24 mars 2014

Temps de lecture : 3 min

Newsbeat : le journalisme robotisé ?

Adaptation oblige, la presse traditionnelle a trouvé dans les innovations digitales un allié incontournable. Avec le robot-journalisme, elle est peut-être en train de se construire un nouveau levier pour capitaliser au mieux son produit d’appel, l’information...

Et si pour les groupes de presse, la robotique constituait la nouvelle réponse imparable à la révolution technologique des modes de consommation et de production de l’information ? Aux Etats-Unis, Tribune Company fournit coup sur coup deux preuves concrètes de sa vision économique du mass média de demain. Quelques jours après la première mondiale du L.A Times, pionnier du robot-journalisme, le groupe de Chicago lançait Newsbeat, une application permettant à l’utilisateur de se faire lire son journal comme s’il écoutait la radio.

Si les algorithmes permettent déjà dans certaines rédactions de générer du contenu, elles n’avaient encore jamais remplacé un journaliste dans la rédaction d’un article. C’est désormais chose faite depuis le lundi 17 mars. Moins de cinq minutes après le tremblement de terre sans incident qui a frappé Los Angeles, le quotidien de la Cité des anges sortait un court article réalisé automatiquement par informatique, sans la moindre intervention humaine. Créé par le journaliste et programmeur Ken Schwencke, l’algorithme inédit programme l’écriture automatique d’un article quasi en temps réel et ce à chaque tremblement de terre. La semaine passée, il aura fallu trois minutes au robot du L.A Times pour mettre en ligne le compte rendu du tremblement de terre. Cette information robotisée remet-elle en question la valeur ajoutée de l’Homme dans la production de contenu média ? Pour Ken Schwencke, le robot constitue un supplément et non pas un substitut.

Pour une audience attentive

« De la manière dont je conçois son utilisation, cet algorithme permet de collecter et propager rapidement des données disponibles, qui sont placées dans un template pré écrit. Pour certaines histoires comme les tremblements de terre, cela permet de faire gagner du temps à la rédaction et de publier très rapidement une information sûrement aussi bien relatée que si un journaliste l’avait écrite », commente dans Slate le programmeur du L.A Times. Ce contenu robotisé, encore faut-il pouvoir le monétiser ! Le Tribune Company joue là aussi les pionniers.

Responsable du Tribune Digital Ventures, récente entité chargée de trouver des nouveaux leviers de revenus au groupe de Chicago, Shashi Seth propose de transformer l’info écrite en un contenu audio qui s’écoute comme une radio. Comment ? Avec l’application Newsbeat, lancée le 20 mars et qui s’adresse en priorité aux consommateurs de news en voiture ou aux clubs de gym. Soit deux espaces où l’audience a massivement migré vers les services en streaming, principalement de la musique.

Une nouvelle industrie à l’horizon ?

Newsbeat dispose déjà d’accords avec 600 titres de presse, soit 75% du marché nord-américain selon Shashi Seth. « Nous voulons rapidement avoir 100% du marché, mais pas seulement les publications. Nous sommes aussi intéressés par les blogs, les sites Web et tout ce qui peut être une source d’info pertinente et intéressante pour le public » explique-t-il à AdAge.

Pour conter les 100 articles jugés prioritaires, Newsbeat s’est offert la voix d’artistes professionnels, le reste du contenu étant lu par une technologie similaire à celle de Siri. Chaque utilisateur pourra enregistrer ses préférences thématiques et ses sources d’info favorites, tout comme Newsbeat lui indiquera également son temps de transport avant l’arrivée à destination, ajustant automatiquement la longueur de son contenu. Comme pour le robot-journalisme du L.A Times, l’intelligence artificielle innove et modifie un cadre de comportement de consommation.

Quid du modèle économique de ce nouveau levier ? La pub radio, tout simplement, au rythme de deux spots toutes les dix minutes. « Comme Pandora et Spotify l’ont fait pour la musique, Newsbeat pourrait créer une nouvelle industrie », s’emballe M. Seth, ancien chef de produit chez Yahoo et Google. Le temps lui donnera vite raison ou tort mais selon nous, l’analyse sent bon l’anticipation gagnante. A condition que le journaliste fait de chair et de sang soit aux commandes…

Benjamin Adler / @BenjaminAdlerLA

Pour télécharger l’application, cliquez sur l’image

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