26 janvier 2020

Temps de lecture : 3 min

Les low-tech : quand l’innovation devient frugale

Quand on parle technologie, on pense naturellement aux voitures autonomes de Tesla, aux écrans 8K incurvés et aux fusées de la NASA. Loin de ces mythes prométhéens hautement polluants, la low-tech mise sur un retour à la sobriété par une innovation frugale et soutenable. Une nouvelle relation avec le progrès afin de se confronter aux impératifs écologiques de notre temps.

Quand on parle technologie, on pense naturellement aux voitures autonomes de Tesla, aux écrans 8K incurvés et aux fusées de la NASA. Loin de ces mythes prométhéens hautement polluants, la low-tech mise sur un retour à la sobriété par une innovation frugale et soutenable. Une nouvelle relation avec le progrès afin de se confronter aux impératifs écologiques de notre temps.

Faute d’être aussi séduisante et futuriste que la high-tech, la low-tech a longtemps été boudée par les entreprises de la Silicon Valley. Un exemple parmi d’autres : Elon Musk vient d’annoncer dans une série de tweets qu’il serait en mesure d’envoyer 1 million de personnes sur Mars d’ici 2050. Des velléités spatiales de démiurge qui apparaissent aujourd’hui largement incompatibles avec les impératifs de sobriété que défend l’écologie politique. Heureusement, la « technologie basse », véritable orpheline de l’innovation moderne, est en train de gagner du terrain. Car derrière ce qui nous semble par nature un oxymore se trouve peut-être un nouveau point d’équilibre inédit entre confort technologique et préservation du vivant.

Des objets « appropriables »

Les low-tech sont des technologies peu onéreuses et accessibles à tous qui mobilisent le moins de ressources possibles. C’est par exemple un système de vélo en libre service, des ateliers de réparation d’objets collaboratifs ou encore des fours solaires en matériaux naturels. Il s’agit d’innovations frugales qui répondent à des besoins déterminés par des solutions peu sophistiquées. Leur coût énergétique et environnemental est faible : en amont, elles nécessitent peu d’extraction de minerais tandis qu’en aval, leurs émissions de gaz à effet de serre sont basses. Au delà de l’environnement, la low-tech défend une philosophie plus globale de déconsommation. Il ne s’agit pas seulement de diminuer notre empreinte carbone, mais d’apprendre à moins et mieux consommer en favorisant des objets réparables et appropriables. Trois exemples: la marque de téléphone française Fairphone propose un smartphone modulaire qui rend chacune de ses pièces interchangeables.

– la Gravity Light, une lumière produite sans gaz ni électricité qui fonctionne à la force de la gravité grâce à un moteur cinétique qui émet de la lumière pendant une vingtaine de minutes.

– le Ground Bridge, un réfrigérateur enfoui en sous-sol qui fonctionne sans courant par le seul effet de la température de la terre. La chaleur, entre 10 et 12°C, permet de stocker la plupart des aliments tandis que le revêtement empêche toute racine ou animaux d’y pénétrer. Des objets qui n’ambitionnent pas de révolutionner notre mix énergétique, mais qui ont le mérite de souligner les nombreux avantageux de la low-tech en matière d’énergie, de cout, de réparabilité et de sécurité.

« Une nouvelle forme de progrès »

La low-tech parie ainsi sur l’utilité et la durabilité, mais aussi sur l’accessibilité et l’intelligibilité. À la différence des objets high-tech dont on ne comprend pas la mécanique interne, la low-tech propose des produits dont le fonctionnement est intelligible et donc appréhendable par le consommateur. Une technologie qui se veut également plus humaine : favoriser des matériaux locaux permet de lutter efficacement contre l’exploitation humaine et sociale qui prend place à l’autre bout du monde.

La low tech n’est pas un retour à la bougie comme le pensent certains…

Dans son hors-série Imaginaires, avec le média Socialter à paraitre à la fin du mois, l’écrivain de science-fiction et philosophe Alain Damasio qui en sera le rédacteur en chef, présente les low-tech comme un « enjeu sociologique et historique fondamental ». En effet, la résilience de ces technologies réparables et la sobriété énergétique qui en découle permettent d’imaginer des avenirs durables pour la planète et nos besoins. Selon l’écrivain, la low tech permet de sortir d’une « impasse technologique et énergétique majeure par une nouvelle forme de progrès et de renaissance ». Loin de considérer les basses technologies comme un retour à la bougie, il faut y voir une optimisation vers la sobriété afin de lutter contre les effondrements à venir.

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