26 juillet 2015

Temps de lecture : 3 min

« La liberté dans la contrainte »

Oh la la ! Quel beau dimanche ! Mais Sylvie Hoarau n'est pas en vacances au bord de la mer à la pêche à l'Hippocampe. Duettiste de Brigitte, elle nous répond en solo - après minuit ? Sur un perchoir ? - sur la créativité, qu'elle partage avec Claude François, et ne dit jamais j'sais pas. *

Oh la la ! Quel beau dimanche ! Mais Sylvie Hoarau n’est pas en vacances au bord de la mer à la pêche à l’Hippocampe. Duettiste de Brigitte, elle nous répond en solo – après minuit ? Sur un perchoir ? – sur la créativité, qu’elle partage avec Claude François, et ne dit jamais j’sais pas. *

INfluencia : le pouvoir de la créativité est en vous. Qu’elle soit musicale ou esthétique, jusqu’où aimeriez-vous la pousser ?

Sylvie Hoarau : ce qui est le plus excitant, c’est de pousser toujours plus loin par rapport à ce qu’on pense être capable de faire, ou de dire. Le besoin de créativité est quelque chose que l’on ne maîtrise pas. Pour ma part, j’ai l’impression que j’aurais pu utiliser n’importe quel support pour m’exprimer. Mais on ne saura jamais si cela aurait été avec succès… Il y a, il me semble, une forme d’insatisfaction qui nous pousse à essayer de faire encore mieux, encore plus fort, encore plus inattendu.

IN : Inspiration, influence… Qu’est-ce qui a forgé vos esprits créatifs ?

SH : Les créatifs s’attirent comme des aimants, comme si la sensibilité extrême des uns et des autres était un langage commun que nous aurions « en plus ». Naturellement, ado, j’étais attirée par la littérature, la peinture, le dessin, le cinéma et la musique bien plus que par la physique, la chimie ou les maths. C’est donc la multiplicité qui fait la force. Pas de style, pas de case, juste de l’inspiration quelle que soit sa provenance… On doit prendre aussi en compte les différentes époques de notre vie. Les âges que nous traversons nous marquent et nous sensibilisent. Il y a toujours un souvenir ou une émotion qui ressurgit et guide notre créativité. J’ai des origines créoles et mon père me faisait écouter le groupe de rock américain Creedence, aux influences blues et country. C’est vous dire…

IN : le fait d’avoir beaucoup d’idées neuves et créatives est-il plutôt un facteur de réussite professionnelle ou d’inadaptation sociale ?

SH : j’imagine que des idées particulièrement nouvelles peuvent en effet être un facteur d’inadaptation sociale. Notre société ne sait pas vraiment gérer les profils à part. Nous avons un système scolaire généraliste qui privilégie une catégorie. Certains sont très intelligents, mais pourtant se retrouvent en échec. Il faut pouvoir corriger cela, et c’est pareil pour le travail. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas intéressantes, loin de là… Peut-être que la société pourrait mieux s’adapter aux personnes hors norme. Par exemple, il faudrait définitivement tirer un trait sur l’image du cancre qui pose des problèmes.

IN : avez-vous un rituel ou des habitudes lorsque vous composez ou innovez ? 

SH : j’ai l’impression qu’il y a une espèce de préparation imperceptible pour retrouver un état de laisser-aller, de lâcher-prise. C’est alors comme si ce n’était pas moi qui produisais, comme si ça tombait du ciel. C’est un état vraiment bizarre, on ne se sent plus vraiment soi-même. Je suis toujours en train de cogiter, de m’extasier et de regarder des scènes de vie. Je suis un peu dans mon monde.

IN : quel est votre meilleur climat créatif. La liberté ou la contrainte ?

SH : les deux mon capitaine ! La liberté dans la contrainte, je trouve ça intéressant. Aller là où on ne serait pas allé peut donner de bonnes surprises. Et puis on est toujours libre au fond, c’est ce qui est génial quand on crée. Il faut en avoir conscience : on peut tout faire. Même si parfois cela est compliqué à sortir.

IN : quels sont les avantages ou les problèmes de créer en duo ? 

SH : il faut accepter l’autre entièrement, être dans l’admiration et le partage. C’est une grande force d’être dans l’intérêt et non dans le conflit, le talent de l’autre est intéressant, stimulant et rassurant aussi, en cas de doute. Son regard est une grande force aussi, on a envie d’être admiré comme on admire l’autre, il y a une grande émulation. Pour ma part, c’est la première fois que je fais confiance de la sorte. Avant, j’étais très inquiète, je bloquais sur des détails, je me faisais terriblement souffrir. Le travail en duo peut aussi être stérile… quand on n’a plus envie des mêmes choses, comme un vieux couple qui s’ennuie.

*Introduction à l’univers du duo Brigitte inspirée des titres de sa discographie.

Article tiré de la revue N°14 consacrée à la « créativité »
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