14 novembre 2012

Temps de lecture : 2 min

Vite, l’Apocalypse !

Et si c’était vrai ? Et si c’était la fin ? Puisqu’il s’agit peut-être de la dernière chance de se sentir vivant, si on la souhaitait vraiment cette fin du monde ?

« La décadence est la grande minute où la civilisation devient exquise ». Jean Cocteau déjà annonçait la couleur. D’autres aphorismes moins choisis fleurissent ici et là sur le net : « Carpe That Fucking Diem ». Et si la fin était vraiment proche ? Que feriez-vous ? Suivre les conseils de Dorcel, le célèbre éditeur de films X qui tweete depuis J-69 une des 69 choses à faire avant de mourir ? Certains blogs listent les choses à faire, d’autres essaient de capturer l’essence de la décadence. C’est le cas de « L’Observatoire de la Décadence » , que Darkplanneur et Katsuni (et votre serviteur) viennent de sortir, compilant les signes de la décadence de notre époque.

Mais d’autres pensent à votre survie. C’est le cas de National Geographic, qui propose un dispositif mondial intitulé  » Doomsday preppers  » totalement incroyable à propos de la fin du monde, avec notamment un panorama participatif des probabilités que le monde prenne fin d’une manière ou d’une autre, via des hashtags Twitter.

Le dispositif propose aussi un jeu concours à un gagnant d’avoir une chance de survivre à la fin du monde et de sauver sa maille en gagnant un abri anti-atomique

Interface de Doomsday preppers par National Geographic à découvrir en cliquant sur l’image !

Quelle est la raison de cet hédonisme ambiant et de ce présentéisme ? Le monde a un sentiment de délectation. Une envie. Une folie. Le frisson. Car dans le fond nous n’avons pas peur. Le digital nous fait vivre de intense ce moment particulier. Les médias digitaux permettent de vivre l’émotion de manière intense, forte et connectée. Ils sont de très puissants véhicules narratifs et nous aident à assouvir l’un de nos instincts les plus primaires et essentiels : nous raconter des histoires, créer des récits pour ne pas avoir à affronter la réalité. Les mythes naissent de ce sentiment et les histoires inventées, l’inconscient collectif nous pousse instinctivement à nous raccrocher à des univers narratifs et à les relayer.

Nous ressentons ce besoin irrépressible de vivre le désir de nous sentir vivant et de remplir le « temps mort » dont parle le philosophe Mircea Eliade. Ce besoin de se sentir vivant qui nous fait appréhender le monde de manière différente et pour lequel nous ressentons le besoin de nous inventer des histoires. Et en premier lieu des comptes à rebours de fin du monde.

Ces histoires que nous nous créons ne marquent pas une désacralisation ou un nihilisme mais au contraire par une remontée du fait sacré. Ces histoires, tout comme les grandes communions de masse que sont les concerts, les grands matchs de football, les millions et millions de personnes regardant la même vidéo comme « Gangnam Style » sont devenus les réceptacles de notre instinct et l’incarnation de ce que Michel Maffesoli appelle le « divin social ». Et les outils que sont les réseaux sociaux ou les smartphones sont devenus ces vaisseaux parfois vains ou futiles de notre capacité à croire.

Dans un monde sans vérité, dans un monde qui pense et qui invente son Apocalypse, la foi surgit partout. Y compris dans les histoires de fin du monde, une fin qui approche, qui porte en germe notre besoin de religiosité et qui nous font paradoxalement nous sentir vivants. Vite, l’apocalypse ! La débauche. La décadence…

Thomas Jamet – Moxie – Président (Groupe ZenithOptimedia – Publicis Groupe)
@tomnever / www.thomasjamet.com

Thomas Jamet est l’auteur de « Ren@issance Mythologique, l’imaginaire et les mythes à l’ère digitale » (François Bourin Editeur, en librairie). Préface de Michel Maffesoli.

 

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