21 septembre 2011

Temps de lecture : 3 min

Frédéric Bedin, Le Public Système: relançons en France le marché des idées!

En 1974, la publicité disait : "en France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées !". Cette allégation est sans doute vraie, mais pour que les idées aient une valeur il faut qu’elles soient mises en commun afin d’en créer de nouvelles, plus grandes et plus productives. Pour faire face à la crise, osons créer une bulle avec nos actifs immatériels.

Des Français avaient inventé en même temps que des Américains le Phonographe, la photo ou le MP3, mais Edison, Eastman ou Apple ont su les vendre. En cela, les sciences du marketing sont essentielles à l’innovation, autant que la recherche fondamentale puisque c’est dans la rencontre entre l’offre et la demande que naît le succès économique d’une nouveauté.

Les modes de vie urbains sont en train d’évoluer car un afficheur, un urbaniste, un cycliste et un informaticien ont inventé le Velib’ et ses homologues, fabriquant une grande idée en mélangeant quatre savoir-faire. On raconte que la technologie du double contact qui a rendu si différente l’expérience utilisateur des I-Phone a été trouvée sur un salon au hasard d’une visite par Steve Jobs qui est féru de ces foires aux idées nouvelles.
Alors je suggère de prendre à bras le corps la dynamisation du marché des idées, car la seule solution « par le haut » pour sortir de la crise est de relancer l’émergence d’innovations.L’innovation, trop souvent imagée dans nos esprits par des chercheurs en blouses blanches, consiste en réalité à assembler des services, des technologies, des créations artistiques de façon nouvelle, afin de mieux répondre aux besoins de clients potentiels.

Pour créer un marché des idées, il faut des places de marché, physiques ou virtuelles, permanentes ou événementielles, mais connues de tous. Un « Meetic des inventions » serait utile, avec certainement des lieux et des moments plus nombreux de rencontres physiques et de partage. On se rencontre facilement sur un site internet mais le jour du mariage et pour faire des bébés, un peu de contact est humainement plus agréable. 

Comme il en va de même sur le partage des idées entre technologies et sciences humaines, commerciaux et futurs financiers, les Israéliens ont rassemblé physiquement sur un même campus toutes ces spécialités afin de fusionner les futures générations d’entrepreneurs, quitte à ce que cela se passe dans une boîte de nuit. Il fut un temps où le quartier latin avait cette fonction, mais la spécialisation de campus disséminés a fait disparaître cette joyeuse effervescence créative. Pourquoi ne pas mettre HEC à Polytechnique et la fac de médecine à l’Essec ?Nous avons des atouts à utiliser : la France est attractive en terme de Salons, d’expositions ou de festivals , et il faut noter que si nous avons une industrie performante de l’automobile, nous avons aussi le plus grand salon du monde, on doit sans doute notre cinéma créatif et performant aux festivals de Cannes ou de Deauville, le salon du Bourget épaule Airbus et Dassault, etc. Encourageons encore la confrontation des idées en créant des centres de conférences et parcs d’exposition plus grands et plus modernes.

Pour qu’un marché fonctionne, il faut des acteurs capables d’ échanger. En cela nous avons de grands progrès à faire pour décloisonner les corridors étanches. Les industriels doivent s’intéresser aux designers, qui doivent écouter les financiers, eux-mêmes sensibilisés au Marketing, aux besoins publics et privés. Le monde de l’éducation, de l’art, de la recherche, de l’entreprise, de l’économie sociale, des ONG pourrait mettre en commun points de vue et expériences pour trouver les regards innovants sur la combinaison des actifs qui existent déjà. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », y compris les idées.

A l’heure du retraitement des déchets et des matériaux, je suggère l’organisation d’une conférence internationale sur le retraitement des actifs immatériels.
Un marché nécessite des règles simples ; nos réglementations sur les brevets et la propriété industrielle et intellectuelle sont désuètes au temps de l’Internet. Pourquoi ne pas adopter une sorte de copyright, appartenant à la première personne ayant mis une idée sur le marché ?
La France, pays des lumières, a dans son ADN la capacité à devenir cette place de marché mondiale. Le patrimoine touristique et culturel est le lieu d’accueil idéal de ces rencontres. Cannes, Deauville, Paris, Aix en Provence jouent déjà ce rôle à leur échelle.

Je propose donc de lancer le projet d’une grande exposition universelle des idées dans 4 à 8 ans, qui nous permettrait de faire converger les énergies de tous les innovateurs français, européens et mondiaux vers une sortie de crise heureuse. Si nous parvenons à remettre en effervescence le marché des idées, nul doute que la prospérité suivra, quitte à ce qu’elle ne ressemble pas du tout à celle d’hier.

Frédéric Bedin
Directeur Général du Groupe PUBLIC SYSTEME HOPSCOTCH
ex Président de Croissance Plus

Source : Les Echos

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