11 mars 2012

Temps de lecture : 1 min

SXSW (2): Introspection

Le SXSW est un événement communautaire. Au-delà de la profusion de conférences, qui fait que chaque participant est aussi souvent un contributeur, au-delà des blagues et références geek qui émaillent le festival, il y a le sentiment puissant d’une communauté à l’origine des plus grandes innovation technologiques des dix dernières années, et d’en être responsable...

Le monde du SXSW reste utopique. Y subsiste, malgré tout, la croyance que la technologie, et le web en particulier, sont un moyen de changer le monde pour le meilleur. Quand la réalité affronte cette croyance, cela génère de sévères introspections au sein de la communauté.

Ainsi, Danah Boyd (Activiste, geek assumée et chercheuse chez Microsoft Research, et entre autre NYU) donnait ce matin une conférence sur le développement de la société de la peur. Dans un monde où le volume d’informations auquel les individus sont exposés ne cesse d’augmenter, se développe une économie de l’attention, c’est à dire une bataille pour l’attention des individus. Pour la remporter, les médias, les marketeurs et les institutions ont, depuis longtemps, utilisé la peur comme levier.

La peur est irrationnelle et empathique, elle est le moyen le plus efficace pour générer de l’attention. Rien de nouveau jusque-là, de la presse tabloïd aux campagnes électorales. Mais si les réseaux sociaux ont à la fois renforcé le flot d’informations, ils en ont surtout changé les termes: chacun émet autant qu’il reçoit. Dès lors, l’économie de l’attention s’est déplacée des institutions aux individus. Et chacun devient un propagateur de la culture de la peur, pour gagner de l’attention. Ainsi, l’utopie des réseaux sociaux (la transparence comme un moyen de faire entendre la voix de chacun) a contribué à diffuser la culture de la peur et le contrôle social.

Introspection, encore, lors de la séance de questions-réponses de la conférence passionnante de Franck Abagnale. Vous le connaissez, c’est le héros du film «Catch me if you can». Depuis ses frasques de jeunesse, il travaille avec le FBI à lutter contre toutes les fraudes financières et, particulièrement, les usurpations d’identité.

Evidemment, le débat a tourné autour de la possibilité de reproduire ses exploits aujourd’hui. Sa réponse est immédiate : « bien plus facile ». Les sentiments de la salle sont mitigés : rassurés pour une part que la technologie ne menace pas une forme de liberté, déçus, pour l’autre, qu’elle soit impuissante face au crime.

Une bonne illustration, en somme, de la première loi de la technologie de Melvin Kranzberg : «Technology is neither good nor bad; nor is it neutral». Débrouillez-vous avec ça.

Henry Jeantet
Head of Strategic Nurun

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