Avec la campagne « Smooth », DDB Stockholm et Perlorian Brothers importent le dadaïsme dans la pub pour du service de paiement en ligne. C’est barré, abstrait et génial d’audace.
Comment ça, les pubs sur la finance sont aussi soporifiques et rigides qu’une conférence d’experts-comptables alsaciens ? On vous arrête toute de suite, vous avez raison. Sauf que comme tout professeur de français vous le confirmera, il y a toujours une exception à chaque règle. DDB Stockholm en apporte la preuve sur un beau plateau. Sa campagne « Smooth » inspirée du dadaïsme pour la société de paiement en ligne, Klarna, est peut-être barrée et abstraite, mais c’est justement ce qui la rend géniale.
Pour vendre la facilité d’une transaction financière en ligne, ce mouvement intellectuel artisitique né à Berlin, en pleine 1ère Guerre Mondiale, devient donc nouvelle stratégie publicitaire. Car comme lui qui rejeta les conventions et les contraintes idéologiques, les trois spots online de 30 secondes, réalisés par Perlorian Brothers, cassent complètement les codes. Ou quand l’interprétation de l’abstrait par un pubard perché sert parfaitement le message commercial d’un client courageux. De quoi parle-t-on exactement ?
D’un poisson glissant sur un tobogan puis sur le sol, d’une râpe coupant délicieusement une très longue tranche de fromage devant des olives subjuguées ou encore d’un objet animé, poilu non identifiable nageant sous l’eau avec la dextérité d’un poulpe. Dans les trois spots, une voix conclut l’ubuesque visuel par le même message : « Cela est smooth ». « Smooth » comme l’aisance du consommateur qui achète en ligne avec Klarna.
La pub financière devient un projet d’art contemporain
« Le concept décrit très bien le sentiment général qui devrait se dégager d’une très bonne expérience de shopping online », commenteSebastian Siemiatkowski, fondateur et CEO de la firme suédoise, valorisée à plus de 2 milliards d’euros depuis son arrivée sur le marché US l’an passé, selon le Wall Street Journal. Au-delà de la fulgurance créative et audacieuse du concept, la plus grosse réussite de DDB Stockholm est d’avoir convaincu le client de dire « banco, on fonce Moltès ». Adieu donc le jeune cadre dynamique en costard débitant son script comme un acteur de série B, oubliées les explications pédagogues ennuyeuses sur comment enrichir son capital. La pub financière peut donc ressembler à un projet vidéo d’art contemporain.
« L’approche créative était de rester minimaliste, intriguant, visuel et très smooth », explique Perlorian Brothers, connu du landerneau pour l’originalité décalée de ses pubs « Nous voulions vraiment que les spots soient étranges et artistiques ». C’est réussi et la musique composée par DeadMono y est aussi pour quelque chose. Relayée sur les réseaux sociaux et en affichage, la campagne a débuté le 1er mars en Suède.