9 octobre 2014

Temps de lecture : 6 min

Le Toulouse Football club est-il le champion des réseaux sociaux ?

Quel club de football français arrive à tirer son épingle du jeu sur les réseaux sociaux ? En dribblant le Web avec de l'humour et un ton décalé, le " Téfécé " est aujourd'hui un club à part dans l'univers médiatique.

Quel club de football français arrive à tirer son épingle du jeu sur les réseaux sociaux ? En dribblant le Web avec de l’humour et un ton décalé, le  » Téfécé  » est aujourd’hui un club à part dans l’univers médiatique.

« Il faut prendre les matchs les uns après les autres » ; « L’essentiel, c’est les 3 points »… En football, les conférences de presse et les interviews des acteurs du ballon rond sont aussi palpitantes qu’une course poursuite dans Derrick. Mais qu’en est-il sur les réseaux sociaux ? Nos clubs français réussissent-ils à se sortir de la morosité ambiante et des propos ronflants ?

En France, on n’a pas de pétrole, mais on a le Toulouse Football Club

En Ligue 1, un club a réussi à faire des réseaux sociaux une arme de séduction auprès du grand public. Un club qui n’est pas le plus populaire, pas le plus titré, pas le plus riche… Ce trublion, c’est le Toulouse Football Club. Son arme ? Le contre-pied. Son atout majeur ? Ils ont anticipé le virage digital bien avant tout le monde. « Depuis 2003, le Toulouse FC a décidé de se digitaliser. Nous sommes le premier club à avoir eu un site Internet officiel (2002), le premier club à avoir eu une billetterie dématérialisée (2006), le premier club à avoir sa chaîne officielle sur Dailymotion (2008), le premier club à utiliser un compte sur Twitter (2009), et très récemment, un des trois premiers  à se positionner sur Snapchat. Olivier Sadran, président du TFC, est celui qui a souhaité la digitalisation du TFC dès 2001. Le social média n’est que le prolongement de cette volonté et s’inscrit dans la continuité de notre politique de communication.», témoigne Rémi Denjean, Community Manager et responsable des contenus éditoriaux du club.

Si être pionner dans le digital est une chose, en tirer toute la quintessence en est une autre. Tel Wissam Ben Yedder, attaquant vedette des « pitchouns » surnom donné aux joueurs du « Téfécé », le service de communication du club a enchainé les prouesses techniques pour arriver à se faire un nom et faire parler de lui : feinte de frappe, passement de jambe, dédoublement… sans oublier le travail d’équipe au quotidien. Concrètement, le TFC est toujours là où on l’attend le moins. Dernièrement, le club a souhaité un joyeux anniversaire à la star du PSG Zlatan Ibrahimovic avec toujours ce côté décalé et humoristique. Le club a fait floqué deux maillots avec le prénom de ses enfants, du Ketum pour soigner sa Tatalgie et un jeu vidéo de guerre. Le Suédois étant un fan de chasse. Résultat ? 180 000 vues sur la chaîne DailyMotion, des reprises dans plusieurs médias nationaux (So Foot, Eurosport, Le Figaro…). Surtout, c’est l’esprit qui frappe. A Toulouse, on ne se prend pas la tête et on aime surfer sur l’actualité avec dérision. Ou comment dédramatiser un milieu qui a tendance à en faire des caisses sans pour autant changer de mentalité. Mieux, le côté « hand made », est revendiqué au club. Et les exemples ne manquent pas (voir ci-dessous), comme cette folle rumeur de transfert de Cristiano Ronaldo, relayé par certains médias espagnols, portugais et brésiliens permettant au Toulouse Football Club de s’offrir une couverture mondiale

Une armada impressionnante

« Aujourd’hui, nous sommes présents sur 8 réseaux sociaux différents, des classiques Facebook, Twitter, Instagram aux plus confidentiels Pinterest, TumblR, en passant par Dailymotion (3,2 millions de vues la saison passée) ou encore Deezer. Notre audience cumulée représente plus de 470 000 personnes. Nous observons depuis le début de la saison 2014/15 une croissance de 40% sur notre site officiel par rapport aux objectifs que nous nous étions fixés. De plus, je me répète mais, médiatiquement, nous sommes fréquemment repris et, sans cette politique là, on ne parlerait que très peu de nous dans certains médias nationaux ou internationaux. En contactant le basketteur Lebron James au tout début de l’été, nous sommes mêmes arrivés jusqu’aux Etats-Unis ! » rajoute Rémi Denjean. A Toulouse, chaque compte a un rôle bien particulier. A Twitter la spontanéité, à Instagram les coulisses du club, à Vine les meilleurs actions du match…

Sur Twitter, le club se positionne dans le top 5 de la Ligue 1 avec plus de 233 000 abonnés. Bien loin de l’ogre parisien (1 621 000 followers) et de l’Olympique de Marseille (1 109 000 followers)… mais largement devant des clubs « historiques » tels que Nantes (132 000), Lens (47 000), Bordeaux (117 000) ou encore Saint-Etienne (173 000). Il ne faut pas oublier également que la réussite de cette politique de communication est aussi possible grâce aux bons résultats du club.

3 questions à Rémi Denjean, Community Manager et responsable des contenus Editoriaux du club.

Quelle est l’image du TFC auprès du grand public, mais aussi auprès des fans du ballon rond. Est-il difficile de fédérer les habitants de la région ?

Rémi Denjean : Depuis 10 ans, les fans de football en Midi-Pyrénées reconnaissent notre travail en terme de convivialité, en terme de formation de joueurs (récemment , deux joueurs formés dans notre Centre de Formation ont intégré l’équipe de France A), ou encore notre investissement dans la mise en place d’actions citoyennes. Nous disposons d’une Fondation d’entreprise créée en décembre 2010. L’image du club auprès du grand public a toujours été sympathique. Nous sommes au début de ce positionnement décalé. Depuis 2-3 ans, nous dédramatisons, désacralisons notre activité en proposant un contenu divertissant qui colle bien aux nouvelles attentes des fans de football en France.

Le plus difficile ne va pas être de fédérer, mais de toucher les gens qui aiment le football. Nous sommes le seul club de Ligue 1 du grand Sud-Ouest et rayonnons sur 4 millions d’habitants sur 10 départements. Nos moyens étant limités, il est donc difficile de toucher tous les amoureux de football pour ensuite les fédérer. Car quand nous les touchons, ils adhérent facilement à notre discours.

Aujourd’hui, nous avons décidé d’utiliser deux leviers principaux: les clubs amateurs de football, 950 en Midi-Pyrénées, et les universités via notre programme ambassade qui nous permet de communiquer efficacement auprès des 150 000 lycéens et étudiants de la ville de Toulouse. Les premiers résultats vont au-delà de nos espérances, notamment via notre tournée SO TFC au cours de laquelle, pendant un mercredi après-midi par mois, ce sont nos joueurs pros qui vont à la rencontre des jeunes licenciés pour passer un moment avec eux…

Quel est le rapport entre football et communication. Le milieu est-il aseptisé ? Peut-on s’autoriser à communiquer de manière décalée ou la direction tient-elle à garder une image très contrôlée ?

Rémi Denjean : Le football est devenu une entreprise et, comme toute entreprise, se doit de communiquer. Historiquement, le milieu reste très codifié. Le résultat dicte bien souvent l’humeur d’un club. De notre côté, nous avons décidé de nous détacher de cela pour se rapprocher de ce que nous sommes par essence, à savoir une société de divertissement sportif. Nous intégrons de façon hebdomadaire la vie des gens et souhaitons donc le faire de la manière la plus ludique et efficace possible. La direction du TFC nous pousse à accentuer ce positionnement divertissant qui nous entraîne à diffuser du contenu sur un ton décalé, le plus éloigné possible des concepts de communication des autres clubs, axés sur le résultat et la star de l’équipe.

Pour vous parler un peu de notre organisation, plusieurs acteurs de notre club, de notre président à nos joueurs en passant par notre coach ou notre directeur général, sont identifiés pour être les relais de notre communication institutionnelle, sportive et économique. Et ensuite, il y a ces autres supports que peuvent être notre site officiel, nos réseaux sociaux…

En quoi cette communication très audacieuse sert-elle le club ?

Rémi Denjean : Tout d’abord, elle nous permet de fédérer autour de notre image positive. Ensuite, nous sommes fréquemment repris médiatiquement sur des sujets qui mettent en avant la marque. D’un club qui laissait les gens indifférents, nous en sommes devenus un qui divertit les fans de football en France. Ou qui essaie du moins. Par exemple, récemment, lorsque nous évoquons la très hypothétique future signature de Cristiano Ronaldo au TFC  sur notre page Facebook, nous arrivons à atteindre 1,3 millions de personnes et, surtout, des médias espagnols, portugais et même brésiliens ont relayé l’opération et parlent de la marque TFC.

Idem quand nous adressons un tweet à la popstar Rihanna, très récemment passionnée de football. Le Huffington Post et Le Nouvel Observateur évoquent le sujet. Nous échangeons de plus en plus régulièrement avec les autres clubs de Ligue 1 sur ces sujets et, parfois, ils permettent de créer des échanges croisés, comme ce fut le cas en fin de semaine dernière avec le PSG.

 

Ronaldo au TFC ?

#hobbycavani

Hi @KingJames, how about taking your talents to Southern France as a terrific soccer striker? #TheDecisionPartII pic.twitter.com/qTNLsnsvSb

— Toulouse FC Officiel (@ToulouseFC) 25 Juin 2014

Hi @rihanna, here’s our 14-15 roster: http://t.co/P0BmUn8c3w Maybe U could find your bae and become one of our fans? pic.twitter.com/zcOy84jJeA

— Toulouse FC Officiel (@ToulouseFC) 8 Août 2014

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