1 mars 2021

Temps de lecture : 3 min

Voodoo : les jeux sur smartphone peuvent rapporter gros, très gros …

Oui la France possède aussi ses licornes et chaque mois désormais INfluencia vous brossera le portrait de ces entreprises dont nous pouvons être fiers. Aujourd’hui, Voodoo. En 7 ans à peine, les jeux gratuits créés par la start-up française ont été téléchargés plus de 4,4 milliards de fois. Devenir leader mondial n’encourage pourtant pas ses deux fondateurs à pavoiser. Bien au contraire.

L’adage est bien connu et particulièrement respecté en France : Pour vivre heureux, vivons caché. Les rois de la tech à l’étranger n’ont pas peur d’étaler leur réussite et leur richesse. Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, aime se montrer sur les ponts de ses yachts aux allures de paquebot. Elon Musk a envoyé grâce à une de ses fusées une Tesla en orbite. Les fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, ont préféré s’acheter plusieurs avions dont un Boeing 767 de la compagnie australienne Qantas qu’ils ont transformé en jet privé. Les créateurs de Voodoo, Alexandre Yazdi et Laurent Ritter préfèrent, quant à eux, rester sous les radars de la renommée. Nos appels répétés pour les interviewer sont restés sans réponse. Ces deux copains de lycée pourraient pourtant pavoiser.

L’art de rebondir

Chevaucher une licorne sept ans après avoir fondé sa start-up relève en effet de l’exploit surtout pour une entreprise française. Et il est encore plus exceptionnel de percer dans la tech quand on n’a pas le profil type du « geek » qui passe ses nuits devant des écrans d’ordinateurs. Lorsqu’ils ont choisi de lancer leur société en 2013 à 26 ans tout juste, Alexandre le Strasbourgeois avait un diplôme d’ingénieur en poche et Laurent avait suivi des études en ressources humaines. Pendant quatre ans, les partenaires ont vécu, selon leurs propres dires, une véritable « galère ». Leur premier jeu qui s’appelait Quiz Run a été long à développer et son succès a été limité. Les deux entrepreneurs ont ensuite tenté de créer des jeux d’arcade. Sans grande réussite. Les tous nouveaux trentenaires choisissent alors de se reconvertir dans le « hit driven business », ces jeux pour smartphone qu’on peut télécharger gratuitement et sur lesquels on se détend dans le métro, dans une salle d’attente ou vautré dans son canapé. Grand bien leur en a pris.

300 millions d’utilisateurs

Voodoo est aujourd’hui le leader mondial de ce secteur. Ses jeux ont été téléchargés plus de 4,4 milliards de fois et chaque mois, plus de 300 millions de personnes les utilisent régulièrement. Vous avez probablement été nombreux à vous amuser sur Helix Jump (504 millions de téléchargements), Paper.io 2 (266 millions), Crowd City (224 millions), Balls VS Blocks (226 millions) ou Hole.io (224 millions). La clé de la réussite de cette société repose sur son modèle de conception presque industriel. Chaque mois, 600 nouveaux jeux sont testés. La société emploie 80 créatifs mais elle collabore aussi avec plus de 1000 studios indépendants pour développer de nouveaux prototypes. En moyenne, la création d’un jeu demande deux semaines de travail. Il est ensuite testé pendant trois semaines auprès des gamers et seules les apps les plus populaires sont conservées. Ce système crée énormément de déchets mais les coûts de développement sont très faibles et peuvent donc être facilement rentabilisés par les « blockbusters » qui sont téléchargés des millions de fois.

572 M€ levés en 3 ans

Aujourd’hui, le seul moyen de financement de Voodoo est la publicité. Ses algorithmes sont capables de savoir quelles campagnes diffuser sur quelles zones et à quels moments. En 2019, ses revenus ont atteint 360 millions d’euros contre à peine 1,1 million trois ans plus tôt. Cette croissance pour le moins spectaculaire a attiré l’intention des investisseurs. En 2018, ses dirigeants sont parvenus à boucler une levée de fonds de 172 millions d’euros, auprès notamment de Goldman Sachs. Meero et ses 205 millions d’euros est la seule pépite de la French Tech à être parvenue à trouver plus de liquidités ces quatre dernières années. Au mois d’août dernier, le chinois Tencent a remis 400 millions d’euros au pot.

Montée en gamme

La valorisation de la start-up atteint donc aujourd’hui 1,2 milliard d’euros. Mais son modèle de fonctionnement est menacé. La nouvelle version iOS d’Apple va réduire le tracking et par conséquent les revenus publicitaires engrangés par les applications gratuites. Bien conscients de ce risque, Laurent et Alexandre veulent se développer notamment en Asie et l’arrivée à leur capital de Tencent, qui possède la messagerie WeChat, va les aider. Voodoo souhaiterait aussi transformer certains de ses « hit driven business » en jeux plus traditionnels qui peuvent, eux, être payants. Cette « montée en gamme » permettrait à la licorne française de grandir encore plus rapidement. Mais chut, ne le dites à personne. Les deux potes de lycée veulent rester discrets…

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