21 mars 2021

Temps de lecture : 3 min

Yuval Noah Harari au SXSW:  » il vaut mieux une succession de petits changements qu’une grosse révolution »

SXSW, c’est ce festival de musique, de films, et des médias interactifs où se pressent les meilleurs conférenciers, startuppers, inventeurs, chercheurs et étudiants. En quelques années, ou dizaines d’années, ces quelques jours de mars sont devenus the-place-to-be pour tous ceux qui veulent comprendre où va le monde de la tech et des medias. Stéphane Guerry (Havas Sports Entertainment et Arena Media) couvre l’événement pour INfluencia. Du lourd !

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SXSW, c’est ce festival de musique, de films, et des médias interactifs où se pressent les meilleurs conférenciers, startuppers, inventeurs, chercheurs et étudiants. En quelques années, ou dizaines d’années, ces quelques jours de mars sont devenus the-place-to-be pour tous ceux qui veulent comprendre où va le monde de la tech et des medias. Stéphane Guerry (Havas Sports Entertainment et Arena Media) couvre l’événement pour INfluencia. Du lourd !

Premières impressions sur ce que le distanciel change.

Ça change d’abord le rapport à ce fameux FOMO (Fear Of Missing Out) dont j’avais l’impression qu’il avait été inventé pour ce Festival Interactive / Music / Film. Or l’impression que la conférence d’à côté est peut-être plus intéressante n’a pas complètement disparu, mais elle est quelque peu soulagée par le fait que l’on peut facilement zapper d’une conférence à l’autre, d’une chaîne à l’autre maintenant. Certaines sont même visibles en replay. Mais il y a un avantage à les suivre en live : la conversation live entre les personnes qui regardent la conférence dont les échanges sont souvent aussi intéressants et parfois meilleurs encore.

Les grandes thématiques de ces conférences sont toujours le reflet de l’époque.

Cette année, « une nouvelle urgence », « un futur inexploré », « la renaissance du business », « connexion en déconnexion » donnent le ton d’une société en manque de nouveaux repères. Mais on vient justement à Austin, mi-mars pour les perdre quelques jours. A gros sponsor, nombreux thèmes et long buzz : le business et la légalisation progressive du canabis. La tech a un sérieux concurrent cette année…
Il y a aussi les thèmes qui ont disparu : le Bitcoin qui tait presque son nom, remplacé par NFTs. Ceux qui tentent leur retour après avoir manqué leur premier décollage dans les années précédentes (VR) et ceux qui sont toujours là (Climate, Space – la NASA est également un partenaire historique).

SXSW reste influent.

Les intervenants VIP sont présents – George W. Bush, LL COOL J, Yuval Noah Harari, Pete Buttigieg et Matthew McConaughey, dans le désordre et parmi d’autres – même si certains diront que ce n’est tout de même pas Barack Obama qui était venu alors qu’il était encore POTUS. Pete Buttigieg rappelle cette année qu’il était là l’an dernier. Et que cela a lancé sa campagne pour les primaires démocrates.

Mais parlons un peu du fond

L’écrivain et historien Yuval Noah Harari est venu débattre sur le thème « Pourquoi avons-nous peur de l’innovation ? » avec l’actrice Mayim Bialik qui a joué dans la série Big Bang Theory. Harari, auteur du best-seller Sapiens, est passé maître dans l’art d’exposer des concepts forts, souvent à contre-courant, et de manière simple. Le genre de conférencier qui vous donne l’impression d’être intelligent. Il assène tout d’abord que les gens ont bien raison de se méfier du changement. D’abord parce que l’histoire a montré que l’innovation avait rarement été bénéfique pour le commun des mortels. Repenser, ce n’est pas facile et redéfinir sa vie, compliqué. Il explique également que les révolutions mènent à des désastres en changeant trop et trop vite. Que les évolutions modérées font beaucoup mieux. Il compare ensuite les révolutions russes et américaines. Bref, qu’il vaut mieux une succession de petits changements qu’une grosse révolution.

La science n’est jamais suffisante

Parmi ses punchlines : « pour rassembler les hommes, vous avez besoin de leur raconter une histoire, et cette histoire n’a pas du tout besoin d’être vraie. ». Il fustige les scientifiques, tout du moins ceux qui se contentent de dire que la science est la vérité : « la science n’est jamais suffisante : elle nous dit la vérité mais la vérité ne rassemble presque jamais les gens. Les gens peuvent être rationnels et irrationnels à la fois. » Et de continuer sur sa lancée : « les scientifiques devraient penser « récit », s’ils ne le font pas, des personnes moins bien intentionnées s’engouffreront dans ce vide ».

La crainte de voir son corps et son cerveaux hackés

Il prend en exemple le couteau, formidable invention mais qui peut aussi tuer. Il cite dans la foulée de ces inventions qui peuvent être détournées celle qui consiste à « faire cliquer les gens sur des bannières »… Quand on lui demande quelle innovation lui fait le plus peur, il parle de la convergence IT – biotech et la crainte de voir son corps et son cerveaux hackés. D’autant que « nos cerveaux sont faits pour être manipulés ». Il réclame un antivirus pour le cerveau, une app qui alerterait « attention, vous êtes en train d’être manipulé » et qui bloquerait le contenu incriminé. Il plaide pour l’enseignement obligatoire de l’éthique aux codeurs, comme on enseigne l’éthique en médecine. Et il interpelle inventeurs et startuppers : « Pensez au politicien qui vous fait le plus peur, imaginez ce qu’il ferait de votre invention… maintenant, remettez-vous au boulot en en tenant compte ».

Allez, au boulot…

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