28 février 2024

Temps de lecture : 3 min

Étude #MoiJeune saison 15 : les 18-30 ans font du sport en grande partie pour préserver leur santé mentale…

Et hop! L’étude #MoiJeune, intitulée « Avoir 18-30 ans, c’est sport » est élaborée par 20 Minutes avec le collaboration de l’institut d’études Opinion Way. Cette quinzième édition n’est pas anodine. Les nouvelles sont bonnes. Enfin, meilleures que lors du précédent cru. Les 15-30 ans que nous avions quittés perdus, anxieux, déprimés, reviennent en cette année olympique en bien meilleure forme, grâce au sport. C’est qu’il y va de leur santé mentale. Les explications de Guillaume Dietsch sociologue du sport et auteur de Les jeunes et le sport Penser la société de demain paru en janvier dernier.

INfluencia : nous voyons clairement dans cette étude que le santé mentale devient un sujet à part entière dans le rapport que les jeunes entretiennent avec le sport. Une bonne nouvelle ?

Guillaume Dietch: oui, ce qui est intéressant, est de voir que ce n’est pas tant la performance physique en elle-même qui importe au premier chef, mais bien les bénéfices du sport pour l’amélioration de sa santé mentale. Un sport plaisir, un sport qui vous remet les idées en place et vous donne une bonne énergie.

IN. : on constate également que la compétition intéresse moins les jeunes. Comment l’expliquez-vous ?

G.D. : la notion de compétition peut-être un modèle sportif… Elle l’a été pour les pères des générations précédentes, mais aujourd’hui cette frénésie de performance n’intéresse plus autant les jeunes et c’est tant mieux. Les jeunes ont compris, -cette septième position dans le classement des apports personnels de l’étude le démontre-, le plaisir que le sport procure et sa  convivialité remettant le sport à une place plus sociale, moins obsessionnelle pour la performance. La performance en tant que telle, c’est la leur, par rapport à eux mêmes. Pas celle d’une première place gagnée au sein d’une compétition. Pas celle que leur inculque un père qui veut absolument que son enfant réussisse dans tel sport et qu’il n’en change jamais au cours de son évolution, comme c’était le cas par le passé. C’est une tendance forte très intéressante qui est susceptible de donner des pistes d’évolution à l’Etat et aux fédérations sportives. L’expression aller à « la salle », revient souvent dans les commentaires des interviewés. On observe également que les jeunes essayent de nouveaux sports, s’y invitent sans forcément les poursuivre. C’est une toute autre manière de considérer la place du sport dans leur vie et il est important d’en tenir compte.

IN. : vous évoquez des manières informelles de faire du sport. De quoi s’agit-il?

Gu.D. : Le street workout, pratique sportive en plein air où les jeunes athlètes travaillent au poids du corps, mêlant la pratique de la musculation et les mouvements de gymnastique, excellente pour le moral et le développement de la masse musculaire, le sport pratiqué dans les citystades qui permettent aux jeunes (90% de garçons) de pratiquer de manière très libre et ensemble un sport.

IN. : clairement destiné aux garçons, pourquoi?

Gu.D. :  les filles soient moins présentes dans ce type d’activités. Elles ont une tendance à pratiquer seules, de manière individuelle, le sport ; et davantage aussi à domicile grâce à des tutos ou des cours. Il faut interroger cette pratique individuelle. Est-il question de sexisme de la part des garçons? De peur de la violence de la part des filles? L’image du corps est-elle un empêchement ? Est-ce un problème d’insécurité que les filles éprouvent par rapport à la pratique sportive en commun? Je pense que cela fait partie des questions à se poser.

IN. : la campagne « bouger 30 minutes par jour » n’a apparemment pas atteint tous les 18-30 ans qu’est-ce que cela vous inspire ?

Gu.D. : je vous avoue avoir été très surpris par ce résultat en 2023.  Mais Emmanuel Macron a décrété cette année Olympique 2024 comme celle du sport, une grande cause nationale, précisément autour de la promotion de l’activité physique et sportive donc principalement par rapport à un enjeu sanitaire et de lutte contre la sédentarité avec cette idée dans les différentes campagnes de communication ministérielle de mettre davantage le sport dans le quotidien de tout un chacun. Cela sera sans doute bien plus audible.

IN. : ce qui revient dans les réponses des jeunes interrogés c’est ce besoin de se défouler…

Gu.D. : effectivement, je pense qu’en dehors des problématiques d’étapes de vie, premier emploi, obtention du BAC, emplois du temps chargés, etc, il y a certainement aussi un sentiment d’anxiété face au contexte que traverse cette génération qui est née après les années 2000. La crise sanitaire, la dérèglement climatique depuis quelques années,  les conflits internationaux, proches, répétés, et longs à se dénouer… Se défouler c’est compter sur soi, surtout, développer justement un bon équilibre personnel pour pouvoir affronter le monde extérieur, ou s’en protéger.

IN. : enfin, et c’est étonnant, les jeunes n’affichent pas dans leurs CV, leurs passions pour le sport…

Gu.D. : c’est paradoxal effectivement, les jeunes n’inscrivent pas leur intérêt ou la pratique d’un sport alors que les entreprises sont désormais à l’écoute de ces profils. Ce décalage est également à reconsidérer.

La précédente étude de 20 Minutes avait décelé une génération perdue, désabusée, anxieuse…

 

Le sport pour une meilleure santé mentale arrive en force dans les réponses des 18-30 ans. Une propension à se défouler plus proche de la conscience de devoir être bien, d’avoir du plaisir, car le monde extérieur n’est guère réjouissant.

Des jeunes qui estiment avoir besoin de temps pour eux, dont le sport à 72%.

 

Si les jeunes font du sport c’est donc à 75%, une question de « mental », et à 63% de forme et de bien-être.

 

Comme un leitmotiv, la santé revient encore et toujours. À la question, quel est ton rapport au sport? 49% trouvent le juste équilibre entre intensité, plaisir et santé.

Au final, le sport est un moyen pour 72% des 18-30 ans, et non une fin en soi. De bonne augure.

En savoir plus

Guillaume DIETSCH est enseignant en STAPS, agrégé d’EPS, à l’Université Paris-Est Créteil. Jury pour les concours de recrutement des enseignants d’EPS (Agrégation et Capeps), il enseigne principalement la sociologie et l’histoire du sport et de l’EPS. Il est le coauteur du livre Une histoire politique de l’EPS. Du XIXe siècle à nos jours » publié aux Éditions de Boeck Supérieur, et aujourd’hui ce dernier publie Les jeunes et le sport Penser la société de demain.

Le sport, plus qu’une pratique, s’impose comme un marqueur de la jeunesse, une manière d’être et de penser le monde : la société de demain.

Les questions relatives à la jeunesse et au sport sont connectées aux enjeux de société. L’avenir du sport et de la société ne pourra se construire qu’avec la jeunesse.
L’organisation de grands évènements sportifs tels que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 offre l’occasion de penser l’héritage immatériel pour les générations futures. Le sport et l’activité physique peuvent être considérés comme un champ privilégié permettant de réfléchir aux mutations de la société française.
Confrontés à de nombreux défis, les jeunes ont un rôle essentiel à jouer à travers le sport pour penser une société plus égalitaire, plus coopérative, permettant l’intégration et favorisant la mixité, l’inclusion, le bien-être, également plus durable et relevant un défi éthique à l’ère de l’accélération technologique.
– Quelle place devrait occuper le sport en France pour être considéré comme un bien culturel commun ?
– Quelle(s) voie(s) – politique, écologique, économique et sociale – emprunter pour répondre aux enjeux actuels ?
– Comment permettre à la jeunesse de s’emparer de ces sujets pour participer aux transformations de la société ?
Ce livre s’adresse tout particulièrement aux étudiants en STAPS, à tous les candidats aux concours de la fonction publique (Éducation Nationale, Jeunesse et Sports, CAPEPS et Agrégation EPS), ainsi qu’aux enseignants et aux chercheurs en sociologie, en économie et en histoire du sport.

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