15 février 2012

Temps de lecture : 3 min

La vie éternelle est-elle encore un fantasme?

Elle est un vieux rêve qui alimente depuis des siècles aussi bien la SF que la recherche médicale. Demain, il est bien possible que ce rêve devienne une quasi-réalité… Cela imposera de revoir complètement le rapport au temps, au travail et aux objets qui nous entourent.

Ce n’est plus un sujet de délire scientifique: la vie éternelle – ou a minima une vie grandement prolongée – est peut-être à portée de main. Pas dans une centaine d’années mais bien demain. Des scientifiques du monde entier travaillent à comprendre les mécanismes du vieillissement et certains savent déjà comment les ralentir en laboratoire, à l’aide de molécules qui sont distribuées aujourd’hui en pharmacie (comme la rapamycine).

Ces avancées sont les prolongements scientifiques d’une évolution générale qui nous fait gagner chaque année un peu plus d’espérance de vie.

LES VIEUX HYPERACTIFS SONT-ILS ENCORE DES VIEUX ?

Tout le monde le sait, la question des seniors est une question centrale des années à venir. Avec le prolongement de la vie, elle sera d’une acuité particulière. Mais peut-on encore parler de seniors ou même d’aînés alors que déjà certains, en retraite, sont rappelés à la direction de grandes boites pour remettre les navires à flots, parce qu’ils connaissent leur métier sur le bout des doigts ? Alors que c’est un homme de 93 ans – Stéphane Hessel, qui a pris le lead du jeune mouvement des indignés en France ? Alors qu’un centenaire est désormais capable de boucler le marathon de Toronto ? Le mot senior est-il vraiment adapté alors que leur grand âge ne leur interdit plus rien (ou presque)?
LOUER LES SERVICES D’UN VIEUX

La forme olympique des + de 70 ans imposera demain de revoir l’organisation du travail. Plus question de prendre une retraite à 60 ans alors que l’on court encore le 100 mètres en 12 secondes. La retraite se prendra tout au long de la vie, et à 70 ans, chacun sera encore classé parmi les actifs.
Cela sera aussi une nécessité économique. Déjà certaines entreprises répertorient des seniors prêts à offrir leurs services pour des travaux ménagers ou autres tâches. Histoire de rester actifs tout en arrondissant leurs fins de mois.

C’est le cas de RENT-A-RENTNER, un site internet suisse qui met en relation de « jeunes actifs  avec de « vieux-actifs » désireux de s’activer. On voit également se développer le concept des grand-mères au pair. Quant à l’entreprise de mode GOLDEN HOOK, elle propose à ses clients (de jeunes trentenaires certainement) des bonnets et des écharpes 100% faits main par des grand-mères, « de vraies Bruce Lee de la maille ».

Golden Hook permet ainsi aux grand-mères de desserrer un peu la ceinture et à ses clients de résister aux grands froids. Le tout avec un supplément d’âme «made in MamieLand».
DE L’OBSOLESCENCE PROGRAMMEE AUX OFFRES DE SERVICES
Dans un monde où chacun peut vivre (quasi) éternellement, il est fort possible que l’obsolescence programmée, largement dénoncée à coups de documentaires édifiants, devienne une aberration. Certains avancent aujourd’hui en effet que les objets du quotidien – comme les ampoules électriques – sont conçus pour périmer au delà d’un certain nombre d’utilisations. Et il semble bien que les faits leur donnent raison : dans une caserne américaine, une ampoule fonctionnerait depuis…plus de 100 ans, à tel point qu’elle fait l’objet d’un culte à chaque anniversaire.
Cette obsolescence programmée n’a plus de sens si la vie prolongée amène chacun à voir « la fin naturelle de ses objets ». Du coup, les entreprises devront revoir leur business model pour passer de la vente de produits à la vente de services. Elles sont déjà un certain nombre à le faire, sous le coup des assauts écologistes et de l’évolution de modes de consommation.

Michelin ne vend plus du pneu mais du « kilomètre », Xerox de la photocopie et non plus des photocopieurs, EDF des services de performance énergétique et non plus des instruments de fourniture en énergie ou du kilowatt/heure.La vie quasi-éternelle est un choix de société. Qui est peut-être déjà fait. «On ne peut s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux», avait dit Matisse. Demain, on pourrait bien parvenir à empêcher les deux.

Alexis Botaya
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