Le crowdfunding : le futur mécène de la culture ?
Par virgil brodziak
Apparues en 2007, les plates-formes de « crowdfunding » sont présentées par certains comme la porte de sortie d’une industrie culturelle en crise. Mais que peut-on proposer à ces internautes qui se rêvent coproducteurs ? Quelles opportunités et quels risques de ce mécénat 2.0 ? —
Projet de finition de la sagrada familia



La Cité de Carcassonne fait appel au crowdfunding pour combler l'absence de financement public. ©Paolo Ramponi


















N’y a t-il pas un risque
de niveler par le bas
la création en voulant
se rendre séduisant ?



















Près de 500 plates-formes
récolteront 4 milliards d'€
pour la seule année 2013



















Une meilleure image
auprès d’internautes
en attente de
plus de proximité
Si la Statue de la Liberté ou encore la Sagrada Familia ont vu le jour grâce à des souscriptions publiques, c’est en 2007 aux USA que naissent les plates-formes de crowdfunding telles que nous les connaissons aujourd’hui.


« À vot’ bon cœur messieurs-dames »

En mettant à disposition leur capacité logistique, leur audience et l’accompagnement à la levée de fonds, elles mobilisent les fonds nécessaires et proposent des contreparties en nature ( affiche du spectacle, rencontre avec les créateurs ) ou financières ( une part des bénéfices du projet ). Et elles se rémunèrent en prélevant de 5% à 10% du montant récolté. En France, elles s’appellent MyMajorCompany, KissKissBankBank, Ulule ou BabyLoan.

Un marché florissant si l’on en croit les chiffres : en France, 80 millions d’euros devraient être récoltés en 2013 ! Au niveau international, près de 500 plates-formes récolteront 4 milliards d’euros pour la seule année 2013. À horizon 2015, les analystes avancent le chiffre de 1000 milliards d’euros !


Le crowdfunding, béquille de l’investissement institutionnel ?

Un phénomène qui explose pour plusieurs raisons : difficulté d’accès aux financements traditionnels ( un recul de 4,2% du budget de la Culture en 2012 s’est soldé par l’abandon de nombreux projets ), crise de l’industrie culturelle, explosion des réseaux sociaux et émergence d’une nouvelle économie du partage.


La musique, pionnière en la matière

L’industrie musicale a été la première à exploiter le crowdsourcing. Car il réduit le risque inhérent à chaque signature musicale par un label ( il est plus simple de partager le risque avec 10 000 internautes ) et rassure sur les attentes du public, mais aussi pour propulser des indépendants comme l’Américaine Amanda Palmer qui a récolté 1,2 millions de dollars sur Kickstarter. Et si l’album est un flop ? Pas grave ! Les internautes auront vécu l’expérience de la sortie d’un album, soutenu et ( parfois ) rencontré leur artiste et tout cela vaut bien un petit billet. Et c’est bien là que le crowdsourcing trouve sa raison d’être : en apportant une expérience humaine. Au-delà de l’accomplissement financier d’un projet, le don gratuit aurait le mérite pour le chercheur Jean Michel Cornu de rendre plus heureux et de retisser le lien social en rendant moins solitaire son donateur comme son bénéficiaire.

Le crowdfunding culturel pose néanmoins une question : pour être « élus » par les internautes, les projets présentés doivent-ils plaire au plus grand nombre afin de satisfaire des néophytes de l’investissement ? N’y a t-il pas un risque de niveler par le bas la création en voulant se rendre séduisant ? « Au contraire » rétorquent les partisans du crowdfunding qui rappellent que les projets soutenus par l’Etat doivent répondre à des cahiers des charges très stricts et conservateurs limitant l’émergence de nouveaux talents. Une émancipation à double tranchant puisque le temps consacré à la récolte de fonds ( mener campagne, gérer les contreparties ) est autant de temps en moins pour la création artistique...

Depuis deux ans, les projets « Patrimoine » fleurissent sur les plates-formes françaises. Sur MyMajorCompany, la campagne lancée pour la restauration du Panthéon s’est clôturée à 68 000€, plus de 1200 internautes ayant répondu à l’appel. Aujourd’hui, le Mont Saint-Michel ou la Cité de Carcassonne font également appel à la contribution populaire pour combler l’absence de deniers publics. Des projets qui rapprochent les Français de leur patrimoine tout en transformant le tout un chacun en mécène.


Une opportunité de « co-construire » pour les marques

Le rôle de mécène des marques est-il compatible avec le crowdfunding ? Oui, oui et encore oui ! En amenant une « caution professionnelle » à certains projets, elles permettent de réunir plus rapidement les fonds. Leur rôle de mentor est également mis à contribution comme sur KissKissBankBank où La Banque Postale, MK2, et d’autres conseillent de jeunes créateurs et les médiatisent.

Mais les marques ont aussi tout à gagner à montrer leur compréhension de ce nouveau modèle économique. Une meilleure image auprès d’internautes en attente de plus de proximité et surtout des relations plus profondes et durables avec des consommateurs réunis autour d’un projet commun. En Australie, ING et la plateforme StartSomeGood se sont ainsi associés autour du projet DreamStarter afin de financer 10 projets d’entreprises sociales et solidaires.

Véritable système alternatif, le crowdfunding porte les espoirs de nombreux créateurs. Amorçage financier, création de communautés de fans et de porte-paroles à l’heure des réseaux sociaux, reconstruction du lien humain entre l’artiste et son public... les espérances sont légions.

Mais qui profite vraiment du système ? Car si de jeunes pousses s’y sont essayées, ce sont néanmoins Michèle Laroque, Spike Lee ou André Téchiné qui ont cette année fait la Une des « cagnottes » de crowdfunding...
Virgil brodziaK
Planneur stratégique chez Publicis Conseil, enseignant au CELSA et sérial-entrepreneur, il chasse, sans relâche, les tendances créatives et modèles économiques novateurs d’un monde qui se digitalise.
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