8 décembre 2020

Temps de lecture : 3 min

La très éthique Fairphone s’attaque à l’explosion des déchets électroniques

Face au danger grandissant de la pollution des déchets numériques, Fairphone, le fabricant néerlandais de smartphones équitables, lance une campagne pour inciter ses clients à recycler ses produits. Une démarche que ses grands cousins de la tech seraient bien avisés d’emprunter, au risque de se frotter à des institutions européennes de plus en plus concernées.

Face au danger grandissant de la pollution des déchets numériques, Fairphone, le fabricant néerlandais de smartphones équitables, lance une campagne pour inciter ses clients à recycler ses produits. Une démarche que ses grands cousins de la tech seraient bien avisés d’emprunter, au risque de se frotter à des institutions européennes de plus en plus concernées.  

Début novembre, un rapport intitulé Global E-waste Monitor 2020 mettait en lumière le traitement des déchets électroniques à l’échelle continentale. Un classement lourd de sens, dans une époque marquée par la numérisation de nombreuses industries, l’avènement du télétravail et donc la montée en puissance des services numériques dans leur ensemble. Malgré l’urgence du contexte écologique actuel, les résultats de l’étude démontrent encore des disparités importantes entre les pays engagés dans cette course de fond. Et à ce petit jeu de « qui a la meilleure note ? », l’Europe n’est pas prête d’en ressortir avec les félicitations du jury. En 2019, le monde a généré 53,6 milliards de tonnes de déchets numériques, soit une moyenne de 7,3 kg par habitant. La production mondiale de ces déchets a augmenté de 9,2 milliards de tonnes depuis 2014 et devrait atteindre 74,7 milliards de tonnes d’ici 2030, soit presque le double en seulement 16 ans. Une explosion due en grande partie à l’obsolescence programmée de plus en plus indécente des objets technologiques concernés. L’Europe se classe ainsi au premier rang mondial en termes de production de ces déchets par habitant, avec 16,2 kg par habitant. La Norvège détient le record avec 26 kg par habitant, le Royaume-Uni est deuxième avec 23,9 kg de e-déchets produits par citoyen chaque année. La France, et ses 21 kg par personne, s’en « sort » avec une piètre médaille de bronze. Pire, notre pollution numérique semble même en hausse, avec une augmentation de 2 % à 7 % estimée d’ici 2040.

Les cycles de production très courts de l’industrie électronique donnent le sentiment que le prochain appareil révolutionnaire est toujours sur le point de sortir. Confère le Iphone 12… En réalité, l’innovation entre une génération de smartphones et la suivante est souvent minime. L’industrie s’attache aux anciens business model, en incitant les consommateurs à se procurer le dernier né de la gamme alors que leur téléphone fonctionne toujours. Résultat : 1,4 milliard de téléphones sont vendus chaque année dans le monde. Selon le cabinet d’études Kantar Worldpanel, les européens ne conservent en moyenne leur téléphone que 2 à 3 ans. Et seuls 20 % de ces appareils mis au rebut sont recyclés. Les téléphones, ainsi que de nombreux autres appareils électroniques, considérés comme jetables deviennent des déchets électroniques, un flux de déchets sans précédant qui connait la croissance la plus rapide au monde.

Un smartphone pour les gouverner tous

Pour inverser cette -dangereuse- tendance, chaque effort compte, et le tissu entrepreneurial n’a pas matière à se dédouaner en mettant tout sur le dos des pouvoirs publics. Bien consciente de sa responsabilité, l’entreprise sociale néerlandaise Fairphone, créatrice de smartphones éthiques,  lance une campagne promotionnelle, en partenariat avec Closing the Loop, visant à inciter ses clients au recyclage de ses produits. L’idée n’est pas révolutionnaire, mais a le mérite de faire avancer le « schmilblick » : ses clients qui achèteront l’un de ses modèles Fairphone 3 ou Fairphone 3+ recevront 40 euros de réduction et auront la possibilité d’en reverser directement la moitié sous forme d’un don destiné à recycler 20 téléphones portables en fin de vie.

Leon Boshuizen, directeur commercial de Fairphone, explique que : « Lorsque nous avons décidé de lancer cette offre de promotion pour attirer de nouveaux clients, nous voulions aussi qu’elle serve un objectif plus grand. Les déchets électroniques sont l’un des flux de déchets connaissant une croissance exponentielle et dont les impacts environnementaux sont immenses – sans compter que nous jetons également des ressources limitées, comme l’or et le cobalt lorsque nous nous débarrassons des téléphones portables. Avec ce mécanisme, nous voulons inciter les consommateurs à contribuer au recyclage des téléphones et qu’ils puissent faire leur part pour réduire le nombre de déchets électroniques et nous aider à  mieux recycler les minéraux précieux ».

À quand les grands moyens ?

Bien décidé à remettre les pendules des industriels à l’heure, le Parlement européen votait le 27 novembre dernier en faveur du droit à la réparation des appareils électroniques. L’objectif étant de rendre la réparation des smartphones, des tablettes et autres appareils technologiques du meme acabit, plus abordable et plus facilement accessible pour les consommateurs. Une manière pour les députés de suivre le chemin tracé par la Commission européenne, en mettant par exemple en place des garanties étendues, des garanties sur des pièces de rechange ou un meilleur accès à la documentation. Un combat qui va de pair avec la résolution en faveur d’un nouveau chargeur universel votée par le Parlement au début de l’année 2020, au grand dam d’Apple. Espérons maintenant que les géants de la tech retrouvent leur sens des responsabilités et suivront l’exemple de la firme néerlandaise. Think responsive guys.

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