25 octobre 2017

Temps de lecture : 4 min

#balancetonporc et #metoo : libératoires et après ?

Au-delà de juger si c’est bien ou mal de dénoncer les harceleurs.ses sous forme de tribune populaire sur les réseaux sociaux, que faire, pour que ces agissements odieux cessent, est une question brûlante à solutionner d’urgence. D’autant que les tabous font de la résistance puisque pour 82% des Français il n’est plus possible d’essayer de séduire sur son lieu de travail, selon une étude qapa.fr.

Au-delà de juger si c’est bien ou mal de dénoncer les harceleurs.ses sous forme de tribune populaire sur les réseaux sociaux, que faire, pour que ces agissements odieux cessent, est une question brûlante à solutionner d’urgence. D’autant que les tabous font de la résistance puisque pour 82% des Français il n’est plus possible d’essayer de séduire sur son lieu de travail, selon une étude qapa.fr.

A la fois libératoires, sulfureux, choquants, majoritairement approuvés bien que parfois taxés d’être à la frontière de la délation, #balancetonporc ou #metoo, sortis à l’occasion de l’affaire Weinstein, ont les défauts de leur qualité. Car si 58% des femmes et 45% des hommes récemment interrogés par Qapa.fr (voir ci-dessous), plateforme de recrutement, sur la question de la drague déplacée voire plus sur le lieu de travail, trouvent que dénoncer des harceleurs « sous la forme de tribunes populaires » est bénéfique, 25% des femmes et 37% des hommes jugent ces démarches comme « problématiques » voire dangereuses pour 17% des femmes et 18% des hommes.

Pourtant ces cris du cœur exaspérés, désespérés sont recevables face au harcèlement sexuel latent et qui pose la question de la limite entre la séduction et un acte déplacé, non consenti, donc répréhensible. Des hashtags plus que légitimes (même si la tournure du 1er est critiquée) tellement ils témoignent avec force d’un vécu ordinaire que certain.e.s pensaient inimaginable de nos jours (sic) tout en faisant écho à des faits répétés, impunis qui couvent comme un volcan depuis la nuit des temps avec 7% des femmes et 19% des hommes qui reconnaissent encore avoir été qualifiés d’harceleu.rs.ses par quelqu’un. Hashtags bienfondés bien sûr, tellement ils délivrent (enfin) la parole de tant et tant de femmes qui grâce aux réseaux sociaux ont trouvé le terrain où se faire entendre à leur manière, sans censure mais policée quand même pour éviter la diffamation… Permettant aux femmes comme une béquille de mettre enfin des mots crus et clairs sur le pire et le pire du pire qu’elles vivent et subissent au quotidien partout dans le monde. Envoyant une marque de réconfort et de courage aux victimes silencieuses, un signal d’alerte aux futures harcelées. Adressant un sérieux avertissement à tous les prédateurs aussi hypocrites que larvés pour que leurs agissements dégueulasses cessent. Appelant les hommes « bien » -et ils sont nombreux !- à se mobiliser pour l’autre moitié de l’humanité qui n’est pas RIEN, en se montrant, en regardant droit dans les yeux et en bordant sans complaisance leurs congénères, pauvres lourdingues ou nuisibles libidineux.

52% des femmes victimes de harcèlement au travail

Mais après avoir crié, détaillé, démontré et créé cette formidable vague de fond solidaire et digitale à travers tout le globe ? Comment poursuivre ? Et surtout comment s’inscrire avec « force et honneur » dans ce qui est entrepris avec décence et ténacité dans le cadre de la justice depuis des dizaines d’années par des femmes -et pas seulement- déjà concernées et conscientes de ce mal pernicieux et destructeur. Des manifestations déjà programmées passant du virtuel au réel, mettant à juste titre le débat sur la place publique mais dans la rue, comme pour bien rappeler qu’ils sont loin du compte, ceux qui pensaient que ce mouvement ne serait qu’une trainée de poudre lâchée par de « pauvres hystériques » ? Très bien ! Des témoignages encore et encore sur la Toile ou ailleurs, dans les centres, sur des plateformes ou des numéros de téléphone dédiés -comme le gouvernement et des associations l’ont rappelé- pour maintenir la pression et percer cet odieux furoncle de la société qui sévit ailleurs que sur les lieux de travail mais aussi dans les lieux publics et dans les transports (pour 45% des femmes et 39% des hommes) ? Très bien aussi ! D’ailleurs Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, annonçait, dès le 16 octobre, sa détermination à déposer un projet de loi contre « les violences sexistes et sexuelles » en 2018, car pour elle sur Twitter : « Au-delà de la parole, c’est aux pouvoirs publics d’assurer une juste condamnation judiciaire et sociétale des violences sexistes/sexuelles » . Alors même que le sondage de qapa.fr souligne que 73% des femmes et 70% des hommes interrogés pensent que l’initiative n’y changera absolument rien. Pas inutiles non plus des prises de paroles institutionnelles ou publicitaires pour informer et soutenir.

Mais aussi se servir, sans plus jamais se trouver d’excuses, de ce qui existe déjà légalement, pour dénoncer, se protéger, se défendre et se réparer… réajuster son éducation et donner l’exemple en tant que parents, faire un audit comportemental de son entreprise, de son service, de son école en tant que chef.fe, donner le  » LA  » voire taper du poing sur la table et militer pour la nécessaire bonne conduite qu’on soit (grand.e ou non) patron.ne d’une TPE, start-up ou groupe du Cac 40, impliquer les DRH avec un hashtag qui serait tout aussi interpellant, leur rappelant leur rôle et leur devoir. Point important car si 85% des femmes et 78% des hommes pensent qu’il est impossible de draguer sur un lieu de travail, toujours selon qapa.fr, 52% des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement sur leur lieu de travail contre 27% des hommes. Une manigance inappropriée et traumatisante venant notamment d’un ou une supérieur.e hiérarchique (45% pour les femmes et 36% pour les hommes). Enfin, reste à renforcer ou à installer -et pas seulement imaginer- des nouvelles fonctions adaptées ou des solutions plus faciles, bien concrètes avec les bonnes personnes formées, respectueuses et réactives dans les instances ou organisations concernées censées intervenir et défendre. Afin que celle ou celui qui en a besoin ne se sente pas minable face à une démarche classée sans suite ni démuni face à la lourdeur du processus administratif et encore moins seul.e face à sa colère, son malheur. Essentiel puisque si 72% des femmes (vs 33% des hommes) avouent en avoir parlé à quelqu’un, seulement 4% (vs 1% des hommes) reconnaissent être allées jusqu’au dépôt de plainte. Des pistes, il y en a. Alors mieux que réaction… Action !

(*) mené par e-mailing auprès des 4,5 millions candidats actifs sur Qapa.fr en octobre 2017 avec plus de 2 millions de répondants. A noter toutefois, qu’ils ne renseignent pas toutes les questions. Le chiffre exact de réponses apportées est ainsi de 6 565 489.

Photo de Une : Sharosh Rajasekher

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