17 octobre 2018

Temps de lecture : 3 min

Des vidéos pour lutter contre la radicalisation dans le sport

Le sport est aujourd’hui le premier foyer d’embrigadement en faveur du djihad. Le CREPS Ile-de-France veut lutter contre ce fléau avec des vidéos très pratiques. Une prise de conscience et une action également européennes.

Le sport est aujourd’hui le premier foyer d’embrigadement en faveur du djihad. Le CREPS Ile-de-France veut lutter contre ce fléau avec des vidéos très pratiques. Une prise de conscience et une action également européennes.

C’est un sujet longtemps resté tabou qui est désormais révélé au grand jour par ceux qui ont tenté de le cacher. Le sport est aujourd’hui le premier foyer d’embrigadement en faveur du djihad avec 829 personnes signalées comme radicalisées dans les clubs l’année dernière en France. Ce chiffre, loin de diminuer, est en constante hausse. C’est pour lutter contre ce fléau que le Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) en Ile-de-France vient de lancer une série de vidéos de prévention très pratiques destinées aux responsables d’association, aux dirigeants de salles et aux stagiaires de ses formations.

Constater, analyser, prévenir

Cette initiative est née après un terrible constant. « Nous nous sommes aperçus que la quasi-totalité des terroristes qui étaient impliqués dans des attentats en France était passée par des clubs de sports », résume Michel Godard, le directeur du CREPS Ile-de-France « La plupart avait fait du football, des sports de combat ou étaient membres de salles de remise en forme et de clubs de tir. Nous pensions jusqu’alors que ces terroristes s’étaient croisés en prison mais les études montrent que cela n’est pas le cas. Je serai bien incapable de vous expliquer les raisons de ce phénomène mais nous nous sommes dit qu’il fallait faire quelque chose pour changer cette situation ». Jusqu’alors, l’omerta était plutôt de mise dans ce secteur.

La parole se libère

« Les responsables de club avaient tendance à exclure les radicaux en toute discrétion car ils craignaient que la présence de telles personnes nuise à leur image et leur fasse perdre certains de leurs licenciés », analyse Michel Godard. Le secrétaire-général adjoint de la Fédération française de Handball a connu une telle mésaventure au CREPS.

« Un de nos stagiaires qui souhaitait devenir professeur de judo était radicalisé », se souvient-il « Nous l’avions repéré car il avait des comportements non conformes au cadre sportif. Il ne saluait pas le tatami ni ses partenaires avant les combats, il ne parlait pas aux femmes et souhaitait avoir un temps libre pour la prière le vendredi. J’ai signalé sa présence au numéro vert et j’ai réuni le conseil de discipline pour l’exclure car il ne respectait pas les cadres fondamentaux du sport. Nous avons parlé avec lui pendant 45 minutes et il nous a remercié de l’avoir écouté. Mais cette personne, qui était intelligente, plaçait ses convictions religieuses au-dessus de tout, y compris de sa passion pour le sport. Cela faisait froid dans le dos ».

Des vidéos courtes et pratiques

Pour lutter contre ce phénomène, le CREPS Ile-de-France a cherché à utiliser le medium le plus efficace pour interpeller ses licenciés. « Nous voulions trouver un format pas trop ennuyant et l’idée nous est venu d’utiliser la vidéo », assure Michel Godard. Ces huit vidéos de moins de cinq minutes chacune sont centrées autour de trois principaux chapitres : Constater, Analyser, Prévenir. Composées principalement de témoignages très pratiques, elles donnent un éclairage édifiant sur le problème de la radicalisation dans le sport. L’objectif de ces supports est d’encourager un échange entre les participants à ces formations.

Chaque année, le CREPS Ile-de-France accueille 1300 stagiaires qui souhaitent obtenir des diplômes pour devenir notamment professeur de judo, de handball et de volleyball, maître nageur ou professeur de remise en forme. Dans l’hexagone, les 17 CREPS répartis en région forment tous les ans près de 25 000 formateurs. Ces établissements publics placés sous la tutelle du ministère chargé des sports collaborent en outre avec des institutions italiennes, écossaises, espagnoles et portugaises, dans un programme « Erasmus + », afin de préparer une analyse et de proposer des solutions pour lutter contre la radicalisation dans le sport. La prise de conscience de ce problème est désormais européenne. Mieux vaut tard que jamais…

Retrouvez l’ensemble des vidéos, par ici.

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