1 juillet 2018

Temps de lecture : 5 min

« Uni.e.s pas uniformes » : battre le pavé au nom du respect de toutes les personnes

À l’occasion de la Marche des Fiertés prenant place hier dans la capitale, Amnesty International a brandi une nouvelle campagne comme cri de ralliement : « Uni.e.s pas uniformes ». 5 affiches simples, directes et éloquentes pour un jour de fête et de combat pour les droits et situations des personnes LGBTQI+.

À l’occasion de la Marche des Fiertés prenant place samedi dans la capitale, Amnesty International a brandi une nouvelle campagne comme cri de ralliement : « Uni.e.s pas uniformes ». 5 affiches simples, directes et éloquentes pour un jour de fête et de combat pour les droits et situations des personnes LGBTQI+.

Dénoncer les discriminations faites aux personnes LGBTQIA+, rappeler que le combat continue en France et partout dans le monde pour promouvoir leurs droits, éveiller les consciences sur l’absurdité de leurs situations et inciter les citoyens à prendre part contre cette injustice subie : une volonté criée haut et fort par Amnesty International via une campagne lancée avec son agence, DDB° Paris, ce samedi 30 juin  pour la Marche des Fiertés qui rassemble près de 500 000 personnes chaque année dans les rues de Paris.

Les mots ont un pouvoir et ça DDB° Paris l’a bien compris. Pour marquer sa première collaboration avec l’association sous la direction de création d’Alexander Kalchev, et fidèle à sa patte créative incisive et sans chichi, l’agence propose du print, du bold et des accroches sans détours. « Être ensemble aujourd’hui pour que demain chacun ait le droit d’être soi ». « Marcher fièrement aujourd’hui pour que demain la honte change de camp ». « Faire la fête aujourd’hui, pour demain embrasser qui je veux, sans qu’on me fasse ma fête ». « Battre le pavé aujourd’hui, pour demain ne plus jamais prendre de coups ». « Parler aujourd’hui pour que demain la violence ne soit plus une réponse ». 5 revendications qui crient l’amour à l’unisson, pour aller là où la haine continue de gagner du terrain. 5 accroches pour 5 affiches et 1 signature : « Uni.e.s pas uniformes », un appel à l’unité des peuples pour une société plus égalitaire, fraternelle et respectueuse des droits de l’Homme. Au lendemain de ce rassemblement, questions-réponses avec Alexandre Jalbert, Directeur de la communication d’Amnesty International France, pour en savoir plus sur la démarche de l’association.

IN : en tant qu’association investie dans la protection des droits de l’homme, que représente pour vous cette Marche des Fiertés à l’échelle de vos autres actions, et qu’en attendez-vous ? Un engagement statutaire, la concrétisation d’une année d’actions ?

Alexandre Jalbert : descendre dans la rue, battre le pavé pour revendiquer le respect des droits de l’homme est dans l’ADN d’Amnesty International. Comme chaque année, nous défilons lors des Marches des Fiertés pour dénoncer toutes les formes de discrimination et défendre les droits des LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuel-le-s, trans et intersexes). Les chiffres sont bien sombres : dans plus de 70 pays, l’homosexualité est toujours jugée illégale, et peut même entraîner un emprisonnement (20 ans en Malaisie par exemple), voire une condamnation à mort (comme en Iran ou en Arabie Saoudite). En Tchétchénie, plus d’une centaine d’hommes homosexuels ont été enlevés puis soumis à des actes de torture dans des prisons secrètes. Certains auraient été tués, d’autres remis à leur famille afin que celles-ci les assassinent  pour « laver leur honneur ». Nous aurons une pensée évidemment pour tous ceux et celles qui ne marcheront pas comme nous aurons le plaisir de le faire, comme en Turquie ou au Liban où les marches ont été interdites. Mais la tonalité festive qui prédomine lors de cet événement nous permettra aussi de fêter les victoires obtenues cette année, comme l’adoption du mariage pour tous en Australie. Ainsi que la décision historique de la Cour constitutionnelle de Taiwan, grâce à laquelle le pays est en voie de devenir le premier d’Asie à légaliser le mariage entre personnes de même sexe.

IN : si la sensibilisation est une première étape, et la participation aux événements une seconde, quelle est la troisième ? Comment passer d’un discours top-down à une révolution des genres et des comportements citoyens ? Comment cela se traduit-il dans vos actions au quotidien chez Amnesty International ?

A.J. : le plaidoyer et l’éducation. Partout dans le monde, Amnesty International collecte des informations, recueille des témoignages faisant état des violations des droits humains perpétrées à l’encontre des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. L’association dénonce alors publiquement ces violations et intervient surtout auprès des États pour qu’elles cessent et que les victimes obtiennent justice et réparation. Des manifestions de rue à la signature de pétitions en passant par des mobilisations en ligne, nous disposons de nombreux leviers pour mener à bien nos campagnes et nos actions. Ces mobilisations populaires donnent de la puissance à nos activités de plaidoyer que nous menons : des Nations Unies où nous avons un statut consultatif aux différents ministères ou instances officielles avec lesquelles nous dialoguons pour leur rappeler leur rôle et leur responsabilité. Et bien sûr, nous croyons aussi à l’éducation pour éveiller l’esprit critique des citoyens de tout âge par la réflexion, le débat. L’éducation en milieu scolaire notamment doit outiller les jeunes générations à la déconstruction des stéréotypes et des préjugés.

IN : on sait que la France est un pays plutôt « bien classé »  à l’échelle mondiale dans son avancée vers une société égalitaire. Pourtant, les violences faites aux personnes LBGTQIA sont en hausse. Cela vous surprend-il ?

A.J. : en France, les droits des personnes LGBTI ont progressé incluant la possibilité pour des couples de même sexe de se marier ou pour les transgenres, la possibilité qui leur est désormais accordée de changer de genre sans devoir changer de sexe. Mais les discriminations ont la peau dure et malheureusement les violences, physiques ou en ligne, sont trop nombreuses.  La discrimination frappe au cœur même de ce que cela signifie d’être humain. Elle consiste à traiter une personne différemment simplement en raison de ce qu’elle est ou de ses convictions. Trop souvent, nous entendons les histoires déchirantes de personnes qui sont victimes de cruauté pour la seule raison qu’elles appartiennent à un groupe « différent » de ceux qui sont au pouvoir. Il est bien trop facile de priver une personne de ses droits parce qu’on la considère comme un être « inférieur ». Mais comment en arrive-t-on là ? Au cœur de toutes les formes de discrimination se trouvent des préjugés fondés sur une conception de l’identité, et sur le besoin de s’identifier à un certain groupe. L’ignorance, voire la haine peuvent en découler.

IN : « Uni.e.s pas uniformes » est une campagne engageante qui appelle à l’unité des peuples. Avez-vous prévu de décliner ce concept de campagne pour l’appliquer à d’autres projets ?

A.J. : c’est un cri de ralliement pour dire que nous sommes tous et toutes uni.e.s face à l’égalité des droits, dans le respect des différences de chacun et chacune. Nous avons une croyance profonde chez Amnesty : nous pouvons remporter des combats grâce à la force du collectif.  7 millions de personnes sont à nos côtés dans le monde pour militer en faveur des droits humains. Cette force du nombre nous permet chaque jour d’enregistrer des victoires. L’efficacité de notre mouvement et de notre militance sera au coeur de notre prochaine prise de parole à la rentrée.

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