23 novembre 2016

Temps de lecture : 3 min

Comment Carrefour se « startupise »

La transformation digitale est une problématique aussi vaste que cruciale pour les grands groupes, qu'ils soient français ou non. Nous lui avons d'ailleurs consacré notre dernière Revue. Chez Carrefour, la "startupisation" s'accélère avec l'immersion de jeunes cadres dans 14 start-up de la French Tech.

La transformation digitale est une problématique aussi vaste que cruciale pour les grands groupes, qu’ils soient français ou non. Nous lui avons d’ailleurs consacré notre dernière Revue. Chez Carrefour, la « startupisation » s’accélère avec l’immersion de jeunes cadres dans 14 start-up de la French Tech.

Ennemie jurée des millennials les plus adeptes des circuits courts, des petites exploitations biologiques de proximité et de la vente directe du producteur au consommateur, la grande distribution soigne son image par un marketing adapté à sa nouvelle problématique: la transformation digitale  . Pour Carrefour, cela revient à s’aventurer sur le terrain de jeu des générations Y et Z, viviers de « digital natives » conscientisés où ses pourfendeurs sont les plus bruyants. Comme Orange, le géant français de la grande distribution répond au challenge par la « startupisation » de sa culture RH et son mode de fonctionnement interne. La nouvelle mesure immersive du programme « Graduate Digital » sert de produit d’appel pour jeunes diplômés et entrepreneurs.

Changer d’organisation pour devenir plus souple, plus agile, plus libéré, moins hiérarchique ne relève même plus de la logique pour n’importe quelle grande entreprise. « C’est logique et essentiel car il faut réinventer un modèle, le magasin physique, qui doit évoluer avec la culture du digital », explique Thierry Roger, directeur de l’espace emploi France de Carrefour. Pour le premier employeur du privé en France, dixit Isabelle Calvez, sa directrice des ressources humaines, l’imprégnation de la culture digitale et du mode de fonctionnement des start-up passe aussi par sa politique interne de recrutement et de RH.

Avec « Graduate Digital », qui existe depuis deux ans, Carrefour ne se contente plus d’accélérer les carrières des jeunes diplômés, comme l’ambitionne son programme précédent « Graduate Dirigeant ». Le groupe envoie désormais ses jeunes talents, treize exactement, s’immerger pendant trois mois dans 14 start-up de la French Tech. C’est une nouveauté symbole de la volonté de transformation du groupe pour tendre vers le phygital et se réinventer autour de l’omnicanal. « Plaçant l’innovation et le numérique au cœur de sa stratégie et de sa politique de ressources humaines, Carrefour travaille en collaboration avec la jeune pousse OSCARh, qui propose aux cadres des grandes entreprises des parcours de mobilité temporaire en start-up », précise Carrefour dans son discours officiel.

Le nouvel écosystème digital oblige à revoir le fonctionnement des RH classiques

Les jeunes cadres choisis pour ce « test and learn » finalement si évident se verront confier des missions de stratégie marketing, de développement commercial et d’organisation. Parmi les start-up partenaires du programme, certaines développent des solutions innovantes en matière sociétale et environnementale comme Optimiam, une application anti-gaspillage qui ressemble à To Good To Go, ou encore I Wheel Share, plateforme sur laquelle les utilisateurs cartographient et partagent les lieux et évènements adaptés aux personnes à mobilité réduite. Il y a aussi Mobeye, application qui propose aux clients de répondre à de courts questionnaires dans les magasins en échange de réductions, ou encore Coephe, plateforme spécialisée dans l’ouverture, l’aménagement et la gestion de pop-up stores.

« Le monde de l’entreprise est un univers en constante évolution. En étant au cœur des start-up, nous souhaitons que nos jeunes Graduates bénéficient d’un véritable partage d’expérience leur permettant de mieux appréhender cet écosystème digital qui fait aujourd’hui partie intégrante de la vie de l’enseigne », argumente Isabelle Calvez. Thierry Roger, lui, nous rappelle que « le changement générationnel a débuté il y a presque trois ans chez Carrefour, qui recrute aujourd’hui 60% de moins de 26 ans. Les générations Y et Z sont présentes à tous les niveaux de l’entreprise et c’est à travers leur prisme que nous transformons le groupe. Dans mon domaine, les RH, le nouvel écosystème digital oblige ma génération à revoir sa façon de travailler. On apprend les uns des autres. »

Pas de désaffection chez les jeunes candidats

Avec cette transformation digitale par la « startupisation », Carrefour se rajeunit et se rapproche donc des millennials et de leurs préoccupations. La question nous titille:  cette stratégie, en renforçant donc in fine le RSE du groupe, constitue-t-elle la réponse la plus intelligente et la plus efficace aux critiques, dont beaucoup émanent justement des millennials, sur les méfaits de la grande distribution ?

« Nous n’avons pas constaté une baisse des candidatures chez cette génération. Le programme est une vitrine mais Carrefour reste une jolie carte de visite. La grosse différence c’est que nous recrutons aujourd’hui dans des secteurs qui ne sont pas historiquement les nôtres, et que donc nous ne sommes pas perçus comme un employeur potentiel. Nous avons créé des nouveaux métiers au sein du groupe car nos coeurs de métier changent », répond Thierry Roger. Dont acte.

À lire aussi sur le même thème

Les Newsletters du groupe INfluencia : La quotidienne influencia — minted — the good. Recevez une dose d'innovations Pub, Media, Marketing, AdTech... et de GOOD

Bonne idée ! Je m'inscris !

Allez plus loin avec Influencia

the good newsletter

LES FORMATIONS INFLUENCIA

les abonnements Influencia