26 octobre 2016

Temps de lecture : 4 min

Le féminisme ne fait pas l’unanimité chez les jeunes Français

La lutte pour l’égalité hommes-femmes ne fait pas l’unanimité notamment auprès des moins de 35 ans. Pourtant, elle reste d’actualité. Mais pour revenir dans un cercle vertueux, il faut réinventer son approche. OpinionWay pour TEDxChampsElysées women décrypte le ressenti des Français à propos du féminisme et de ses mouvements.

La lutte pour l’égalité hommes-femmes ne fait pas l’unanimité notamment auprès des moins de 35 ans. Pourtant, elle reste d’actualité. Mais pour revenir dans un cercle vertueux, il faut réinventer son approche. OpinionWay pour TEDxChampsElysées women décrypte le ressenti des Français à propos du féminisme et de ses mouvements.

Alors que l’ONU suscite un vif émoi -auprès de ses employés et de mouvements féministes- en désignant, avec le concours rémunéré de Time Warner, la super héroïne, Wonder Woman, sur une année, comme ambassadrice honoraire pour incarner sa campagne en faveur de l’égalité des sexes et de l’émancipation, Opinion Way pour TEDxChampsElysées Women s’interroge sur les nouveaux équilibres du féminisme en France (*). Une étude qui montre à quel point la partie n’est pas gagnée faisant même état d’une régression au sein de la classe politique ainsi que dans la manière dont les médias abordent les questions qui lui sont relatives. Apportant ainsi de l’eau au moulin de Every Last Girl (“Aucune fille oubliée”), la récente enquête de l’ONG britannique, Save The Children, menée sur la santé, l’éducation et les opportunités des filles dans 144 pays et publiée dans Courrier International. Très instructive, il y apparait que la France, avec sa 18ème place, n’est pas encore le meilleur endroit où être une fille. Juste devant le Canada, notre beau pays des droits de l’Homme est bien loin derrière la Suède, la Finlande et la Norvège, le trio de tête. Mais aussi de l’Espagne, de l’Allemagne, de l’Autriche, du Luxembourg, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, d’Israël… (**).

Quant aux résultats du sondage OpinionWay pour TEDx ChampsÉlyséesWomen, ils sont en effet édifiants, révélateurs parfois de paradoxes laissant penser qu’il faut certainement revoir la copie pour que le féminisme entre dans un cercle encore plus vertueux. Il revient sûrement aussi aux marques et leur agence qui voudraient exploiter la thématique de tirer vers le haut et avec finesse le discours de leurs campagnes. Beaucoup s’y essayent déjà à l’instar de BMW qui a saisi récemment avec brio l’opportunité offerte par le YouTube Lab pour s’exprimer dans une vidéo sur « BMW, à la conquête des femmes ». Mais aussi de Teaminside qui a produit une campagne d’auto promo « Le Digital, ce sont les Mamans qui en parlent le mieux » pour évoquer les nouveaux métiers de la communication. Sous forme de caricature délibérée et manquant un peu de spontanéité car toute écrite et interprétée par des actrices, elle a le mérite de jouer la double carte de l’attendrissement et de la modernité en mettant en scène des mères qui sont aussi des femmes curieuses de leur époque. Ou encore de Mots Clés qui sort son manuel d’écriture inclusive. Un guide dans lequel l’agence propose « trois conventions d’écriture simples et accessibles pour cesser d’invisibiliser les femmes dans l’écriture et faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes par nos manières d’écrire ».

Une cause dépassée pour les moins de 35 ans

Et ce n’est pas un luxe car, dans cette étude on y apprend, tout d’abord, que pour 52% des sondés, les droits des femmes ont progressé ces 20 dernières années (contre 30% dans le monde) et que pour 37% rien n’a changé. Et pour une très large majorité la répartition des rôles entre hommes et femmes est désormais acceptée et assumée qu’il s’agisse de s’occuper des tâches ménagères (87%), de prendre en charge l’organisation de la famille (88%), de gérer le budget familial (89%), de s’acquitter des démarches administratives (90%) ou d’occuper des postes à hautes responsabilités (93%)… Donc aucun péril en la demeure pour les Français, alors normal que la cause égalité homme/femme ne remporte que 22% des suffrages, ne la situant qu’à la 6ème place des préoccupations à égalité avec les droits de l’homme et derrière la santé et l’accès aux soins (45%), la paix dans le monde (42%), l’éducation (36%), l’environnement/le climat (34%) et la lutte contre la pauvreté (29%). Les deux derniers étant l’égalité des chances (19%) et l’accès à la culture (10%). De plus, seulement près d’un Français sur deux (à 59% avec un niveau d’étude élevé) se considère féministe (47%) (dont 44% d’hommes et 50% les femmes). Tandis que les moins de 35 ans se sentent les moins concernés (41%). Pire, 38% estiment que c’est une cause dépassée contre 29% des seniors et 32% des Français en moyenne.

Sortir des caricatures et favoriser un engagement plus mixte

Au-delà du fait qu’avec l’évolution des mentalités grâce aux actions/lois et aussi aux nouvelles générations qui n’ont pas été élevées selon le modèle écrasant du patriarcat, il y a un autre facteur qui contribue à ce désintérêt pour la cause du féminisme. En effet, pour les auteurs de l’étude tous les Français ne se reconnaissent pas dans les mouvements féministes qui existent aujourd’hui. 70% déclarent qu’ils n’approuvent pas les valeurs et les actions de certains mouvements féministes. L’image actuelle que renvoient les mouvements féministes dissuade une partie des personnes interrogées à s’engager, mais il faut souligner que c’est en grande partie dû au traitement médiatique qu’il en est fait; pour 70%, les médias caricaturent les mouvements féministes actuels. Malgré ce déficit d’image, les Français reconnaissent et saluent leur utilité. 56% d’entre eux estiment ainsi qu’ils font progresser l’égalité hommes-femmes. Mais pour que ces progrès deviennent réellement perceptibles, les Français estiment que tous les citoyens doivent se saisir de cette cause, hommes comme femmes. Si pour eux la réalisation des tâches ménagères ou encore le fait d’occuper un poste à hautes responsabilités incombent aussi bien aux hommes qu’aux femmes (respectivement 87% et 93%), les Français considèrent que c’est également valable pour le combat féministe.

Or, pour regagner en crédibilité, l’engagement féministe doit profondément changer, et notamment devenir plus mixte : 75% des sondés estiment que le féminisme est une cause qui ne doit pas être portée uniquement par les femmes. Pour continuer à améliorer la situation des femmes, la cause féministe doit se faire plus inclusive, en impliquant les deux sexes dans la lutte pour plus d’égalité. Les hommes -qui eux mêmes doivent faire face à une redéfinition de la masculinité- ont donc une place à prendre au cœur des mouvements féministes pour les faire évoluer et adopter au plus grand nombre. Sortir des caricatures et entrer dans des débats de société semblent être la nouvelle direction à prendre par les mouvements féministes.

(*) Le féminisme désigne un mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans les domaines juridique, politique, économique.
(**) Selon cinq indexes : mariage précoce, éducation scolaire, grossesse d’adolescentes, mortalité maternelle et proportion de femmes au Parlement

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