14 mai 2014

Temps de lecture : 3 min

Tous révolutionnaires !

Alors que certains calculent la probabilité du " retournement économique " promis par d'autres, notre époque n'a que rarement été aussi propice au véritable changement... Décryptage de cette nouvelle ère par Cyrille Chaudoit...

Même si, régulièrement, des contre-exemples -à l’instar du rapport Thévenoud (taxis vs. VTC)- nous rappellent que nous ne sommes pas tous égaux face à l’acceptation du changement, il semble raisonnable que chacun prenne la mesure de ce que l’on appelle, presque négligemment désormais, la « Révolution Digitale ».

Autant le dire tout de suite, il est aujourd’hui difficile de qualifier quelque chose de révolutionnaire sans provoquer une vague suspicion. « Ceci est une révolution… ». De même que l’épithète « digital » fait débat depuis longtemps chez nos académiciens. Pourtant, l’on s’entête à parler de Révolution Digitale ! Pire encore, l’expression masque sous ses atours technologiques et ses accents guerriers une réalité bien plus rassurante et structurante pour l’homme : sa place centrale.

Mais tout d’abord, vérifions que nous pouvons bien parler de révolution. Et puisque c’est à elle que son acception première fait référence, comparons notre époque ainsi supposée révolutionnaire à celle de la Révolution Industrielle.

Fin XIXème, les progrès scientifiques sont majeurs : vaccin contre la rage (1885), découverte de la radioactivité (1896), découverte de l’électron (1897)… A notre époque, la science donne également naissance à de nombreux espoirs. Par exemple, il y a seulement vingt ans, il fallait dix ans et 2,7 milliards de dollars pour séquencer le génome humain. Aujourd’hui, il ne faut plus qu’une semaine et 3000$.

A l’époque de la Révolution Industrielle l’entreprise change fondamentalement. Aux directions familiales succèdent des patrons issus de grandes écoles créées à la même époque (Gustave Eiffel, Armand Peugeot, André Citroën, Louis Renault…). De nouveaux modèles économiques et de financement apparaissent. C’est par exemple en France la création du statut de Société Anonyme (1867). L’esprit d’initiative est au maximum et de nombreuses entreprises innovantes voient le jour (Rolex, Renault, Bosch, Kodak, Air liquide…) avec parfois des décollages ultra-rapides. Notre époque numérique consacre des patrons de plus en plus jeunes, parfois avant même la fin de leurs études (Bill Gates, Mark Zuckerberg, Xavier Niel…), de nouveaux business-models (startups), de nouveaux modèles de financement (apparition du capital risque, puis du crowdfunding) et un esprit d’entreprendre visible partout dans le monde.

Enfin, et les comparaisons pourraient continuer sur bien d’autres registres, la consommation se transforme autant aujourd’hui qu’elle le fit entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle avec l’apparition des grands magasins (Le Bon Marché…), de la Vente Par Correspondance et finalement de la consommation de masse. Nombre des enseignes ou marques d’alors souffrent désormais ou ont disparu faute de n’avoir su « prendre le virage du numérique ». Le e-commerce ou la consommation collaborative -pour ne citer qu’eux- bousculent notre rapport à la consommation. Et de cette ère de la masse, nous sommes passés à une ère de l’individu.

Alors oui. Nous pouvons comparer les conséquences de la Révolution Industrielle que nous avons apprises à l’école et celles auxquelles nous prenons part avec nos contemporains de la Révolution Digitale. Mais là où la précédente révolution plaça l’industrie -et donc l’entreprise- au centre, l’actuelle porte l’épithète uniquement de l’outil qui permet à l’homme de reprendre une place centrale.

Avec la Révolution Industrielle sont apparues la production de masse, puis le marketing et la communication de masse pour vendre le fruit des économies d’échelle. C’est précisément ce modèle descendant, imposant et uniformisant d’un autre âge que le consommateur d’aujourd’hui se paie le luxe de retourner en faisant sa Révolution Digitale. En effet, si nos usages ont si rapidement évolué ces dernières années à l’aune des innovations numériques, ce n’est pas uniquement du fait de la technologie en elle-même mais aussi parce qu’il existait chez l’homme, le citoyen, le consommateur, un contexte propice à provoquer un revirement de situation. Et nous ne faisons qu’apercevoir les bouleversements à venir avec la génération « makers » et l’impression 3D…

 Le soleil, c’est le client

Donc, si l’outil de la révolution est bien le numérique (ou le « digital » par abus de langage ou d’anglicismes), son objet (ou plutôt son sujet) est l’homme !

Et celle-ci est davantage copernicienne que politique. Copernic révéla notre erreur (pêché d’orgueil ?) de penser depuis des siècles que nous étions le centre de l’univers. L’astronome périt sur le bûcher d’avoir défendu la vérité de l’héliocentrisme, replaçant le soleil au centre. Gardons-nous de nous tromper une nouvelle fois. Ce ne sont plus les industries, les entreprises ou les marques qui sont l’épicentre, mais le consommateur. Le soleil c’est le client.

Le comprendre et l’accepter c’est ne pas sacrifier la géo-localisation des VTC sur l’autel d’un lobbying faisant obstruction aux progrès pensés pour le client par de nouveaux entrants. Le comprendre et l’accepter, c’est nous permettre à nous mêmes de tirer bénéfices au XXIème siècle d’une synthèse créative des progrès technologiques initiés au XXème, qui sera au moins aussi importante que celle née de la Révolution Industrielle

Cyrille Chaudoit / @cchaudoit
Article réalisée en partenariat avec l’agence TheLinks

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