27 mai 2011

Temps de lecture : 2 min

Libérer les données…

A l'instar du web2 en son temps, l'opendata est un changement aussi massif que radical pour l'internet. Et donc pour le monde, puisque chacun sait qu'Internet change le monde. La décision de la France de lancer d’ici la fin de l’année un portail d’accès libre aux données publiques est à cet égard une avancée majeure... Par Manuel Diaz, Président de Emakina Fance.

L’opendata, ce n’est pas seulement une « Libération des données publiques ». C’est, pour une organisation ou une entreprise, le choix fondamental d’une stratégie de développement quasi révolutionnaire. Pour apporter à ses clients ou usagers les services dont ils ont besoin, une organisation moderne et performante dispose nécessairement d’importantes bases de données lui permettant d’élaborer les offres les plus pertinentes.

Traditionnellement, « à l’ancienne », on se réserve ces données et on ne compte que sur ses forces propres pour chercher des idées, choisir les meilleures, les concrétiser et les faire vivre. Avec une incertitude majeure : toutes ces étapes seront-elles exécutées assez vite et bien pour permettre de l’emporter sur un concurrent plus performant ? Les innovations ne seront-elles pas décalées par rapport aux attentes de consommateurs ou d’usagers qui auraient évolué plus rapidement ?

Avec l’opendata, tout change. En permettant à d’autres d’accéder aux données, on stimule tout ce que l’environnement compte de cerveaux, de compétences et d’esprit d’entreprise. A eux les idées et la tâche de faire et réussir. A l’organisation concernée de créer les conditions d’exploitation des données, d’animer et de donner un sens pour susciter ce qu’elle souhaite faire. Ce modèle est parfaitement illustré par l’exemple de la Régie des transports de Rennes, qui voulait développer une application mobile d’intermodalité des transports dans l’agglomération. Plutôt que de lancer des études, de publier un cahier des charges, d’ouvrir un marché et le reste, la Régie a décidé avec la Ville de Rennes de libérer les données. Six mois plus tard, elle avait récolté 56 applications !

L’opendata est donc bien un modèle pour mieux satisfaire consommateurs ou usagers en suscitant plus d’idées, plus vite, et à moindre coût. En renonçant à l’idée qu’une organisation ne doit compter que sur elle-même, en acceptant de perdre le contrôle, en tournant le dos à l’idée de cloisonnement, on s’ouvre à un monde nouveau, interconnecté, collaboratif, où l’innovation et la vitesse sont au cœur de la compétitivité.

Stratégie de rupture inspirée des concepts du logiciel libre et plus largement de l’esprit libertaire et libéral de l’internet, l’opendata part du principe que la réussite passe par l’innovation, la capacité à être en symbiose avec son public, avec vitesse et sens des opportunités. Par rapport au Web 2, l’opendata propose de passer de la participation à l’implication directe du public.

Prioritairement pour les uns ou accessoirement pour les autres, c’est aussi faire acte de transparence et répondre à une attente très forte de la société d’aujourd’hui, on le voit bien avec Wikileaks ou Regards Citoyen. Ou, avec la mission Etalab initiée par le Premier ministre français. Sept ans après l’apparition du web 2, nous sommes entrés dans une nouvelle étape de démocratisation. Partout, les gens se saisissent des données, les réclament, sinon les constituent eux-mêmes. Il y a donc une pression sociétale forte.

Ce n’est donc pas douteux: l’opendata s’imposera et l’entreprise comme le politique doivent se faire à l’idée que l’avenir sera fait de collaboration. D’abord parce que, lorsque la libération ne vient pas «d’en haut», elle s’impose «d’en bas». Ensuite parce que, loin de constituer une perte de pouvoir ou de puissance, l’opendata permet à ceux qui l’adoptent d’être plus innovants, plus dynamiques, plus efficients et surtout en symbiose avec leur environnement.

Entre rester replié sur soi-même et s’ouvrir, entre avancer lentement et bouger avec agilité, y a-t-il encore un vrai choix? A l’heure d’Internet on ne remonte jamais les murs qui sont déjà tombés.

Manuel Diaz
Président de Emakina Fance.

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