26 mars 2012

Temps de lecture : 2 min

Les réseaux sociaux entre services d’urgences et délation…

Ancien fleuron de l’industrie automobile américaine, la ville centenaire de Flint symbolise aujourd’hui la déliquescence sociale du nord ouvrier. Dans ce nid de chômage et de délinquance, les médias sociaux prennent un autre sens.

Alors que l’adaptation de la série à succès des années 80 «21 Jump Street» cartonne au box office américain, le clin d’oeil est amusant. Mais pour les 21 administrateurs du Flint Police Operations Social Group, leur mission n’a rien d’une ludique fiction: réhabiliter Flint, dans l’état du Michigan, meurtri par la délinquance. Leur arme? Les médias sociaux, devenus des outils citoyens de surveillance et de prévention contre le crime.

Fondé il y a deux ans par un ancien militaire, fier de l’histoire de sa ville et furieux des coupes budgétaires opérées dans les services de police, le FPOSC transforme Facebook, Twitter et Google + en relais du célèbre 911, le numéro d’urgence des Etats-Unis. En se relayant 24 heures sur 24 six jours sur sept, les 21 volontaires permettent à ses 32 000 suiveurs d’être instantanément au courant de chaque intervention, incident ou mise en garde.

Composé d’auxiliaires médicaux, de pompiers, de militaires et de citoyens frustrés par le manque d’effectif de la police de la ville, ce groupe de surveillance de voisinage en ligne profite de services gratuits et légaux comme RadioReference pour seconder les forces de l’ordre. Une récente étude de l’université de Michigan State démontre que sur une heure d’activité, celles-ci passent 57,5 minutes à répondre aux urgences et à les dispatcher. Quand on sait que la cité où naquit General Motors il y a un siècle est l’une des plus dangereuses du pays, l’initiative de mise en alerte du Flint Police Operations prend tout son sens.

Tout en refusant la promotion de l’autodéfense, l’autoproclamé Groupe Social se vante de ne pas uniquement rendre compte des crimes. Pour lui, prise de conscience et savoir sont des armes citoyennes importantes dans la lutte contre le crime. Avec 27 000 suiveurs, sa page Facebook touche un quart de la population de la ville. Seulement, voilà, avec une ambition comme celle de «nettoyer les rues», mise en avant par une des administratrices sur le site TechCrunch, le FPOSC affiche sa perniciosité.

En pleine polémique nationale sur la mort en Floride d’un jeune adolescent afro-américain, Trayvon Martin, assassiné sans mobile valable par le membre d’une milice de surveillance de quartier, la police-citoyenne n’est pas en odeur de sainteté. On le comprend… L’Etat de Californie envisage d’ailleurs de digitaliser sa fréquence de police pour que le peuple ne puisse plus y avoir accès.

Ce type de stratégie basée sur les réseaux sociaux a forcément un avenir devant elle malgré sa double face. Car même si elle peut s’avérer d’un intérêt public, ses travers propres à la délation et à la propagande ne sont jamais bien loin. Facebook, Twitter ou Foursquare ont des atouts indéniables pour remplir ce sale boulot… Mais ne soyons pas trop pessimiste et accordons pour le moment le bénéfice du doute à FPOSC… God save social networks…

Benjamin Adler

Rubrique réalisée en partenariat avec ETO

Page du compte Twitter de la Police de Flint

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