25 juin 2017

Temps de lecture : 3 min

Comment les réseaux sociaux annihilent notre cerveau, ou pas

Les utilisateurs d'internet ont accueilli les réseaux sociaux avec un enthousiasme proportionnel au tissage infini de la toile : infos, partages en un clin d'oeil, besoins et désirs assouvis en un clic. Tout semble si facile... Mais au risque de toucher à son outil fétiche et piquer la communauté au vif : de cliquer, toute réflexion serait-elle devenue caduque ? Et le clic, l'interrupteur On/Off de la curiosité ?

Les utilisateurs d’internet ont accueilli les réseaux sociaux avec un enthousiasme proportionnel au tissage infini de la toile : infos, partages en un clin d’oeil, besoins et désirs assouvis en un clic. Tout semble si facile… Mais au risque de toucher à son outil fétiche et piquer la communauté au vif : de cliquer, toute réflexion serait-elle devenue caduque ? Et le clic, l’interrupteur On/Off de la curiosité ?

Dans le métro, au bureau ou dans notre sofa, voire aux toilettes et dans notre lit, les réseaux sociaux ne nous quittent plus. Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Pinterest… les Terriens sont accros et envoient des messages, publient des photos et surfent sur la Toile dès qu’ils ont une seconde de libre.

Les chiffres font peur. Selon un article de la revue américaine Quartz, nous passons en moyenne 608 heures sur les réseaux sociaux chaque année, soit le temps de lire près de 200 livres. Sur les 7,4 milliards d’habitants de la planète, 3,42 milliards sont internautes (46 %) et 2,31 milliards sont actifs sur les réseaux sociaux (31 %). En France, selon la dernière étude du Credoc, 85 % de la population ont accès au World Wide Web et 74 % se connectent tous les jours. Parmi nos compatriotes, 56 % sont inscrits sur au moins un réseau social et 95 % des 18-24 ans surfent régulièrement.

Des internautes sclérosés

Les Facebook & Co assurent créer du lien social, mais à y regarder de plus près, ce lien ne menace-t-il pas surtout d’entraver notre curiosité ? Les réseaux ainsi que les moteurs de recherche jurent, la main sur l’algorithme, qu’ils souhaitent nous aider en submergeant leurs pages de suggestions. Facebook nous propose de nouveaux « amis » comme si nous n’étions pas capables de les trouver nous-mêmes. YouTube nous présente des vidéos supposées nous intéresser ou nous amuser, et Google nous conduit par la main pour « faciliter » nos recherches. Nos relations sur la Toile nous mitraillent, elles, de liens sur lesquels cliquer. Notre communauté sociale parvient ainsi à façonner notre pensée sans même que nous nous en rendions compte. « Si Internet facilite l’accès et la diffusion de l’information, il augmente, en même temps, les risques de “ mal information ”. Il ne suffit pas que les messages et les informations circulent vite pour que les hommes se comprennent mieux. Transmission et interaction ne sont pas synonymes de communication », explique le sociologue Dominique Wolton, qui a mis la lutte contre ce phénomène au cœur de ses combats*.

La consommation quotidienne d’information sous forme de feed nous rend boulimiques et « infobèses ». La revue INfluencia en a d’ailleurs fait le thème de sa campagne de communication. « Nous consommons de l’information sans la vérifier. L’important est qu’on en parle, sans s’assurer de sa véracité. Nous surconsommons des images qui sont une autre forme d’information », expliquent Arnaud Le Bacquer et Hugues Pinguet, les fondateurs de l’agence Glory Paris à l’origine de la campagne. Et d’ajouter : « Nous sommes devenus boulimiques de toutes sortes d’informations. Et lorsqu’on parle d’information aujourd’hui, cela concerne un vaste monde. Nous ingurgitons de l’info. Et si nous n’avons pas été rassasiés, nous cherchons des instants pour le faire, dans le métro, le soir avant de se coucher… Soyons sélectifs, cessons d’engraisser notre cerveau de sucres et de graisses informatifs ! »

Des alertes sur nos téléphones portables nous rappellent en effet sans cesse à l’ordre, une nouvelle chassant l’autre, nous empêchant de réfléchir et d’analyser les événements. Les algorithmes nous enferment dans des silos culturels dont il est difficile de s’extraire. Néanmoins, si les réseaux sociaux peuvent annihiler notre curiosité, ils sont aussi capables d’attiser notre soif d’apprendre, en nous permettant notamment d’avoir accès à des sources d’information auxquelles il était difficile de s’abreuver par le passé.

Comme souvent, le monde, aussi virtuel soit-il, n’est pas blanc ou noir, mais plutôt gris. La volonté des géants du Web de nous enfermer dans leur Toile est réelle et elle ne faiblira pas avec l’apparition des nouvelles technologies de traitement des data. Des moyens pour tenter de s’extraire du filet collant tissé par les Facebook et autres Google existent néanmoins. Les réseaux sociaux jouent un rôle ambigu, anesthésiant autant qu’éveillant notre curiosité. « C’est fromage et dessert, résume Arnaud Mercier, professeur à l’Institut français de presse de l’université Panthéon-Assas  » Ces deux phénomènes peuvent cohabiter ; pas seulement chez des personnes différentes, mais au sein d’un même individu… »

Retrouvez la suite de cet article dans la revue digitale sur la curiosité

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