27 août 2023

Temps de lecture : 3 min

« C’est fou ce que ChatGPT peut faire pour les entreprises », Stéphane Roder (AI Builders)

Stéphane Roder est le président d’AI Builders, un cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la transformation Data IA des entreprises qui emploie 40 salariés à Paris. Cet expert se réjouit de voir à quel point ChatGPT a créé dans les entreprises une prise de conscience du potentiel de l’intelligence artificielle. Une révolution est en marche selon lui.

INfluencia : A quel moment l’IA a-t-elle réellement commencé à être adoptée par les entreprises ?

Stéphane Roder : L’IA a vraiment commencé à se développer dans les entreprises à partir de 2018 lorsque Google a dévoilé certains de ses codes en open-source. Cette initiative était une base solide qui a permis aux développeurs d’enregistrer des résultats probants. L’IA est alors passée des laboratoires de recherche aux services innovation des sociétés. Cette période était celle du foisonnement d’idées. Tout le monde s’est emparé de l’IA en développant des projets dans son coin. Cette période a pris fin en 2020.

 

IN : Pourquoi ?

S. R. : Après deux ans d’innovation qui allaient dans tous les sens, les directions générales ont compris que l’IA pouvait également générer de la valeur. Elles ont commencé à faire des études à ce sujet et à mettre des structures en place en nommant notamment des « chief data officers » et des « data officers ». Ces décisions étaient liées au business pas à la technologie. Les structures créées avaient pour but d’accroître l’efficacité opérationnelle des entreprises et de développer de nouvelles offres et par conséquent d’augmenter les revenus.

 

IN : Quels sont les secteurs qui ont montré la voie à suivre dans ce domaine ?

S. R. : Les secteurs les plus en avance sont ceux qui avaient déjà placé leurs systèmes informatiques au coeur de leur activité, en particulier les banques et les assurances. L’IA ne représentaient pour ces sociétés qu’une brique à rajouter dans leur organisation qui était déjà très digitalisée. Cette technologie a été plus longue à s’installer dans d’autres métiers comme le BTP par exemple. En France, le retail a pris un énorme retard, à l’exception de Decathlon qui s’en sort beaucoup mieux que les autres. Les distributeurs vont mettre au moins dix ans à mettre à jour leur système informatique. Ils ne sont vraiment pas prêts à se lancer dans l’IA alors que leurs concurrents étrangers travaillent déjà sur ces sujets. Les directions industrielles dans notre pays sont aussi à la traîne car elles ont peur de modifier leurs process qu’elles ont mis beaucoup de temps à mettre au point.

 

IN : Quelles sont les principales applications de l’IA dans les entreprises ?

S. R. : Elles sont multiples. L’IA a pour but d’aider les entreprises à atteindre leurs objectifs. Cette technologie a permis à Pernod Ricard d’accroître de 80% ses ventes dans une région aux Etats-Unis. Elle lui a aussi permis d’accroître la rentabilité de ses investissements en marketing. La MACIF s’en sert pour améliorer ses relations-clients. On commence également à voir des start-ups, comme l’assureur Alan, qui développe tout leur modèle de fonctionnement autour de l’IA. Les autres sociétés doivent suivre leurs pas. Elles n’ont pas le choix.

 

IN : L’arrivée de ChatGPT représente-t-elle un nouveau tournant dans le développement de l’IA ?

S. R. : Sans aucun doute. ChatGPT a déjà l’effet d’un énorme accélérateur. Entre 2018 et 2022, se lancer dans l’IA demandait une bonne dose de volonté et une certaine acculturation des comités de direction autour de cette technologie. Mais tout le monde a adopté du jour au lendemain ChatGPT. Cela a un côté magique.

 

IN : Comment expliquez-vous cela ?

S. R. : Microsoft, qui rêvait depuis des années de trouver un moyen de concurrencer Google dont la part de marché mondiale dépasse 90% sur les moteurs de recherche alors que la sienne atteint tout juste 3%, a beaucoup investi pour développer ChatGPT et son génie marketing a fait le reste. Tous les acteurs de l’IA, comme nous, devrait bénir Microsoft pour le travail qu’ils ont fait.

 

IN : Que va-t-il se passer maintenant ?

S. R. : Enormement d’entreprises ont pris conscience, avec ChatGPT, de la puissance de l’IA. Certaines ont toutefois commis l’erreur de penser que cette technologie pouvait tout faire. Les premiers déçus ont été ceux qui se sont lancés dans des projets trop ambitieux. L’IA demande une période d’acculturation pour le personnel en place. Il faut d’abord faire ses gammes avant d’essayer de jouer du Chopin… Aujourd’hui, le plus grand problème pour les entreprises est… d’empêcher leurs salariés d’utiliser sans cesse ChatGPT. Personne ne lit les conditions générales d’utilisation (CGU) de cette plateforme. Elles stipulent pourtant que tous les contenus placés sur le site deviennent publics. On peut donc retrouver sur ce site des codes développés par des sociétés des synthèses de comités supposés être confidentiels.

 

IN : Comment est-il possible d’éviter ces problèmes ?

S. R. : Microsoft va devoir régler ces problèmes de confidentialité. L’autre travail de fond des sociétés consiste à intégrer ChatGPT dans leurs process internes. Il y a beaucoup de valeur à chercher dans ce domaine. Dans les métiers liés aux achats, aux ressources humaines et services juridiques, l’IA a énorme potentiel. C’est fou que ChatGPT peut faire pour les entreprises. Nous ne sommes même pas au début de tout ce qui va pouvoir se faire. Tout va aller très vite.

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