19 décembre 2018

Temps de lecture : 2 min

Nicolas Degennes, un regard qui « dégenre »

On en parle, on en parle, mais peu joignent le geste à la parole. Si le no gender est bien implanté dans le prêt à porter et le luxe, en revanche, les grands de la beauté sont plus frileux… Seuls dans l’immédiat, Chanel, Shiseido et Givenchy affichent fièrement leur différence. Nicolas Degennes directeur artistique au maquillage de Givenchy livre sa vision du « no gender » à INfluencia.

On en parle, on en parle, mais peu joignent le geste à la parole. Si le no gender est bien implanté dans le prêt à porter et le luxe, en revanche, les grands de la beauté sont plus frileux… Seuls dans l’immédiat, Chanel, Shiseido et Givenchy affichent fièrement leur différence. Nicolas Degennes directeur artistique au maquillage de Givenchy livre sa vision du « no gender » à INfluencia.

INfluencia : Givenchy vient de lancer quatre produits dégenrés (stylo correcteur, stylo matifiant, gel bronzant et fixateur pour sourcils), sous le nom de Mister, quelle est l’angle d’approche de la maison ?

Nicolas Degennes : on croit que le rose et le bleu pour distinguer les sexes, la maman à la cuisine, le papa, au travail, avec sa voiture, sa moto c’est derrière nous… Mais de fait, certains, bien plus qu’on ne le pense, continuent de penser ainsi. Et cela ne s’arrangera pas dans un futur proche je le crains.
Beaucoup estiment ainsi que la cosmétique est une affaire exclusivement féminine. Ma vision du no gender est très simple, c’est une notion que j’ai lancée chez Givenchy il y a cinq ans.
Ce terme exclut le sexe, le genre. Nous sommes avant tout des individus qui nous racontons une ou plusieurs histoires. La cosmétique c’est du confort, et évidemment l’envie d’être qui l’on souhaite au moment où on le souhaite. N’oublions jamais que nous vivons dans un immense théâtre…

IN. : le monde de la beauté est finalement assez frileux. Vous êtes peu à avoir tenté l’aventure …

N.D. : effectivement cela peut paraître étrange, mais en fait le monde, la France particulièrement, détestent ce qui est différent. A bien écouter, il faudrait que tout reste rangé « comme avant ». C’est un problème d’ignorance et de peur. Il suffit de regarder un bon long métrage avec Johnny Depp en Pirate des Caraïbes, ou Peter O’Toole, en Laurence d’Arabie pour savoir que le trait de khol est aussi masculin que féminin… Lire un peu d’histoire pour se remémorer qu’hommes et femmes se sont, à différentes périodes, fardés. Observer des oeuvres d’art de grands maîtres pour convenir que le maquillage et les soins ne sont en rien une histoire de sexe…

IN. : les réseaux sociaux changent cependant la donne, non ?

N.D. : grâce aux réseaux sociaux, les individus se libèrent, se transforment, deviennent acteurs de leurs vies. Ils se font beaux grâce à des outils qui les « arrangent » instantanément… Ce sont ces gens-là qui maitrisent très bien leur image, qui sont aussi ceux ou celles qui vont utiliser Mister. Séduire, plaire, être aimé est toujours important … non ? Et sans aller jusque là, j’ai maquillé beaucoup de journalistes hommes, des présentateurs qui « passent » sur le petit écran… Pas un n’apparaît à l’écran sans maquillage. Ils parlent de lumière… Mais il s’agit avant tout d’être joli.

IN. : la ligne Mister est-elle un one shot ?

N.D. : Le prochain produit est déjà dans les starting-blocks, un correcteur pour hommes ET pour femmes sera présenté en février prochain, cet été ce seront les poudres qui seront à l’honneur. Nous parlerons de l’effet des poudres plutôt que de texture…

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