7 janvier 2020

Temps de lecture : 3 min

Assez des plateformes? Court-circuitez-les et faites une bonne action !

Pour lutter contre la toute puissance des plateformes qui se font payer 2,50 euros pour chaque couvert réservé sur leur site, Guestonline encourage les restaurateurs à verser 1 euro à une ONG pour chaque personne qui réserve une table directement chez elle.

Pour lutter contre la toute puissance des plateformes qui se font payer 2,50 euros pour chaque couvert réservé sur leur site, Guestonline encourage les restaurateurs à verser 1 euro à une ONG pour chaque personne qui réserve une table directement chez elle.

Faire d’une pierre deux coups. Comment encourager les consommateurs à réserver une table directement auprès du restaurateur chez qui ils souhaitent se rendre au lieu de passer par une plateforme comme La Fourchette ou Tripadvisor ? Voilà des années que les dirigeants de Guestonline se posaient cette question. Cette PME toulousaine propose depuis une décennie aux patrons de restaurants un logiciel qui leur permet de gérer leur flux de réservations sans effort. Aujourd’hui, plus de 1500 établissements dont de très nombreux « étoilés » utilisent ses services. L’essor d’internet et le succès des sites comparatifs sur lesquels les internautes peuvent laisser leurs avis après une visite ont toutefois changé la donne.

Lutter contre les plateformes de réservation

« Aujourd’hui, près de 30% des réservations des restaurants passent par des centrales sur internet, révèle Antoine Girard, le fondateur de Guestonline. Ce chiffre serait en réalité bien plus élevé s’il prenait en compte le phénomène pervers des détournements de clients. Les sites peuvent en effet vous conseiller des établissements lorsque vous surfez sur leurs pages et vous encourager à aller dans un lieu auquel vous ne pensiez pas au départ ». Pour enrayer ce phénomène, cet ancien étudiant en informatique et en mathématiques appliquées a eu une idée : donner 1 euro à une association pour chaque réservation réalisée depuis le site du restaurant. Cette somme est versée à l’organisme Réservation Responsable. Depuis un an, les quatre grands chefs André Terrail de La Tour d’Argent, Sébastien Bras de la Maison Bras, Vincent Leroux de Bocuse  et Olivier Roelligne testent cette initiative. L’argent récolté a déjà servi à installer une cantine scolaire au Népal et l’association vient de signer un partenariat avec La Table du Chef qui organise des cours de cuisine dans les écoles de quartiers défavorisés. « Nous tentons ainsi de montrer aux clients qu’ils peuvent faire quelque chose de bien en prenant directement une réservation auprès du restaurant dans lequel ils souhaitent manger », résume Antoine Girard.

Les hôteliers s’y mettent aussi

Cette initiative représente également une bonne opération pour les propriétaires de bonnes tables. Reverser un euro à une bonne cause est en effet bien plus économique que de donner 2,50 euros pour chaque couvert réservé auprès d’une centrale sur la Toile. Ce montant peut paraître modeste mais il est loin de l’être dans la réalité. « Un restaurant gagne en moyenne 5 euros par client si on retire toutes ses charges, calcule le fondateur de Guestonline qui préside également Réservation Responsable. Les sites lui prennent donc la moitié de sa marge quand ils lui envoient une personne ». Cette action n’est pas la seule qui cherche à réduire la toute puissance des géants du web et à lutter contre l’ubérisation et la plateformisation de l’économie.

Mécénat d’entreprise

Solikend est un concept inédit lancé à Biarritz. Le paiement du séjour réservé sur cette plateforme par un particulier est totalement reversé à l’association de son choix. Depuis le début de l’année 2019, plus de 250.000 euros de nuits « solidaires » ont été ouvertes par 60 hôteliers « citoyens » (ce sont les termes utilisés par l’organisme) et l’argent a été reversé à trente associations qui oeuvrent dans tous les domaines comme Habitat & Urbanisme, Surfrider, Planète Urgence, Amnesty International, la SPA, Coucou Nous Voilou, Reporters sans frontières ou Handicap International. En participant à cette opération l’hôtelier valorise son engagement citoyen, créé une dynamique positive auprès de son personnel et profite de déductions fiscales. Cet abattement, qui correspond à une opération classique de mécénat d’entreprise, permet de couvrir les charges liées à l’occupation des chambres (linge, ménage, électricité et eau) et ne représente aucunement une marge lucrative pour les établissements partenaires. Son seul défaut?  son absence de notoriété.

Pour lutter contre l’ubérisation

« Il est très difficile aujourd’hui de se faire connaître du grand public sur internet, note Antoine Girard. Sur Guestonline, ce sont les restaurateurs qui font le travail d’évangélisation auprès de leurs clients. Notre initiative est présente sur les sites des établissements. Ce ne sont pas les consommateurs qui doivent nous trouver sur la Toile pour découvrir notre offre». Encore faut-il convaincre suffisamment de professionnels pour donner un sens réel à cette « bonne action » non dénuée d’arrières-pensées commerciales… « Nous avons pour l’instant une quinzaine de restaurants qui nous suivent, avoue le président de Réservation Responsable. Mais le récent partenariat de Tripadvisor avec le Guide Michelin et le rachat de Bookatable par La Fourchette  montrent que l’ubérisation de ce secteur est en marche et beaucoup de professionnels commencent à s’en inquiéter ». Donner une pièce pour enrayer ce phénomène sera-t-il suffisant? L’avenir le dira…

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