4 juin 2009

Temps de lecture : 4 min

« Il n’y aura pas de gPhone »

Relations Twitter-Google, évolution des réseaux sociaux, Orkut, Android, impacts de la crise financière : interview exclusive de Mats Carduner, directeur général de Google France et Europe du sud

Relations Twitter-Google, évolution des réseaux sociaux, Orkut, Android, impacts de la crise financière : interview exclusive de Mats Carduner, directeur général de Google France et Europe du sud

INfluencia : le fondateur de Google, Larry Page a récemment reconnu que par rapport à Twitter, Google n’avait pas « fait du bon travail jusqu’à maintenant » (voir vidéo en bas de l’article). Qu’en est- il des relations Google-Twitter ? Et plus largement Google n’a-t-il pas pris du retard par rapport au phénomène des réseaux sociaux ?
Mats Carduner : pas du tout. Le rachat de YouTube en octobre 2006 montre l’intérêt que nous portons depuis longtemps à ce domaine. YouTube est non seulement le 6ème site mondial en termes de trafic mais il est totalement emblématique des nouveaux usages. Nous encourageons la créativité et l’usage des applications grâce à Open Social lancé en novembre 2007 et qui est en plein développement. Open Social permet de fédérer les différents réseaux sociaux dans une philosophie opensource. C’est un projet intéressant, un nouvel aperçu du monde des réseaux sociaux. Nous venons également d’annoncer le lancement de Google Wave. Cette plateforme de communications offre une interaction plus efficace entre les internautes, afin d’échanger en temps réel, dialogues, photos, vidéos, cartes, documents et autres informations au sein d’un espace de communication unique et communautaire, appelé « wave ». Tous les internautes invités à participer à une « wave » pourront insérer une réponse ou directement modifier la « wave », et voir instantanément ce que tapent leurs collaborateurs et même faire apparaître une « wave » sur un blog ou un site web, dont le contenu sera instantanément mis à jour au fur et à mesure des modifications sur la plateforme. Le but est de permettre aux internautes de communiquer et de collaborer de façon plus riche, plus instantanée et plus centralisée. De plus, mais on le sait moins en France, Google a déjà un très gros réseau social, Orkut, lancé il y a plusieurs années et qui est numéro un au Brésil et en Inde.
Concernant Twitter, dont je suis personnellement un très grand fan, il est évident que le projet est très intéressant. Mais Twitter est-il un réseau social ou un fil d’informations ? Les réseaux sociaux sont emblématiques de cet Internet ouvert et innovant qui permet de trouver de nouvelles applications tous les jours, mais ils n’ont de valeur que par ce qu’ils proposent. Twitter a inventé une espèce de recherche en temps réel. Chez Google nous travaillons sur l’exhaustivité des contenus, la pertinence des résultats, la rapidité, l’amélioration de l’interface utilisateurs pour qu’elle soit la plus simple possible. Nous sommes une immense base de données d’intentions humaines, une caisse de résonance. Donc il y a forcément des axes qui nous rapprochent de Twitter. Mais nous ne voulons pas forcément nous disperser tout azimut. Nous sommes à l’écoute de toutes les meilleures innovations.

Verra-t-on un jour un Google Phone tutoyer un iPhone?

Il n’y a pas et il n’y aura pas de gPhone ou de Google Phone. Nous le répétons haut et fort, ce n’est pas notre métier. Nous ne sommes pas dans la partie opérateurs ou fabricants. Nous avons lancé Android qui est un système d’exploitation en open source, c’est à dire ouvert, afin d’encourager la créativité et l’usage d’applications pour mobiles. Des milliers de développeurs et d’individus peuvent y placer des applications et des services nouveaux. Nous souhaitons qu’il soit adapté par de nombreux opérateurs et fabricants. Cela commence à se développer. Ainsi SFR a tout récemment officialisé le lancement du HTC Magic, un smartphone fonctionnant avec Android. Bien évidemment nous souhaitons que les produits Google soient utilisés mais ce n’est pas notre but ultime. Notre ambition est d’encourager la création d’un écosystème qui va favoriser le développement de l’Internet mobile. L’accès au web et à Google en particulier, en toute situation est une priorité de notre entreprise. Le premier milliard d’internautes a accédé au web par le pc, pour le second ce sera par le mobile.

Google souffre-t-il de la crise financière?

Notre chiffre d’affaires est fait de pub donc je ne vais pas vous mentir! Nous ressentons forcément la crise. Mais je suis optimiste pour plusieurs raisons et je pense que cette période difficile sera favorable à Internet et à Google. D’abord parce que la France est en retard et n’a pas encore fait le plein d’internautes. Ensuite parce qu’en temps de crise, le Web redouble de sens. Les consommateurs sont devenus plus sélectifs, ils s’informent plus et partagent avec d’autres. Et comme tout est de plus en plus numérique, ils surfent davantage pour comparer les prix et les offres, afin de dépenser moins. C’est l’ère du consom’acteur. Les rapports de force entre offreurs et demandeurs sont inversés. Enfin, troisième raison : parce que nous offrons aux entreprises, quelle que soit leur taille, des systèmes publicitaires très efficaces et mesurables, comme Adwords, basé sur la performance et la mesure du ROI.

Vous êtes la marque mondiale la plus puissante. On a beaucoup dit que Google était un media ? Comment vous définissez-vous ?

Nous sommes un moteur de recherche et le resterons. Google, tout comme YouTube ne sont ni éditeur, ni producteur de contenus. Nous sommes agrégateurs et desagrégateurs de flux. Les internautes ne restent que quelques fractions de secondes, ils viennent, ils partent, ils reviennent, c’est tout l’inverse d’un media.

Isabelle Musnik

conférence Zeitgeist Europe 2009

 

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