21 novembre 2012

Temps de lecture : 2 min

On sonna à la porte…

Comment nos relations aux nouvelles technologies sont-elles en train d'évoluer ? Quel impact sur nos pratiques d’échanges au quotidien ? Alex Gaudin imagine une journée dans un futur pas si éloigné.

X enjamba le corps de Y et tendit le bras vers la poignée. A l’extérieur, se tenaient deux hommes, aussi propres sur eux que des mormons en mission évangélisatrice. Le plus petit, qui se tenait un peu en retrait, prit la parole: « Vous êtes redevable d’un découvert social de trente like pour le mois de septembre, veuillez nous suivre ».

X se réveilla brutalement, l’horloge bio affichait un retard de vingt-huit tweets. S’extirpant de la couette poisseuse, X chercha des yeux son i-mobile qui vibrait furieusement. La journée commençait mal pour X, qui se résolut à adopter rapidement un programme de reconnexion-pBranding.

Y dormait toujours, une puce RFID transplantée lui permettant de préserver un mode réseau On24. Ainsi, chacun de ses doux ronflements offrait à ses millions de followers l’assurance de sa présence.

X n’arrivait pas à comprendre comme ils en étaient arrivés là. Tout avait pourtant bien commencé.

Aux premiers jours, avant que le Réseau ne se soit transformé, X expérimentait avec émerveillement le potentiel d’ubiquité. Il n’était plus présent, mais encore là pour les autres. Sa vie s’éparpillait en autant de miroirs qui lui renvoyaient l’image conforme de ce qu’il voulait être.

Le Réseau offrait à chacun le sentiment panoptique d’être entouré d’amis CCTV. Plus un fait, une action ou une pensée qui ne trouvait matière à être uploadée. X ne connaissait pas ses voisins, mais il scrutait avec angoisse les visages d’inconnus qui lui étaient offerts en retour.

Le grand divertissement, technologiquement assisté, faisait désormais office d’utopie fédératrice pour rallier les hordes d’i-mobiles. Se détourner de l’essentiel était devenu une addiction qui seule permettait à l’ensemble de tenir.

Jusqu’à quand ? C’était désormais la question rituelle qui servait à X de mise en bouche à son petit déjeuner. Les glucides de ce matin l’indisposèrent mais il se consola en pensant à tous les hugs que cela lui procurerait.

Il songea à ce qui l’attendait, la perspective d’une journée en forme d’accélérateur de neutrons, pour finir par se décider à enfiler sa combinaison. Le circuit intégré de celle-ci avait grillé, mais l’activateur de réponses sensorielles fonctionnait. X pouvait attendre encore un peu avant de se résigner à l’abandonner.

Un signal haute-fréquence interrompit la procédure habituelle, pour signaler à X le réveil en mode passif de Y. Ce n’était pas prévu et X eut la confirmation d’une mauvaise journée. Y, interpellée pour abus de contenus sociaux, avait été condamnée à une cure d’isolation sociale de trois semaines.

Y serait donc aux côtés de X, mais avec une capacité d’adaptation bloquée à 56K. Une connexion qui ne lui permettrait sans doute pas de tenir assez longtemps pour atteindre la borne de rechargement. X se fit à l’idée de devoir bientôt trouver une nouvelle LinkedGirl.

On sonna à la porte…

Alex Gaudin, dirige le planning stratégique de l’agence Avis de Tempête
http://lexeul.posterous.com
@lexeul

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