6 décembre 2018

Temps de lecture : 3 min

Food : les applications de notations dictent leur loi

Un Français sur cinq détient une application de notation nutritionnelle sur son smartphone.

Un Français sur cinq détient une application de notation nutritionnelle sur son smartphone.

À l’ère du tout connecté, les jeunes recherchent du vrai, de l’authenticité et de la transparence. Ils sont en effet 53 % à ne pas faire confiance aux marques pour obtenir des informations fiables (Étude OpinionWay octobre 2018, 5 000 sondés de 18 à 30 ans). Selon eux, la transparence est la première preuve de confiance (21%). Pourtant les marques continuent à être floues en ce qui concerne la composition de leurs produits aussi bien alimentaires que cosmétiques. Malgré une opposition de l’industrie agroalimentaire qui a tenté de bloquer et de retarder la décision, le logo Nutri-score a été adopté par le Ministère de la Santé début 2017. Il fonctionne en prenant en compte les nutriments dont la consommation nuit à la santé et ceux positifs incorporés dans la recette. Une note allant de A à E est ensuite attribuée au produit. 91 % des Français jugent ce logo facile à comprendre et 87 % pensent qu’il devrait devenir obligatoire à l’avenir car son application est aujourd’hui facultative, et seulement 85 entreprises se sont engagées dans cette démarche et ont apposé le logo sur leurs produits. Or, cette démarche a des conséquences positives car sept personnes sur dix ont une meilleure image des marques qui utilisent ce logo (sondage Santé publique France).

Pourtant la plupart des industriels rechignent à l’utiliser et décrypter les étiquettes demeure un combat du quotidien pour les consommateurs. En attendant que le logo nutritionnel devienne obligatoire au niveau européen, des start-up indépendantes ont lancé des applications et remportent un franc succès c’est le cas entre autres de Yuka née en 2017 qui permet de scanner les produits alimentaires et cosmétiques (depuis juillet 2018), et de Scan’Up. La première a déjà été téléchargée plus de 7 millions de fois depuis son lancement. Certains scientifiques décrient ces applications qui simplifient l’information, créent leur propre système de notation et n’ont aucune caution scientifique. On leur reproche leur évaluation basée sur une dose de 100 g et non sur celle consommée, et leur mauvaise notation des additifs alors que les autorités françaises (Ansa) et européennes (Efsa) attestent de l’absence de danger. Mais leur pouvoir est tel que certains industriels décident de collaborer avec ces acteurs pour faire évoluer leurs listes d’ingrédients, obtenir un meilleur profil nutritionnel et une meilleure note. Chez Monoprix plus d’un quart des marques propres beauté et alimentaire sont révisées cette année dans le but de chasser les additifs. Franprix collabore avec Scan’Up, Carrefour avec OpenFoodFacts.

Les réponses s’organisent face à ces applications

D’autres cherchent à contrer ces applications car ils estiment qu’elles jugent les produits au lieu d’aider les consommateurs à faire des choix en lançant leur propre application et système de notation, c’est le cas de Système U avec Y’a quoi dedans? Le 23 novembre, l’Ania a publié un communiqué de presse pour annoncer la création de leur propre plateforme de données qui sera lancée dans 18 mois. Tout le monde cherche à maîtriser les critères d’évaluation qui ont un impact sur l‘image et les ventes. Ces applications sont aujourd’hui surtout utilisées par des jeunes : 27% ont moins de 34 ans, 26% vivent dans l’agglomération parisienne et 25% des ménages gagnent plus de 3500 € (Etude Obsoco, juillet 2018), mais leur usage se répand. Sera-t-il possible un jour de tout noter ?

La Ligue du Cancer a proposé lors des États généraux de la prévention le 21 novembre 2018 de créer un Toxi-score afin de connaître les produits cancérigènes présents dans nos vêtements, le mobilier… Selon l’association, 40% des cas de cancer pourraient être évités grâce à la prévention. Casino en partenariat avec 3 associations a annoncé le 5 décembre dernier le lancement d’un étiquetage sur le bien-être animal visant à renforcer la transparence sur les conditions d’élevage, de transport et d’abattage. La notation que les consommateurs plébiscitent serait peut-être le moyen à long terme le plus efficace pour que les industriels produisent de manière durable et éthique. Affaire à suivre !

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