lacombe, surnommé « Marcus », ou de Julien Tellouck.

Mais avec l’essor de Youtube, de certains sites spécialisés (coucou JeuxVidéo.com) et du live, ce rôle de médiateur s’est peu à peu effacé. Résultat : la première chaîne de gaming en France va cesser d’émettre à partir de fin novembre 2025.

De la télé du jeu à la culture du flux

Les streamers d’aujourd’hui sont les enfants spirituels de Game One mais affranchis de toute grille de programmation. De Gotaga à Domingo, de Squeezie à Maghla, ils ont toutes et tous (re)pris ce ton connivent que la chaîne avait inventé et l’ont rendu plus interactif. Le tout dans des formats beaucoup plus improvisés.

Selon Médiamétrie, dont les données ont été référencées dans un rapport de l’Assemblée nationale, la télévision linéaire ne pèse plus que 27 % du temps vidéo des 15-24 ans quand Twitch revendique 6 à 7 millions d’utilisateurs mensuels en France. Parmi eux, près de 78 % auraient… entre 18 et 24 ans. Preuve que le lien s’est déplacé.

Un symbole de mutation médiatique

La fin de Game One dépasse la simple fermeture d’une chaîne. Elle marque la fin d’une époque où les médias faisaient le lien entre le jeu vidéo (et même la culture internet) et son public. Le passage du téléviseur à l’écran de smartphone en ait la preuve.

Bien sûr, le streaming n’explique pas tout car selon des informations publiées par le média Tech&Co, en 2024, Game One affichait encore un chiffre d’affaires de 10,6 millions d’euros pour un résultat net de 2,48 millions. Preuve que la chaîne n’était pas en crise financière.

L’annonce, révélée par BFMTV, a même surpris les animateurs historiques de la chaîne.

« Comme vous, j’ai découvert aujourd’hui l’article qui annonce la fermeture de Game One… alors même que la chaîne ne souffre pas de difficultés financières », écrivait Marcus sur X, avant de promettre à ses fans : « Game One n’est pas encore game over ! ».

C’est donc moins une faillite qu’un choix structurel : sa maison mère, Paramount Networks France, a programmé la fermeture de la chaîne dans le cadre d’une restructuration internationale liée à la fusion avec Skydance Media.

Face à la montée du streaming vidéo et à la migration des jeunes publics vers Twitch ou YouTube, Game One, marque culte mais difficile à adapter au modèle de la consommation à la carte, a simplement cessé d’être stratégique.

Un héritage incontestable

Sa disparition dit la même chose que celle de MCM, ou de marques historiques comme MTV, désormais réduites à leur présence numérique : même rentables, ces chaînes ne sont plus adaptées à un écosystème où la diffusion linéaire ne structure plus les usages.

Game One disparaît, mais son ADN circule partout : dans chaque stream, chaque vidéo, chaque chat. Le jeu, simplement, a changé de main.

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