5 mai 2020

Temps de lecture : 3 min

Ni Putes Ni Soumises combat les maux du confinement

Malgré des atouts indéniables pour lutter contre la menace épidémique, le confinement, par les contraintes liberticides qu’il impose, met en danger bon nombre de nos concitoyen.nes isolés. Pour sensibiliser les Français aux dangers qu’il représente pour les femmes victimes de violences conjugales, Ni Putes Ni Soumises dévoile sa dernière campagne, signée par l’agence Marianne Paris.

Malgré des atouts indéniables pour lutter contre la menace épidémique, le confinement, par les contraintes liberticides qu’il impose, met en danger bon nombre de nos concitoyen.nes isolés. Pour sensibiliser les Français aux dangers qu’il représente pour les femmes victimes de violences conjugales, Ni Putes Ni Soumises dévoile sa dernière campagne, signée par l’agence Marianne Paris.

Le 17 mars dernier, après avoir valsé pendant des semaines au rythme d’une opinion publique flottante, Emmanuel Macron décrète enfin la mise en place du confinement. Une partie des Français s’était étonnée de la mise en quarantaine des habitants de Wuhan, Huanggang et Ezhous au nom de la liberté individuelle. Deux mois, 6 633 cas en France et 2 158 décès en Italie plus tard, la majorité d’entre nous accueillait chaudement ces mesures vitales pour contrer la menace épidémique. Sans même connaitre la durée du calvaire, mais que diable : « au grands maux, les grands remèdes ». Pourtant, un tel contrôle sur les corps, jamais expérimenté en temps de paix sur le sol Français, amènerait forcément son lot de problématiques. Une impression tenace : de telles contraintes laisseront des cicatrices.

Une voix de secours

Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire de Seine-Saint-Denis des violences faites aux femmes, nous avait prévenu : le confinement représentera « un danger supplémentaire » pour les femmes victimes de violences conjugales. Tout en jugeant le dispositif comme un mal nécessaire, elle appelait à la « vigilance et à la solidarité des Français ». Un présage malheureusement confirmé par le Fonds des Nations Unies pour la Population -et bien d’autres- dans son dernier rapport sur l’égalité des genres. Chiffres à l’appui : le nombre de signalements auprès des forces de police et de gendarmerie aurait augmenté de plus de 30% depuis le début du confinement.

De nombreuses femmes se retrouvent cloîtrées dans des foyers toxiques, où la violence quotidienne et la fatigue psychologique rythment dangereusement leur quotidien. Pour sensibiliser les Français aux dangers que représente le confinement pour les femmes vivant avec un conjoint violent physiquement et/ou psychologiquement, Ni Putes Ni Soumises dévoile un spot TV de 40 secondes signé par l’agence Marianne Paris.

La vidéo nous plonge dans le téléphone d’une femme qui reçoit des notifications sur le virus et plusieurs messages de son conjoint alors qu’elle est visiblement partie faire des courses. Le spot se conclut en rappelant les numéros prioritaires à contacter : le 3919, le 17 et le 114, incitant les victimes mais aussi les témoins à sortir du silence. La campagne a été lancée sur les réseaux sociaux de l’association le mardi 28 avril et diffusée dès le mercredi 29 avril sur les chaînes du groupe Canal+ et France Télévisions.

« Au delà de ses redoutables symptômes, le coronavirus fait de nombreuses victimes collatérales, et les femmes victimes de violences domestiques sont les premières à trinquer », témoigne Stéphanie Rameau la présidente de l’association. « Notre but chez Ni Putes Ni Soumises est, et restera toujours, de dénoncer ces violences, d’écouter et d’accompagner les victimes, et d’intervenir en prévention autant que possible. Avec ce spot, intitulé #Confinéesendanger, nous voulons informer les Français sur les numéros d’urgences et dire aux femmes que nous serons toujours à l’écoute des victimes, et plus que jamais pendant cette période délicate, prêts à les aiguiller au mieux dans leurs démarches », conclut-elle. Le site de l’association complète le dispositif en permettant aux victimes et/ou témoins de retrouver toutes les informations relatifs à ces sujets.

La « fin » de la galère

Nous l’avons vu, plusieurs voix se sont élevées, dès la mise en place du confinement, pour nous prévenir de ses dangers : les familles déjà gangrenées par la violence finiront par se déchirer dans cette solitude imposée. Une situation qui ne nous a jamais parue aussi insupportable de par l’absence de recours envisageables pour les victimes. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, avait enjoint les gouvernements début avril à prendre « des mesures de prévention de la violence contre les femmes et à prévoir des recours pour les victimes dans le cadre de leur plan d’action national face au Covid-19 ». Il avait également demandé la mise en place de « systèmes d’alerte d’urgence dans les pharmacies et les magasins d’alimentation », seules enseignes à rester ouvertes dans de nombreux pays.

Un dispositif nécessaire, anticipé par le Ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui annonçait fin mars sa mise en place, inspiré du modèle espagnol. Il suffit d’aller au guichet d’une pharmacie et de prononcer le mot de code « masque 19 » pour que les professionnels de santé alertent les autorités. Un dispositif expérimenté avec succès pour la première fois le 28 mars dans une officine de Nancy. Mais malgré les meilleures intentions du monde, le confinement demeure encore une séquestration légalisée pour beaucoup de victimes. Nul doute que le déconfinement progressif annoncé pour le 11 mai prochain apportera son lot de réponses. Pas forcément réjouissantes, les observateurs estiment que la levée du confinement risque d’entraîner une inflation des signalements des victimes jusque là contraintes à l’isolement. Sans oublier celles, nombreuses, qui auront besoin d’un toit, à long terme. Un dramatique casse-tête en perspective. Satané virus qui nous colle à la peau…

 

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