23 septembre 2019

Temps de lecture : 3 min

La Fashion Week pour sensibiliser à la vente d’armes illégale ? Pari réussi pour Amnesty

En pleine Fashion Week, Amnesty International crée l’ambivalence et la rupture. L’ambivalence d’une France aussi riche de son savoir faire que de son savoir-tuer. Pour sensibiliser le peuple à la vente d’armes illégale qui prospère sur le territoire, l’ONG prend la parole dans une campagne aussi disruptive que nécessaire, signée DDB° Paris.

En pleine Fashion Week, Amnesty International crée l’ambivalence et la rupture. L’ambivalence d’une France aussi riche de son savoir faire que de son savoir-tuer. Pour sensibiliser le peuple à la vente d’armes illégale qui prospère sur le territoire, l’ONG prend la parole dans une campagne aussi disruptive que nécessaire, signée DDB° Paris.

« La France est universellement connue pour son savoir-faire. Ce ne serait que justice qu’elle le soit pour son savoir-tuer ». En pleine effervescence propre à la Fashion Week, Amnesty International France lève le voile sur la vente d’armes illégale par le gouvernement français et se joue d’un contexte ou fierté et bling bling se noient dans le champagne pour sensibiliser le corps citoyen à la face cachée de ce pays pas toujours si chic et glamour.

Le point de départ : une inconscient collectif mondial qui met la France sur un piédestal pour son savoir-faire et la richesse de son patrimoine. Haute-Couture, luxe, artisanat, le Made in France excelle et conquiert les coeurs sur tous les plans. Un savoir-faire à la française qui sert de point d’encrage à un sujet dénué de toute paillettes : l’armement.

France, entre baguette et magouilles

Remise en contexte pour les non-initiés. Le gouvernement français (3ème exportateur d’armes au monde), qui a pourtant ratifié le Traité international sur le commerce des armes (TCA) en juin 2014 -interdisant les transferts de matériel militaire quand il existe un risque de violations graves du droit international humanitaire et des droits humains-, continue de vendre des armes à des pays qui les utilisent contre des populations civiles, se rendant ainsi complice de crimes de guerre.

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent ainsi avoir un compte premium en France pour leur shopping à gros calibre, sans rappeler leur responsabilité dans la guerre au Yémen désignée comme « la pire catastrophe humanitaire au monde » par les Nations unies. L’Égypte, autre pays commettant des violations des droits humains sur des populations civiles, est également un fidèle client du gouvernement français.

Si depuis 2017 plusieurs pays européens ont cessé de vendre ou de transférer des armes aux pays en cause, la France continue les tours de passe passe et contribue à des crimes dont elle ne saurait supporter les conséquences. Bien évidemment, sans en prévenir le corps citoyen. Parole et pouvoir au peuple ? Démocratie vous dites ?

Rendons à César

Alors pour rappeler au gouvernement ses obligations mais aussi et surtout sensibiliser le grand public à la réalité de notre économie, l’ONG dénonce.

Dans un parallèle entre Fashion Week et armes aussi fin que franc, Amnesty s’arme des créatifs Patrice Dumas, Caroline Lorin de l’agence DDB° Paris sous la direction de création d’Alexander Kalchev et ne lésine pas sur l’inimitié. Pourquoi ? Parce que ces agissement frauduleux sont inadmissibles et causent la mort de milliers de personnes dans le monde.

Affichage sauvage pour agissements sauvages

« Bienvenue au Yémen, showroom de l’armement français »
« French Bombe. Pour lui, pour elle, pour leurs enfants »
« Collection auutomne-hiver »
« Moins de fashion, plus de victimes »

Quatres affiches à la conception-rédaction comme à la création visuelle vrombissantes qui disent tout en si peu. À la manière d’un shooting mode léché, DDB° Paris pense aux détails. Positions excentriques, look aussi avisés que les accessoires mortels qui garnissent les tenues et « ambiance sauvage », tout y est. Avec pour baseline des phrasés aussi pimpants que ceux proposés par les marques de prêt à porter et cosmétiques en haut de l’affiche, une proposition visuelle aussi grave qu’impactante qui remet les pieds sur terre en plein tumulte mondain. Espiègle et tellement parlant, on en oublie le prochain défilé et on se questionne sur cette face obscure des exportations Made in France.

Amnesty ou l’art de la rupture

Après « La rage de vaincre » qui prône la fougue, la cohésion et le militantisme collectif comme cri de ralliement face à un monde qui manque à l’appel du « goût de la victoire »; puis « Uni.e.s pas uniformes » qui se joue des mots engager à une révolution des genres et des comportements citoyens, Amnesty saisit une fois de plus la rédaction de sa créativité tous sujets confondus.

Avec cette dernière prise de parole, l’ONG à l’historique aussi symbolique qu’inspirant impose de plus belle un positionnement en rupture face aux discours culpabilisants ou misérabilistes et détonne de pertinence. « La France c’est la mode, mais c’est aussi le commerce des armes qui tue des civils. Pour que cessent les ventes illégales d’armes, exigeons plus de contrôle et de transparence de la part de notre gouvernement. Signez la pétition sur amnesty.fr ». Tout est dit.

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