24 mars 2010

Temps de lecture : 2 min

La transgression panoramique

Le changement de paradigme induit par le bouleversement digital est tel qu'il va jusqu'à un renversement de perspective et même de géographie. Une révolution finalement très rebelle en ce qu'elle transgresse notre vision d'humain pour s'approcher de celle du démiurge. Par Thomas Jamet...

Le changement de paradigme induit par le bouleversement digital est tel qu’il va jusqu’à un renversement de perspective et même de géographie. Une révolution finalement très rebelle en ce qu’elle transgresse notre vision d’humain pour s’approcher de celle du démiurge.

On doit au prophète Marshall McLuhan l’expression « village global ». En 1962, celui-ci définissait en effet ce qui allait devenir le paradigme de tous les échanges financiers et d’information à l’ère de la globalisation dans son livre « La Galaxie Gutenberg ». Deux ans après, en 1964, celui-ci nous livrait un aussi définitif « le médium est le message », mais ceci est une autre histoire… quoique ? Avec « le village global » McLuhan pressent l’émergence d’une humanité transformée où les avancées technologiques engendrent de nouveaux outils médiatiques induisant de nouvelles « perceptions ». Voilà qui résonne avec des sites web extraordinaires ayant vu le jour récemment notamment l’impressionnant paris-26-gigapixels, projet incroyable mis au point par un collectif de photographes et qui nous montre comment la HD et le digital transforment la vision que nous pouvons avoir d’une ville. Ce site permet de recomposer en 2346 photos et 26 milliards de pixels la plus grande photo panoramique au monde, prise un beau jour de septembre 2009. Un projet incroyable, qui permet de visiter la ville d’une nouvelle manière. Une expérience unique.

McLuhan parlait d’outils media déformant notre perception. C’est effectivement le cas. Le village global devient spectacle mais surtout déformation de notre vision. Nous semblons en effet pris de presbytie (un trouble de la vision qui rend difficile la focalisation de la vision pour voir de près). Il est ainsi savoureux de réaliser qu’à un moment où les nouvelles technologies créent plus de proximité et d’occasion de se rencontrer, nous ressentons le besoin de prendre de la distance pour voir ce qui est pourtant très près…

Mais au-delà de cette déformation, nous nous approchons de ce que Freud appelait « la pulsion scopique » qui caractérise l’être humain par rapport à d’autres mammifères utilisant plutôt d’autres sens (comme l’odorat). La vision est l’ultime outil de connaissance et d’exploration du monde. L’homme peut à travers ce sens s’approcher de la connaissance universelle. Comme le disait Lacan : « dans savoir il y a du voir ». Et le savoir absolu a toujours été synonyme de transgression.

Mais ce n’est pas la seule transgression que ces avancées technologiques permettent. Le propre de Dieu est de voir le monde d’en haut. En transgressant la verticalité et en offrant à l’homme la capacité de voir le monde d’en haut, et de maîtriser l’espace, nous nous approchons donc du démiurge. Les nouvelles technologies et des sites comme Google Earth ou paris-26-gigapixels nous mettraient-ils en position de péché mortel ?

 Thomas Jamet – Head of Entertainment & brand(ed) content, Vivaki (Publicis Groupe)
thomas.jamet@vivaki.com / www.twitter.com/tomnever

 

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