14 avril 2018

Temps de lecture : 3 min

Un café à la façade numérique, un nouveau média urbain

En pleine mue technologique, le 13ème arrondissement accueille depuis un mois l’EP7, un nouvel espace culturel, urbain et numérique. A la fois galerie d’art, restaurant et bar, ce bistrot 2.0 est revêtu d’une façade innovante composée de 12 écrans géants. L’objectif de ce dispositif trans-médiatique ? Générer une réelle expérience utilisateur avec le voisinage en étant constamment connecté à l’actualité culturelle du quartier.

En pleine mue technologique, le 13ème arrondissement accueille depuis un mois l’EP7, un nouvel espace culturel, urbain et numérique. A la fois galerie d’art, restaurant et bar, ce bistrot 2.0 est revêtu d’une façade innovante composée de 12 écrans géants. L’objectif de ce dispositif trans-médiatique ? Générer une réelle expérience utilisateur avec le voisinage en étant constamment connecté à l’actualité culturelle du quartier.

Dès ses premiers balbutiements, la science-fiction n’a cessé de conceptualiser l’esthétique et le(s) rôle(s) que pourrai(en)t remplir les villes de demain. Les grands maîtres du genre comme Philip K. Dick, Luc Besson ou Steven Spielberg, pour n’en citer que quelques uns, se sont acharnés à les sublimer, et aussi à les décrier, dans des oeuvres avant gardistes telles que « Blade Runner », « Le Cinquième Élément » ou « Minority Report ». Même si il y en a pour tous les goûts, force est de constater que la réalité fantasmée est plus souvent dystopique qu’utopique. En effet, les cités dépeintes nous dévoilent les craintes des sociétés de leur époque. Chaque ville incarne, sous forme architecturale, un fantasme qui aurait été amplifié à l’extrême. Les auteurs de science-fiction ne décrivent donc pas le futur, ils nous parlent avant tout du présent et leurs visions de la ville ne seront guère utiles aux urbanismes appelés à construire les cités de demain.

Vous me voyez sûrement venir : bien plus que le terrain de jeu exclusif de quelques créateurs démiurges, les villes du futur occupent une place centrale dans le débat public et privé. La fièvre des Smart City, ou « ville connectée » pour les anglophobes, a rapidement gagné la majorité des architectes urbains. La mission de ces « Corbusier 2.0 » : imaginer des cités intelligentes qui collectent en temps réel des données sur leurs citoyens afin de répondre au mieux à leur attentes et à leurs intérêts. En somme, générer, grâce aux NTIC -Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication-, une relation interactive avec les habitants pour améliorer la qualité des services et, bien sur, réduire les coûts. Là où les artistes ont choisi de voir le verre à moitié vide, les architectes, eux, ont parié sur celui à moitié plein.

L’EP7, un projet ambitieux au look Matrixien

Après cette mise au point contextuel, il est temps d’en présenter une mise en pratique concrète. A mi chemin entre restaurant, bar et galerie d’art, L’ EP7, en référence au format musical et aux nombres d’années nécessaires à peaufiner le projet, se présente comme un lieu hybride, sautant à pieds joints dans la tendance actuelle des concept store. Avec un nom qui ferait penser au dernier projet musical de Kendrick Lamar, ce nouvel espace culturel du 13ème arrondissement de Paris possède une façade numérique décomposée en 12 écrans géants qui invitent les passants à « une nouvelle forme de dialogue dans la ville ». Signée par les soeurs Wachowski, euh… non pardon… par l’agence byVolta, spécialisée dans le design sensoriel et numérique, cette façade dynamique diffuse du contenu adapté aux différents moments de la journée. Au menu : annonces et bons plans du quartier pour le petit déjeuner, oeuvres d’art à  consommer du déjeuner à l’apéro, et Dj sets du dîner au verre de fin de soirée. Cerise sur le gâteau, un logiciel collaboratif vient compléter ce dispositif médiatique. Ouvert à la co-création, il sert à développer cette fameuse interaction digitale avec le voisinage. Surfant sur le thème de la proximité.

En plus d’avoir sérieusement de la « gueule », cet habillage est en total cohérence avec son intérieur, lui-même décomposé en 3 étages où l’on retrouve un restaurant gastronomique, un bar à cocktail et un espace d’exposition. Avec 133m2 de façade et 250 000 000 combinaisons possibles pour afficher photos, vidéos, gifs et consors, l’EP7 n’a pas fini d’illuminer un quartier déjà en plein essor. Coucou la Station F.

Big Brother n’est jamais bien loin

Mais attention à ce que ce projet innovant ne soit pas l’arbre qui cache la forêt. Nous vous en parlions déjà il y a un an : l’idée que la librairie, la poste, voire le poste de police du coin puissent collecter vos données personnelles, pose un danger évident quant à la protection de votre vie privée. Sans oublier les risques liés au cyber-terrorisme et à la nocivité des ondes électromagnétiques sur notre santé. Bref, avant d’être totalement adoptées par les générations futurs, les Smart City vont devoir répondre aux sceptiques des générations actuelles. L’occasion de se revoir Métropolis ?

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