11 février 2013

Temps de lecture : 4 min

Les dernières innovations au secours d’une industrie musicale déboussolée

La musique n'a jamais eu autant d'opportunités économiques et artistiques de s'épanouir. Pourtant certains choix stratégiques laissent à désirer. Tour d'horizon des dernières innovations de ce secteur qui fait rêver mais est légèrement perdu...

Avec un éclectisme, une envie d’innover portée par une appétence affirmée pour les nouvelles expériences « connectées », les saints sauveurs de l’industrie musicale ne sont plus forcément producteurs ou artistes…mais des entrepreneurs offrant de nouvelles perspectives « bankables » aux rapports talents/audiences. Le MIDEM 2013 ne s’y est pas trompé, réservant la part belle à des start-ups innovantes lors d’un MIDEMLAB très révélateur des évolutions à venir.

Que faut-il en tirer comme grands enseignements ?

1. La quête du fan s’industrialise

Créer une communauté n’est plus simplement le sésame vers la reconnaissance. C’est avant tout la base du revenu des artistes et le sera de plus en plus. En parallèle, la monétisation directe ou indirecte des contenus, facilitée par de nouveaux outils digitaux permettant de collecter plus simplement ses royalties, va peut-être enfin permettre aux artistes lambda de vivre de leur musique aussi grâce au digital.

Pour cela, de nombreuses innovations présentées au MIDEM sont édifiantes :

+ Faire de ses fans ses meilleurs « commerciaux », et bien sûr, les récompenser de leurs efforts >> Jamplify.com

+ Démultiplier sa fanbase en l’alimentant régulièrement de contenus et rewards (« direct to fans » distribution) >> Fandistro.com

2. Inventer de nouveaux modes de distribution pour ses contenus

Dix ans que la « visibilité » est la base pour émerger sur le web. De l’arrivée de MySpace à l’explosion des fan-pages Facebook ou des chaînes d’artistes sur Youtube, il faut être vu. Avec une interaction réelle extrêmement limitée de fait.

Les nouvelles plates-formes qui arrivent, avec comme ambition le service aux artistes comme aux consommateurs, ouvrent de belles perspectives pour faciliter la fluidité des contenus et amplifier les interactions directes entre le talent et ses audiences. Ces nouveaux services font la part belle au « live », matière vivante par excellence, comme à l’implication du fan de tout temps meilleur ambassadeur des artistes :

+ Le « peer to peer » du booking de concert… Programmateur ou artiste : comment monter sa tournée en deux clics… >> Mytourmanager.com

+ Augmenter ses rotations radio directement grâce à ses fans ! >> Spins.fm

+ Créer facilement sa propre radio « sociale » sur le web >> Yasound.com

+ Simplifier et démocratiser le marché de la licence musicale : acheter le morceau désiré en seulement quelques clics >> Rightclearing.com

+ Collecter rapidement des royalites sur la diffusion de ses œuvres aux quatre coins de la planète >> Kollector.com

3. Imaginer de nouvelles expériences

Des fanbases décuplées, de nouveaux modes de distribution directement connectés aux audiences… Mais aussi un champ de création qui s’étend et touchera de plus en plus la manière de nourrir la relation avec ses fans.

Typiquement un territoire où les marques ont de belles choses à construire avec les talents de la musique, qu’ils soient déjà reconnus, ou simplement intéressants par leurs innovations, leur approche originale et inspirante du « creative marketing ».

+ Professionnaliser les « fanzines de fans »… >> Mymusic.com

+ Envoyer un message en musique…ou comment trouver de nouvelles sources de revenus tout en valorisant ses compositions >> Musigram.com

+ La gamification du « fan »…l’inciter à s’informer/collecter le max d’infos sur l’artiste >> Decksi.com

+ De petits robots s’approprient les morceaux que vous écoutez sur vos réseaux sociaux… >> Beatrobo.com

+ Live streamer son concert auprès d’une large communauté, le rendre interactif et le monétiser en quelques clics >> Stageit.com

+ Faire de ses fans les meilleurs réalisateurs et promoteurs de ses live ! >> Vyclone.com

Au cœur des révolutions en cours, un leitmotiv vient englober tout le reste : réinventer la distribution de la musique, créer de nouveaux liens avec « l’audience », et par là même, de nouveaux modes de création de valeur pour reconstruire un modèle économique viable pour les artistes (en herbe ou confirmés).

Toutes ces innovations vont dans le bons sens : à contre-sens d’une histoire qui s’écrit depuis plus de 10 ans…

« Et non, tout n’est pas foutu…et c’est merveilleux ! ». Trop longtemps que la même litanie perdure, sans ralentir ou à peine : le marché de la musique décroît de trimestres en années, sans d’autre espoir que de discerner dans la brume les prémisses d’un nouvel âge d’or numérique. Les labels produisent moins, les contrats sont rompus avec ces stars « désuètes », jugées plus assez rentables. Les nouvelles signatures – certaines d’un avenir plus radieux sous les palmiers des majors du disque plutôt qu’en indépendants –  s’engagent sur des contrats à  « 360° » qui ne les protègent de rien… Si ce n’est de la certitude de mettre leur destin professionnel entre les mains de vieux routiers sans boussole.

Pour tous les autres (95% des artistes), l’avenir est ailleurs. Et pas forcément moins radieux ! Pour eux, éclaireurs d’un nouvel âge, l’avenir tient peut-être dans la poche…sous la forme d’un smart phone connecté. Lien direct avec leurs communautés, sésame d’un eldorado ou le « direct to fan » tient lieu de mantra.

Cette génération déjà appelée « M » (pour Mobile), qui consomme en masse sa musique en ligne, ne remplit pas forcément le stade de France pour chanter « Gabrielle ». Mais sa vie est largement occupée par la musique.

Alors tout est-il si désespéré que cela dans le monde de l’industrie musicale en 2013 ? Le phénomène est beaucoup moins simple à appréhender qu’il y a vingt ans, c’est certain. La « killer app »  qui remplacera la poule aux d’or du « CD roi » chez les majors du disque n’a pas encore fait son apparition à notre connaissance.

Mais pour la masse des artistes passionnés, n’est-ce pas tout bonnement un éventail d’ opportunités formidables et historiques que leur offrent aujourd’hui les vertes prairies du numérique ?

« Tout est foutu »… Peut-être pour quelques malchanceux, mais tellement merveilleux pour tous les autres !

Gaël Solignac-Erlong / @solignac_erlong
Directeur Général Adjoint de MOXIE Paris

Crédit photo (en vignette) : Everyday Listening

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