4 mai 2015

Temps de lecture : 3 min

Réflexion : Pourquoi nos territoires ont-ils besoin d’une chapelle artistique ?

Et si l’art devenait spirituel ? L’individu recherche aujourd’hui différentes formes de spiritualités et un temple dédié à la créativité pourrait avoir du sens…

Et si l’art devenait spirituel ? L’individu recherche aujourd’hui différentes formes de spiritualités et un temple dédié à la créativité pourrait avoir du sens…

Soixante-dix ans de croissance urbaine, économique et démographique parsemés de crises en tout genre ont pour le moins fatigué notre humanité. A cela, rajoutons l’accélération du temps pour cause d’avènement de l’ère numérique et la coupe est pleine… L’humain cherche une échappatoire, un nouveau territoire où il pourrait s’exprimer et s’épanouir ! Les religions et les nations ont du mal à rassembler et surtout rassurer l’individu qui cherche, comme il a toujours cherché, un but, un espoir…

Le culte de la créativité

De cette perte de repère émergent des projets, des idées mais aussi des idéologies. Celle d’une chapelle dédiée à l’art et à la création artistique commence à poindre le bout de son autel. Et le premier projet à avoir vu le jour est la fameuse chapelle Rothko commissionnée par la ville de Houston. L’édifice construit en 1970 reprend les codes d’une bâtisse religieuse, avec un autel, des bancs et un décor minimaliste. Pourtant, la plupart du temps les gens s’assoient à même le sol…

L’esprit « less is more » règne en maître avec une vraie volonté de dépouillement et de neutralité. Néanmoins aucune croyance monothéiste ou autre n’est représentée dans cette enceinte. Ici, on se recueille devant des expositions de peintures, des concerts, des séances de films ou bien on participe en cœur à des cours de yoga, Tai-Chi et autres pratiques de méditations. Ici, tout est réuni pour s’éveiller non pas à un dieu mais à soi. Ici, ce qui fait la différence, ce ne sont pas les activités mais l’atmosphère dans laquelle elles sont réalisées. La Chapelle Rothko du nom du célèbre peintre américain, digne représentant de l’expressionisme abstrait, a depuis fait des petits. Et c’est Austin, ville « faussement texane » qui emboîte le pas en construisant sa propre chapelle baptisée sobrement la Ellsworth Kelly’s Austin. Le sanctuaire, financé par le Blanton Museum of Art et situé en plein milieu du campus universitaire du Texas sera pensé comme un havre de paix. La lumière y est permanente avec des couleurs évolutives et fait référence aux vitraux d’une église. La contemplation y sera le maître mot comme le stipule Bill Powers, le président de l’université sur le site de l’institution.

Même si ces chapelles ont pour mission d’éveiller l’individu, l’imagerie religieuse est bien présente dans ces projets. Comme si seule cette part iconique religieuse aidait à mieux engager les personnes, même si, culture oblige, les codes religieux sont ici détournés à des fins créatives et de conversations. Dans leur conception, on retrouve l’inspiration de deux édifices mythiques : la chapelle du Rosaire de Vence décorée par Matisse et la chapelle de Ronchamp pensée par Le Corbusier. Deux lieux de culte mais leur conception et la réflexion qui ont entouré leur création relèvent bel et bien d’une vraie démarche artistique voulue par les deux grands artistes contemporains.

On pourrait imaginer des endroits d’un nouveau genre s’implanter en ville ou dans des lieux reculés. Des sites qui permettraient, au-delà des musées et autres scènes artistiques, d’offrir une vraie forme de spiritualité à l’Art et à la créativité en général. Les marques aussi pourraient épouser ce concept et laisser la créativité, la culture et leur histoire se propager dans ce type de lieu atypique. Sans pour autant faire du « prosélytisme marketing », elles auraient la possibilité de créer de l’engagement et une relation au travers d’activités en phase avec leur produit tout en offrant une expérience forte au consommateur. Ce nouveau mouvement pourrait créer des vocations et ouvrir les chakras de personnes pas vraiment intéressées par les établissements culturels actuels. Il pourrait aussi amener en centre urbain, un espace d’échange, de création et de conversation encore jamais exploité… Aidant ainsi la spiritualité de l’homme à se manifester avec encore plus d’évidence…

Cover : Chad Kleitsch

Découvrez la chapelle de Rothko

À lire aussi sur le même thème

Les Newsletters du groupe INfluencia : La quotidienne influencia — minted — the good. Recevez une dose d'innovations Pub, Media, Marketing, AdTech... et de GOOD

Bonne idée ! Je m'inscris !

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia